[Propos controversés] Showkutally Soodhun, ‘serial’ gaffeur, remet ça

Une fois n’est pas coutume. L’ambassadeur Showkutally Soodhun fait de nouveau l’objet de polémique avec sa récente déclaration contre Ram Dhurmea, le directeur suspendu des services de la Météo. « Bane la dire moi dans Dubaï ti pou fini pendi directeur Météo », a-t-il dit lors d’une fonction à Solferino dimanche dernier. Ce qui a évidemment soulevé une vague d’appréhension et de mécontentement. La réaction de Ram Dhurmea ne s’est pas fait attendre. Il a ainsi porté plainte contre le principal concerné au poste de police de Vacoas vendredi.

Ce n’est pas la première fois que Showkutally Soodhun fait l’objet d’une enquête policière. Il semble même y prendre goût, à voir les nombreuses fois où il dérape, en plaidant ensuite le « coup de l’émotion ». Sans doute parce qu’il sait qu’avec le gouvernement au pouvoir, il ne risque rien au niveau des enquêtes policières. Même si l’une de ses déclarations intempestives, à relent communal contre une section de la population, lui avait valu son poste de vice-Premier ministre et ministre du Logement et des terres le 10 novembre 2017.

Pourtant, Showkutally Soodhun était déjà formellement poursuivi, au moment de ces faits, pour avoir proféré des menaces de mort contre le leader de l’Opposition, Xavier Duval. En effet, le 18 juillet 2017 à Flacq, le VPM avait lancé : « Si mo bodyguard ti donne moi revolver, mo touye Xavier Duval dan Parlement. Mo dire li fort, mo touye li dan Parlement. Après samem ki appel jihad ». Ce qui a poussé le DPP, après une enquête policière, à loger une charge formelle contre Soodhun pour « outrage against a Member of the National Assembly, namely Hon. Xavier Duval, on account of his functions as Leader of the Opposition » en violation de l’article 156(1) du Code pénal. Le procès a finalement été rayé en cour intermédiaire le 8 décembre 2020, après que Xavier Duval ait décidé de ne pas aller de l’avant.

Même lorsque le MSM était dans l’opposition, Showkutally Soodhun s’était démarqué. On se souviendra qu’il avait, en tant que vice-président du parti, tenu une manifestation hostile et illégale, réunissant une centaine de partisans et de dirigeants du MSM, contre l’Express devant les locaux de Radio One le 2 mai 2009. Des copies du journal avaient même été brûlées par des partisans surexcités. La raison : il n’était pas content de l’estimation de la foule faite par l’Express pour le meeting tenu le 1er mai par son parti. Des journalistes de l’Express avaient aussi porté plainte pour tentative d’agression contre leur personne durant la tenue de cette manif. À l’issue du procès, Soodhun avait écopé, le 28 janvier 2015, d’une amende de Rs 4000.

Si Soodhun s’en sort facilement au sein de son parti malgré ses nombreuses frasques, c’est parce qu’il est considéré comme un proche des Jugnauths, surtout du défunt « Bolom ». Il s’était d’ailleurs auto-proclamé « esclave » de sir Anerood Jugnauth en avril 2016.  « Mo prêt pou travay esclav pou SAJ la nuite li zour, mem si li bat moi, li zour moi, maltraite moi », avait-il dit. Ensuite, grâce à ses relations qu’il qualifie lui-même de « privilégiées » avec les pays arabes, il a pu, à diverses reprises, obtenir des fonds pour divers projets. Même si des questions se posent sur ces fonds, à l’instar du don de Rs 240 millions pour les mosquées. D’ailleurs, même après le passage du cyclone Belal, il n’a pas tardé à écrire au vice-Président et Premier ministre des Émirats Arabes Unis, Sheikh M. bin Rashid Al Maktoum, le 16 janvier 2024, pour lancer un appel d’aide pour aider à la reconstruction du pays. D’où la question de savoir si le Premier ministre sera disposé à le sanctionner ou se passer de lui…