Nad Sivaramen : « Le gouvernement actuel a fait du secret et de l’opacité des doctrines politiques »

Freedom of Information Act

Malgré les annonces tonitruantes faites dans son manifeste électoral, le Mouvement Socialiste Mauricien (MSM) n’a pas l’intention d’introduire la “Freedom of Information Act”, du moins pas avant la fin de ce mandat. Alors que la transparence gouvernementale n’est pas une priorité pour le régime actuel, la population a été trompée par cette promesse utilisée par les Jugnauths (père et fils) lors de leur campagne électorale de 2014. Le gouvernement de Pravind Jugnauth ne présentera aucun projet de loi sur la liberté d’information, comme l’a révélé le Premier ministre lors de la séance parlementaire du 23 mai, en répondant à une question de Deven Nagalingum.

Selon Nad Sivaramen, directeur des publications de La Sentinelle Ltée, le gouvernement MSM de Pravind Jugnauth a fait du secret et de l’opacité des doctrines politiques. « En réalité, après neuf ans au pouvoir, au lieu de mettre en place une FOIA (Freedom of Information Act), ce gouvernement Jugnauth profite surtout de l’opacité et cherche à contrôler les réseaux sociaux et les citoyens-internautes », déclare Nad Sivaramen.

« À Maurice, nous sommes donc à l’opposé de ces démocraties qui introduisent de nouvelles règles pour favoriser la libre expression dans l’espace public (…). Il est certain qu’aujourd’hui, en 2023 à Maurice, avec les scandales qui se succèdent, le gouvernement MSM doit faire marche arrière, car il a fait du secret et de l’opacité des doctrines politiques, c’est-à-dire un ensemble de règles de pensée ou de conduite. Chaque pays doit adapter la FOIA à ses besoins, et non à ceux du gouvernement en place. Les travaux du “High-Level Committee” sur le Covid-19 se sont déroulés sans qu’un seul procès-verbal ne soit publié.

Et ensuite, on s’étonne que l’enquête sur le scandale Molnupiravir cherche surtout à exonérer plutôt qu’à condamner… Alors que le Premier ministre maltraite la presse, il convient également de rappeler que les lois sur la liberté de la presse et la FOIA vont de pair », souligne-t-il.

Jean Claude de l’Estrac : « La FIOA sert avant tout les intérêts des citoyens, pas seulement ceux des journalistes »

Selon l’observateur politique et ancien rédacteur en chef, Jean Claude de l’Estrac, la “Freedom of Information Act” est mal comprise par le public mauricien. « La FOIA n’est pas une législation destinée uniquement aux journalistes, elle sert avant tout les intérêts des citoyens. La FOIA a un champ d’application beaucoup plus large et ne peut être réduite à un simple outil pour les médias. À Maurice, le culte du secret prédomine. L’Official Secrets Act prime et la transparence aura du mal à s’imposer. Je ne vois pas l’introduction d’une “Freedom of Information Act” se concrétiser de sitôt dans notre pays », affirme-t-il.

Si les journalistes ont pu bénéficier d’un cadre protecteur pour exercer leur métier pendant des décennies, ce n’est malheureusement plus le cas de nos jours. En effet, une atmosphère de peur règne autour du travail journalistique. Il n’y a que les courageux qui continuent de le faire sans problème, malgré la crainte de représailles.

Face aux questions rhétoriques des membres de la presse, auxquelles il répond parfois avec sarcasme et menace, on peut clairement constater un manque de volonté politique pour introduire une FOIA. Afin de réduire au silence la presse et de réprimer les journalistes qui osent recadrer le Premier ministre et les membres de la majorité gouvernementale, l’outil de répression privilégié par le régime en place est la police, qui peut intervenir à tout moment.