Manipulation des données : Des doutes tenaces pour les prochaines élections 

La nouvelle carte d’identité numérique, prévue pour entrer en opération en février 2024, alimente les doutes dans certains milieux politiques. Et pour cause ! L’on craint que la version digitale de cette nouvelle carte, qui devrait comprendre un QR Code pour l’usage et les transactions électroniques, ne soit utilisée à des fins d’identification lors des prochaines élections générales. Ce qui pourrait donner lieu à d’autres irrégularités, si elle n’est pas solidement réglementée…

La nouvelle carte d’identité numérique devrait, selon toute évidence, entrer en opération au plus tard en février 2024. C’est le Premier ministre qui l’avait précisé au Parlement suivant une question du député Deven Nagalingum le 11 juillet dernier. D’ailleurs, deux comités, nommément un ‘Steering Committee’ et un ‘Technical Committee’, ainsi que cinq sous-comités ont été mis sur pied pour assurer que le projet soit prêt à temps, selon les propres dires de Pravind Jugnauth. Une urgence que personne ne comprend, malgré les explications peu convaincantes fournies par le chef du gouvernement.

Ce projet comprendra quatre nouveaux composants : « Card Reading », « Storage of Digital Certificates », « Digital ID » et « Mobile ID ». D’où les interrogations liées à cette nouvelle carte d’identité numérique. Car il y a une possibilité que le « Digital ID » ou le « Mobile ID » soit utilisé au moment du vote, puisqu’il serait alors déjà opérationnel. D’autant que le Commissaire électoral a donné la garantie, suite aux inquiétudes exprimées par les principaux partis de l’opposition, que seuls la carte d’identité ou le passeport seront dorénavant permis pour les besoins d’identification dans les centres de vote, contrairement aux dernières élections pendant lesquelles même les « bus passes » étaient acceptés pour s’identifier.

Mais pourquoi la carte d’identité digitale suscite-t-elle autant de craintes ? « Parce que c’est une version immatérielle de la carte d’identité physique et qu’il y a des possibilités de manipulation des données », nous explique une source. « Jusqu’ici, nous n’avons aucune visibilité sur sa structure. Nous ne savons pas non plus quel cadre sera mis en place concernant le « Card Reader » qui devra être utilisé pour authentifier le nom et la photo de la personne qui apparaîtront sur le Mobile ID », poursuit-elle. Cette nouvelle carte d’identité digitale, si elle n’est pas réglementée ou utilisée comme il se doit, pourrait donc mener à des fraudes électorales, en utilisant les données biométriques de ceux qui ne sont pas au pays, par exemple. Ou encore en piratant certaines données.

Dans le milieu politique, on reste sur ses gardes, en attendant d’y voir plus clair. D’autant que l’opposition n’entend prendre aucun risque aux prochaines élections. Raison pour laquelle elle veille au grain. Des questions sont d’ailleurs attendues à ce sujet au Parlement bientôt. Rappelons que ce projet de nouvelle carte d’identité a déjà été au centre d’une polémique concernant des allégations de pots-de-vin impliquant même un ministre. Mais jusqu’ici, il n’y a point eu d’enquête au niveau des autorités.