Par Zahirah RADHA
Blanchi ? Que nenni ! Lavé de tout blâme ? Non plus ! Il a obtenu le bénéfice du doute dans l’affaire ‘constituency clerk’. Mais il n’a pas été innocenté. Comme l’a fait ressortir Shakeel Mohamed dans un entretien hier, « le terme doute est le boulet de Yogida Sawmynaden ». D’ailleurs, il n’est pas encore tiré d’affaire dans l’affaire Kistnen. Celle-ci, rappelons-le, comporte plusieurs aspects. Outre l’emploi fictif et la mort de l’ex-agent du MSM, il y a aussi l’élément central concernant l’avalanche de contrats alloués sous emergency procurement pendant le confinement. Des contrats valant plus d’un milliard de roupies, alloués par la STC, sous la houlette du ministère du Commerce dirigé par Yogida Sawmynaden jusqu’à sa démission forcée le 10 février 2021. Le peuple n’oubliera pas de sitôt comment les proches de Jonathan Ramasamy, ancien directeur de la STC, et Neeta Nuckched avaient raflé des contrats coûtant les yeux de la tête alors que les Mauriciens étaient confinés. Pendant que les gens souffraient et d’autres mouraient, certains se faisaient de l’argent sur leur tête, sous prétexte de fournir des équipements médicaux et d’autres services.
Le beau-frère de Jonathan Ramasamy était favorisé s’agissant de juteux contrats pour la fourniture d’équipements médicaux, alors que sa société n’avait point d’expérience ou de compétence dans le domaine médical. L’ex-directeur de la STC était toutefois protégé par Yogida Sawmynaden tant que ce dernier était ministre. Mais avec la démission de celui-ci, il n’a pu échapper à une arrestation de l’ICAC. Surtout suite au déluge de dénonciations faites en Cour de Moka et au flot de critiques accumulées contre le gouvernement. L’on se demande même, avec le recul, si cette arrestation n’était pas qu’une parade pour calmer les ardeurs de l’opposition et de la population. L’enquête, faisons-le ressortir, n’a jusqu’ici pas abouti. Les charges provisoires contre l’ex-directeur de la STC ont même été rayées 32 mois plus tard. Pas parce que ce dernier n’avait rien à se reprocher. Non. Mais parce que l’ICAC a fait preuve (expressément ?) d’une inefficacité légendaire, n’arrivant ni à loger les charges formelles contre Jonathan Ramasamy ni à boucler son enquête. L’ICAC aura donc été un allié du présumé accusé. À Maurice, les organismes d’investigation fonctionnent comme nulle part ailleurs.
Comment oublier Neeta Nuckched ? Elle avait défrayé la chronique tantôt avec ses malaises, tantôt avec ses déclarations en Cour. Cette amie d’enfance de Yogida Sawmynaden est passée d’hôtesse de l’air à femme d’affaires en un clin d’œil. Et ce, grâce aux contrats qu’elle décrochait à peine sa société, Neetee Select Ltd, créée. Des contrats alloués par la STC, le ministère du Commerce, le conseil de district de Moka… Le dénominateur commun : Yogida Sawmynaden. Chanceuse, l’amie Neeta ! Contrairement à l’agent Soopramanien Kistnen, délaissé au profit d’elle alors qu’il convoitait lui aussi ces contrats. Mais l’amie d’enfance n’était pas la seule à avoir été gâtée avec des contrats. L’épouse de Yogida Sawmynaden en a auparavant eu son lot, elle aussi. Si on remonte un peu plus dans le temps, soit durant le premier mandat du gouvernement MSM, on se souviendra que Wendy Sawmynaden avait également empoché des millions de roupies pour ses prestations auprès de divers organismes publics et paraétatiques, dont la NHDC, la SICOM, le SIT et le SIPFB, entre autres.
Faut-il encore rappeler l’épisode Nawshad Khudurrun ? Ce caméraman avait été le premier à dénoncer Yogida Sawmynaden et sa clique en 2016 pour des maldonnes autour d’allocation de contrat. Huit ans plus tard, rien n’a transpiré de l’enquête menée par l’ICAC. Pour toutes ces raisons, le colistier de Pravind Jugnauth ne peut se targuer d’avoir la conscience claire. Sa crédibilité et sa réputation sont toujours entachées tant que ces cas d’allégation de corruption n’auront pas été tirés au clair. Le Premier ministre semble d’ailleurs reconnaître que Yogida Sawmynaden est un boulet qu’il ne faut pas trainer aux prochaines élections. D’où sa réponse évasive aux questions des journalistes qui voulaient savoir si l’ex-ministre sera candidat ou pas. S’il ne figure pas sur la liste des candidats du gouvernement, ce sera une gifle du Premier ministre à Yogida Sawmynaden. Bien plus sonore que celle qu’il avait reçue d’un membre de la ‘Mauritius Tamil Temples Federation’ (MTTF).