Trois ans après la mort de son époux dans le naufrage du Sir Gaëtan
Vanda Maria Da Silva Bheenick ne cache pas son amertume. Trois ans après la disparition de son époux, Mowsadeck Bheenick, capitaine du remorqueur Sir Gaëtan qui a fait naufrage au large de Poudre d’Or le 31 août 2021, la veuve du capitaine ne peut dissimuler son émotion. « Mo senti moi bien triste depi ler mo pas konne la vérité lor la mort mo époux », lance-t-elle, attristée par la situation dans laquelle elle se trouve. Il faut dire que depuis le jour où elle a reçu la nouvelle, sa vie a basculé. « Mo pe encore passe par ene cyclone », confie-t-elle.
Cette mère de famille dit être toujours en attente de la publication du rapport de la cour d’investigation sur la mort de son époux. Elle estime que les familles des victimes ont le droit de savoir ce qui s’est passé, et déplore l’égoïsme de la ‘Mauritius Ports Authority’, soutenant qu’elle ne se soucie guère du sort des familles des victimes du naufrage du Sir Gaëtan Duval à Poudre-d’Or.
Alors que la population fait face à une situation inédite avec la hausse des prix, la veuve Bheenick ne sait plus comment joindre les deux bouts. « Il est triste que le gouvernement ne fasse pas ce qu’il faut pour moi. Il ne réalise pas que j’ai perdu mon époux dans des circonstances inexplicables », martèle-t-elle. « Actuellement, je perçois une pension de veuve, mais je ne peux pas trouver un travail décent où je pourrais gagner ma vie pour subvenir aux besoins de mes enfants. Mon époux était le pilier de la famille, et grâce à lui, nous avions une vie confortable. Il faisait tout pour nous. Sans lui, nous avons perdu nos repères », dit-elle, angoissée.
« Je dois supplier les autorités pour obtenir l’argent de l’assurance-vie. Je suis toujours en attente de cet argent. Je ne sais pas quand je le toucherai. On m’a dit que si je touchais l’argent de l’assurance-vie, je ne pourrais pas poursuivre la MPA, mais je sais que c’est mon dû. Je ne sais plus quoi faire », ajoute-elle.
En ce qui concerne la fille de Mowsadeck Bheenick, elle n’est plus la même qu’auparavant, selon sa mère. Elle a complètement changé après la disparition soudaine de son père. Elle n’a toujours pas surmonté la tristesse de perdre son père dans de telles circonstances. « Mo pe bizin suppliye MPA. Sa ene lavi sa. Zot pas pe comprend mo souffrance. Trois ans in écouler la mo encore toujours pe atan. Mo encore toujours pe garde l’espoir », dit-elle.
« Je n’avais jamais pensé que je me retrouverais dans une situation pareille, que je perdrais mon époux dans de telles circonstances. Je ne voisaucune lueur au bout du tunnel, et je déplore que le gouvernement ne fasse rien pour ma famille et moi. Je me demande où en est le rapport. Pourquoi a-t-il été mis de côté ? Je me demande ce que fait la justice », conclut-elle.
Alain Malherbe garde espoir que la justice triomphera
Lors de la ‘candle light’ organisée devant l’Hôtel du gouvernement pour rendre hommage aux victimes qui ont perdu la vie lors du naufrage du remorqueur Sir Gaëtan le 31 août 2020, Alain Malherbe exprime son profond dépit et son dégoût envers le dirigeant du pays.
Il déplore que le rapport concernant le naufrage soit relégué aux oubliettes, et estime qu’il est évident qu’il y a des éléments impliquant la ‘Mauritius Ports Authority’. Il affirme que les familles des victimes sont exaspérées par l’attitude du gouvernement. De plus, il souligne que d’année en année, les dossiers des victimes du Sir Gaëtan s’épaississent, mais il garde espoir que la justice prévaudra.
Le député du PTr, Fabrice David, présent lors de cet hommage, a conclu qu’il était là pour soutenir les familles, qui n’ont toujours pas pu faire leur deuil trois ans après la tragédie. Il a ajouté et regretté que le contenu du rapport de la cour d’investigation demeure toujours un mystère.
MPA v/s Alain Malherbe
L’affaire appelée en cour intermédiaire ce lundi
Suite à un article rédigé par l’activiste Alain Malherbe et publié sur un site d’information, la ‘Mauritius Port Authority’ (MPA) a engagé des poursuites contre le syndicat des travailleurs du port, Alain Malherbe lui-même, et le site d’information ayant publié l’article, réclamant Rs 2 millions de dommages et intérêts. L’affaire sera portée devant la Cour intermédiaire ce lundi 4 septembre.
Tout a commencé en novembre 2020, à la suite du naufrage du remorqueur Sir Gaëtan, propriété de la ‘Mauritius Port Authority’, survenu en avril 2020, et ayant coûté la vie à quatre membres d’équipage, dont le capitaine Bheenick, dont le corps demeure introuvable.
Dans son article, Alain Malherbe avait vivement critiqué la gestion de la MPA et avait également demandé la publication de tous les certificats du remorqueur Sir Gaëtan.
