Les maldonnes commises sous le précédent régime de Pravind Jugnauth continuent de pleuvoir alors que le gouvernement entame son opération “mettre propre”. Le contrat attribué par la State Trading Corporation (STC) à Mercantile and Maritime Group (MMG) pour l’approvisionnement en carburants revient sur le tapis et continue de soulever des questions. Signé pour la période d’août 2023 à juillet 2024, il avait, à l’époque, suscité des critiques, plus particulièrement de la part du député travailliste Eshan Juman, qui exprime ses réserves depuis septembre 2023. Il a notamment dénoncé le fait que le contrat pour la fourniture de carburants n’ait pas été accordé au ‘lowest bidder’, au profit de MMG.

Le 15 septembre 2023, le directeur de la STC, Rajiv Servansingh, réagissant aux critiques d’Eshan Juman, avait alors déclaré à L’Express que le contrat avec MMG avait permis au pays d’économiser des dollars parce que MMG avait accepté d’être payée en roupies. Mais ce n’était que du bluff à la lumière d’un document que nous avons en notre possession.

En effet, une réunion tenue le 9 août 2024 à Port Louis entre Mercantile & Maritime Group (MMG), Maubank et la Banque de Maurice (BoM) est venue contredire les affirmations de septembre 2023. Le procès-verbal de cette réunion a révélé que Maubank était chargée de convertir en devises étrangères les paiements effectués en roupies à MMG, et ce avant fin octobre 2024. Ces conversions concernaient notamment les créances de la STC et diverses liquidités en roupies mauriciennes, qui devaient être transformées en dollars américains, euros et dirhams des Émirats arabes unis. D’où les soupçons de favoritisme.

D’autre part, MMG aurait bénéficié d’une garantie bancaire en dollars d’une valeur de 15 millions. Bien que présentée comme un levier pour soutenir la roupie, cette garantie est en réalité un prêt temporaire, remboursé après les livraisons. L’impact réel de cette opération sur le marché des devises reste donc flou.

Le député Eshan Juman a été l’un des premiers à dénoncer l’absence de transparence autour de ce contrat de Rs 15 milliards accordé par la STC à MMG. Initialement, un appel d’offres avait été lancé, avec la participation de six soumissionnaires. Cependant, il a été annulé sans explications claires et la commande a été attribuée à MMG. Cette annulation soulève des interrogations sur les motivations derrière ce choix. Pourquoi écarter les six soumissionnaires de l’appel d’offres initial, dont OQ Trading, une entreprise publique d’Oman ayant proposé l’offre la plus basse ? MMG, un simple courtier et non un producteur, a été sélectionné à la place. Cette situation, avait prévenu Eshan Juman, pourrait dissuader les grands fournisseurs de participer à de futurs appels d’offres à Maurice, compromettant ainsi la compétitivité du marché.

En outre, le prix réel payé à MMG demeure flou. Rajiv Servansingh n’a jamais précisé le taux de conversion utilisé pour les paiements en roupies…