[EDITO] De coq à l’âne

Par Zahirah RADHA

Le coq avait jusqu’ici fière allure. Surtout depuis qu’il a claqué la porte du gouvernement MSM en décembre 2016. Jadis affublé du titre opportuniste, aimant les postes ministériels et les ambassades, le PMSD avait alors pris de l’épaisseur. Son leader, Xavier Luc Duval, a su démontrer qu’il avait de l’étoffe. Ce qui lui a éventuellement valu le poste de leader de l’Opposition, malgré que son parti fût numériquement en minorité au Parlement. Même le poste de whip de l’opposition était revenu à un des siens. De PNQ en PNQ, le chef de la bassecour s’était forgé une crédibilité fort louable. On disait même de lui qu’il avait des qualités de chef d’État, certains le voyant parfaitement dans le rôle de président de la République. Mais c’était sans compter ce qui allait suivre par la suite.

Le temps nous dira si Xavier Luc Duval a cédé aux caprices et pressions de ses fils, dont Adrien Duval, dépêché au-devant de la scène politique pour faire la sale besogne. Mais le père a visiblement accepté que le coquelet lave le linge sale en public en portant des chaussures trop grandes pour lui, alors que lui-même n’a, parait-il, pipé mot sur ses réserves et mécontentement avec ses partenaires d’alliance. Quoi qu’il en soit, le PMSD et son leader ont perdu toute crédibilité après les récents développements. Tenez-vous bien, Xavier Duval n’a laissé place à aucune ambiguïté quant aux ambitions du PMSD en disant qu’il ne fermait la porte à aucun parti politique, dont le MSM auquel il a passé son temps à s’opposer et à critiquer depuis décembre 2016. Conséquence : son parti s’est rétréci comme une peau de chagrin avec pas moins d’une douzaine de démissions en l’espace d’une seule journée. Désormais, le PMSD doit se rabattre sur des rebus d’autres partis pour faire croire qu’il a toujours la cote.

Alors que Xavier Duval ambitionnait d’être un ‘major player’ sur l’échiquier politique, Navin Ramgoolam lui a savamment damner le pion. Il était clair que le leader du PMSD ne visait qu’à gagner du temps avant de dévoiler ses réelles intentions. Comme dirait l’Anglais, il voulait « have the cake and eat it too ». Sauf que ses plans ont été déjoués par le leader du PTr.  Ce dernier a clairement vu dans son jeu, d’autant que le leader des bleus lui avait fait comprendre que son parti ne participerait pas au meeting du 1er mai. Ce qui n’étonne plus lorsqu’on commence à réaliser ce qui ce qui se tramait depuis un mois déjà. Il est évident que la bassecour jouait un mauvais tour, sachant que son absence de l’estrade de l’alliance parlementaire à Port-Louis allait d’une part, apporter de l’eau au moulin du MSM et d’autre part, déstabiliser le dynamisme de l’alliance de laquelle elle aurait théoriquement toujours fait partie. En d’autres mots, il aurait incarné le rôle de Judas.

Mais c’était sans compter l’expérience et la ruse politique de Navin Ramgoolam. Et de son partenaire mauve. En mettant fin à leur alliance avec le PMSD, ils ont montré qu’ils ne se laisseront pas prendre au piège. D’ailleurs Xavier Duval a même été devancé par des éléments, et non des moindres, de son propre parti. Ces derniers avaient, dès le départ, signalé leur répugnance pour le MSM et c’était donc sans aucune surprise qu’ils ont claqué la porte de la bassecour. Ce qui explique aussi leur proactivité en créant les Nouveaux Démocrates. Désormais donc, le PMSD est libre de sauter dans le lit du MSM. Et d’enjoliver le même parti et le même leader qu’il a invectivé depuis plus de sept ans, alors qu’il se refusait d’être une vase à fleur. C’est ce qu’on appelle passer du coq à l’âne.