Pour Rajen Narsinghen, ‘Senior Lecturer’ à l’Université de Maurice, l’aspect accru de la surveillance de la ‘Financial Crimes Commission’ sera un outil dangereux entre de mauvaises mains. Il est d’avis que le projet de loi comporte de nombreuses zones d’ombre concernant le mode de surveillance des personnes suspectées d’être impliquées dans des délits de fraude financière. « C’est un ‘very bad drafting’ et ‘very confusing’, notamment la clause de ‘surveillance intrusive’. La population ne sera pas à l’abri des abus. C’est extrêmement dangereux », explique l’académicien.
Il évoque également le processus pour obtenir l’autorisation d’un juge en chambre afin de surveiller quelqu’un. Rajen Narsinghen déplore le fait qu’une surveillance de ce genre existe dans peu de pays démocratiques. « La condition d’avoir des ‘reasonable suspicion’ est très subjective. Il faudrait qu’il y ait des ‘prima facie evidences’ pour pouvoir lancer une surveillance sur une personne. Maîtresses, 35 ek tou ou activités pou être dévoiler », lance-t-il avec un brin d’humour.
Le député du PMSD, Kushal Lobine, est catégorique. Selon lui, plusieurs clauses dans ce projet de loi vont à l’encontre de la loi. « L’opposition parlementaire n’est pas d’accord avec cette loi. La plupart des clauses vont à l’encontre de la loi et de la constitution. Le mode de nomination du directeur général laisse planer beaucoup de doutes sur le fonctionnement de la ‘Financial Crimes Commission’ », s’insurge-t-il. Ce dernier parle aussi d’un ‘rebranding’ de l’ICAC. « C’est un ‘revamping’ de mauvais goût. L’avènement de la FCC sera plus grave que l’ICAC ! », martèle-t-il.
Le chef de file du Parti Travailliste au parlement, Arvin Boolell, évoque « The Big Brother is watching You ! Ce projet de loi doit être jeté à la poubelle ! », soutient-t-il. « On pourrait même dire que c’est le KGB qui nous surveille », ajoute-t-il. Reza Uteem, du MMM, est d’avis que ce projet de loi a été taillé sur mesure pour blanchir les membres du gouvernement. Lors de son discours au parlement le mardi 12 décembre, le député mauve a fait comprendre qu’il n’est pas complètement contre cette loi, mais qu’il déplore des lacunes dans certaines clauses du projet de loi, notamment sur l’aspect de la surveillance. « On ne peut pas mettre les gens sur écoute ! », martèle-t-il.