[FCC] Bruneau Laurette : « Ce projet de loi légalise le ‘sniffing’ et l’espionnage »

Personne ne sera à l’abri. L’aspect ‘Intrusive Surveillance’ de la ‘Financial Crimes Commission’ (FCC) fait froid dans le dos. Si, dans un premier temps, l’objectif demeure la lutte contre la fraude, la corruption et le terrorisme, ces méthodes de surveillance avancées soulèvent des interrogations. La section 66 (2) évoque des techniques de surveillance dignes des productions hollywoodiennes d’espionnage. ‘Intrusive Surveillance’ et ‘Equipement Interception’ sont les deux maîtres-mots.

Selon le dirigeant de One Moris, Bruneau Laurette, le directeur général de la FCC, avec la bénédiction du PMO, aura la mainmise sur la vie privée de tous les citoyens de la République. « Même les juges et magistrats ne seront pas à l’abri. Les capitalistes ainsi que le ‘petit Mauricien’ passeront dans le bain de ces technologies d’espionnage de fabrication israélienne », explique-t-il. Ce dernier évoque également la légalisation du ‘sniffing’ par ce projet de loi. « Des ‘IMSI Catchers’ seront utilisés sur le territoire mauricien. Nos appels, messages et équipements connectés ne seront pas épargnés ! », déplore l’activiste.

‘IMSI Catchers’ – Interceptions des appels et SMS

Les ‘International Mobile Subscriber Identity (IMSI) Catchers’, également connus sous le nom de ‘Stingrays’, sont des dispositifs de surveillance électronique qui permettent de recueillir des informations sur les téléphones portables, et sont utilisés pour intercepter les données de télécommunication. Les ‘IMSI Catchers’ fonctionnent en exploitant les vulnérabilités des réseaux de téléphonie mobile, en particulier celles présentes dans le protocole 2G. Ils agissent comme de fausses antennes opérateurs, trompant ainsi les téléphones portables à proximité pour qu’ils se connectent au dispositif. Les ‘IMSI Catchers’ interceptent ensuite les signaux entre le téléphone portable et la véritable antenne, collectant ainsi les informations de communication.

L‘IMSI Catchers’ nécessite un certain niveau de sophistication technique pour être efficace. Il doit être capable de générer un signal suffisamment puissant pour attirer les téléphones mobiles à proximité et les convaincre de se connecter à son réseau plutôt qu’à celui des opérateurs de téléphonie mobile (par exemple : Mauritius Telecom, EMTEL ou MTML).

Une fois que le téléphone portable est connecté à l‘IMSI Catchers’, l’appareil peut recueillir toutes sortes de données sur le téléphone, y compris le numéro IMSI (International Mobile Subscriber Identity) qui identifie le téléphone portable ainsi que le numéro de téléphone. Les IMSI Catchers peuvent intercepter les communications téléphoniques, les SMS et les données Internet échangées par le téléphone portable. Ils peuvent également utiliser la localisation GPS pour suivre la position du smartphone.

Mainmise du PMO

Bruneau Laurette parle également d’une mainmise totale du PMO sur les équipements de surveillance. « Où se trouve la Cellule Anti-Terrorisme à Maurice ? Qui nomme le directeur général de la FCC ? Qui nomme le directeur général de l’ICAC ? Je demande aux Mauriciens de faire le lien et d’en tirer leurs propres conclusions sur ce qui nous attend dès la promulgation de cette loi ! », dit le dirigeant de One Moris.

Il avertit par ailleurs la population que même un juge n’aura pas le pouvoir d’empêcher la surveillance intrusive du gouvernement sur les Mauriciens. Il attire l’attention sur le fait que personne ne sera à l’abri et craint que la loi sera utilisée à des fins purement politiques et machiavéliques. « Ils vont tout écouter et surveiller ! Nul ne sera libre dans ce pays. Posez-vous la question : pourquoi avoir rendu obligatoire le réenregistrement des cartes SIM ? », interroge Bruneau Laurette.

Fibre optique, carte SIM et Bugging !

Comme dans les films d’espionnage, des ‘bugging devices’ pourront être installés sur les équipements de communication en toute légitimité, selon Bruneau Laurette. « Ils vont vous faire croire que ce sont des agents de réparation de Telecom, mais en réalité, ce seront des agents du PMO qui vont venir installer des boîtiers ou balises en toute impunité chez vous. Ils seront mandatés par la loi pour le faire et rien ni personne ne pourra les en empêcher ! », dit l’activiste. Ce dernier évoque également l’insistance du gouvernement à encourager les Mauriciens à refaire un enregistrement des cartes SIM. « Pensez-vous que c’est une coïncidence ? », demande Bruneau Laurette.

À partir du 31 octobre 2023, l’’Information and Communication Technologies (Registration of SIM) Regulations 2023’ est entré en vigueur, conformément aux recommandations du rapport de la Commission d’enquête sur le trafic de drogue. Cette nouvelle réglementation impose que tous les détenteurs de cartes SIM de la République de Maurice réenregistrent leur(s) carte(s) SIM. L’objectif principal de cette initiative est de garantir que chaque carte SIM utilisée soit enregistrée au nom de son utilisateur, dans le but de protéger les abonnés contre divers types de fraudes, d’usurpations d’identité et d’autres actes malveillants.

Concernant le remplacement des câbles en cuivre par les fibres optiques par Mauritius Telecom, Bruneau Laurette évoque la thèse que c’était une manœuvre pour faciliter le ‘tapping’ des données. « Cette loi tant convoitée par le gouvernement de Pravind Jugnauth vise à légaliser le ‘Sniffing’. Nul ne sera à couvert ! Les Mauriciens seront surveillés en permanence (…), les appels seront écoutés, vos mouvements seront tracés, et même vos maisons seront surveillées ! Dans une démocratie, ce n’est pas la norme. Les agents vous suivront comme dans Matrix ! », conclut-il.