Par Zahirah RADHA
Les incidents survenus à La Citadelle dans la soirée de samedi dernier ont été le ‘talk of the town’ pendant toute la semaine. Ces incidents sont, sans équivoque, hautement condamnables puisqu’ils mettent en péril l’harmonie sociale et le vivre-ensemble dans un pays multiracial où vivent, côte à côte, différentes communautés. Mais ils nous permettent aussi de voir de plus près cette intolérance qui ronge notre société. Une intolérance qui semble avoir atteint le paroxysme et sur laquelle on ferme les yeux, soit en raison d’une indifférence mortifère, soit parce que cela sied secrètement et bassement aux convictions de certains, même s’ils n’osent pas toujours le dire ouvertement. Malheureusement, cette intolérance n’est pas uniquement du côté de ceux qu’on accuse d’avoir « semé la terreur », contrairement à ce qu’on aimerait penser, mais également dans le camp de certains groupuscules, et aussi de certains citoyens qui se disent être bien-pensants, mais dont l’esprit semble avoir rétréci, au vu de leurs commentaires provocateurs, racistes et incendiaires qui inondent les réseaux sociaux et les radios privées depuis ces incidents inexcusables à La Citadelle.
Certains propos font ainsi croire que ceux qui ont manifesté en faveur de la Palestine sont tous des « terroristes ». D’autres blâment carrément toute une communauté et une religion pour les actions déplorables d’une poignée d’individus alors que leurs coreligionnaires ont été les premiers à proscrire leurs comportements répréhensibles. « Religion of peace strikes again », a-t-on ainsi vu sur les réseaux sociaux, sans que cela n’incommode ceux qui disent prêcher la tolérance et la coexistence pacifique, et encore moins ceux censés faire respecter l’ICT Act. On a aussi entendu des commentaires séditieux qui sont exprimés librement sur les ondes des radios privées, sans qu’ils ne soient modérés ou sanctionnés par l’IBA. En fait, tous ceux qui s’adonnent à ce jeu malsain ne sont pas mieux que les fauteurs de troubles de La Citadelle. Car ils font preuve de la même intolérance que ces derniers. Sauf que la façon dont ils l’expriment diffère de l’un à l’autre.
Ne soyons pas hypocrites. La société mauricienne est déjà divisée, morcelée même. Et ce, bien avant les incidents de La Citadelle. Cette division est même tolérée, encouragée et exacerbée par certains dirigeants politiques dont l’unique motivation est de « divide and rule ». À nous, le peuple, de décider si nous voulons être ainsi exploités à des fins divisionnistes et politiques ou si nous voulons barrer ces sombres desseins, en œuvrant sincèrement pour cimenter les différentes composantes de la nation mauricienne. Cela commence par nous. Dans nos paroles. Dans nos actions. Dans notre comportement vis-à-vis de l’autre. Ne pratiquons pas ce que nous reprochons aux autres de faire. Ne semons pas la haine. Ne nous regardons pas en chiens de faïence parce que nos religions et nos croyances différèrent. Ne nous entredéchirons pas parce que nous ne partageons pas les mêmes convictions politiques. Ne nous haïssons pas parce que nous ne soutenons pas forcément la même cause. N’oublions surtout pas que la liberté des uns s’arrête là où commence celles des autres. Souhaitons enfin que le « one people one nation » de notre hymne national ne soit plus vain.