Fabrice David : « La MBC est synonyme de MSM Broadcasting Corporation »

Impunité, incompétence et favoritisme : La MBC touche le fond

Rien ne va plus au sein de la MBC, devenue l’épicentre de l’amateurisme à Maurice. Des cas de favoritisme, une culture d’impunité et des JT propagandistes, tous les éléments sont réunis pour en faire une bombe à retardement. La direction est sévèrement critiquée dans son ensemble. Avec Anooj Ramsurrun à sa tête, le niveau de la MBC sombre dans les abysses. Plusieurs scandales ont émergé depuis que le MSM a pris le pouvoir en 2014. On se souvient tous de cette vidéo montrant le directeur général en pleine altercation avec le réalisateur Shiam Persand. La diffusion de ces images des caméras CCTV avait suscité beaucoup de réactions.

Le leader du PTr, Navin Ramgoolam, a tiré à boulet rouge contre la MBC et son directeur général, lors du congrès organisé à Mare d’Albert le vendredi 28 juillet dernier. « Telman MBC kuyon, zot mem pe donn prev ki nou pu gayn eleksyon », déclare-t-il. Ce dernier promet d’ailleurs que ceux qui ont fait de la MBC ce que cet organisme est devenu aujourd’hui, devront faire face à des répercussions. Des propos quasi similaires ont été tenus par les autres dirigeants de l’alliance, Paul Bérenger et Xavier Luc Duval en l’occurrence, qui déplorent la manière de faire du directeur général de la MBC.

Interrogé à ce sujet, Mahen Gungaparsad juge que la bassesse dans laquelle la MBC est tombée est sans précédent. Selon lui, beaucoup de Mauriciens ne se retrouvent pas dans ses productions. « La façon ki MBC pe être gérer aujourd’hui li deplorable, pena enn direction, zot nek servi sa vitrinn audiovisuelle la pou faire propagande, MBC pe pren mauriciens kumadir bann dimounn ki pena l’esprit, zot pa inform la population ni zot donn bann news ki pu fer population vinn pli intelligent, bzn arete ek sa facon ki sa pe roule », s’insurge le député travailliste. Il évoque également le manque d’inspiration de la part de la MBC en ce qui concerne la production. « La MBC doit s’inspirer de chaines nationales comme la BBC ou France Télévisions. La personne à laquelle la responsabilité de la MBC incombera devra faire un travail herculéen pour redorer son blason », avance encore Mahen Gungaparsad.

Fabrice David estime, pour sa part, que la MBC est devenue la « MSM Broadcasting Corportation ». Le député travailliste est d’avis que le gouvernement de Pravind Jugnauth utilise la station de télévision nationale comme une agence de communication et de marketing, et fait mention du fait que la télévision privée fera l’objet d’une réflexion au sein de l’alliance PTr-MMM-PMSD. Il ajoute que c’est le Parti travailliste qui a introduit le projet de loi sur la libéralisation des ondes, pour voir se concrétiser les radios privées sur l’île.

Hors-texte 1

Manisha Jooty, ancienne journaliste : « MBC zordi nek fer ‘character assassination’ »

Limogée par la MBC l’année dernière, cette ancienne employée parle d’un manque d’éthique sans précédent de l’actuelle administration de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC). « Je suis triste aujourd’hui quand je regarde le niveau de la MBC, les JT sont devenus purement une machine à propagande pour l’actuel Premier ministre », dit-elle.

L’ancienne ‘Senior Journalist’ déplore le fait qu’il n’y a plus de balance dans le traitement de l’information. Selon elle, l’opposition est muselée par la MBC. « Nou dan enn pei multikiltirel, MBC fer kumadir li bizin pren disposition pu enn sel kominoter, li pa korek. Le niveau li pli bas ki médiocre ek MBC zordi nek fer ‘character assassination’ de Navin Ramgoolam », s’indigne l’ancienne journaliste. Manisha Jooty estime que la MBC Act n’est pas prise au sérieux par les chefs d’édition ainsi que par les journalistes.

« Li triste pu trouve ki ena dimounn ki pena qualifications nécessaires mais akoz zot bien ek direkter la ou trouv zot pe prezant zournal kan zot pa ena calibre pu fer sa ! », conclut l’ancienne présentatrice du JT de 19h30.

Vitrine audiovisuelle de Maurice : La MBC vue par les Mauriciens et la diaspora

Si les Mauriciens regardent de moins en moins les chaines de la télévision nationale, il y a de multiples raisons à cela. Il y a d’abord la programmation, à savoir des émissions lourdes et sans innovation. Les droits de rediffusion des contenus de troisième grade, les dessins animés pour les enfants qui datent des années 90s et les matchs de football anglais, n’y pensez même pas.

Pour Yanesh, cadre dans une entreprise de construction et père de famille, la MBC n’éduque pas la population. Selon cet homme de 42 ans, elle est pire que la télévision nationale du Corée du Nord. « Nous sommes en 2023 et la population a accès à l’information de partout. C’est révoltant que la MBC maintienne ce niveau si bas, et les contenus laissent vraiment à désirer », estime Yanesh. 

Widad, 35 ans et enseignante dans un établissement secondaire dans la capitale, est d’avis que la MBC est un outil entre les mains des politiciens au pouvoir. Elle met en garde contre la mort lente de cet organisme. « Preske okenn mauricien zordi pa get MBC apart bann vie dimounn dan bann ti villaz… Alors politiciens rod fer zot propagande par MBC. Bann jeunes pa aprann nanier ek MBC. Pna okenn production local ki donn lanvi gete. Preske tou chaines ena zis serie hindoustani », clame l’enseignante.

Même son de cloche pour Shaima, étudiante en médecine en France, qui juge que les télévisions privées sont primordiales pour une meilleure ouverture sur l’information et la démocratie. « S’il n’y pas les chaines Facebook et Youtube des radios privées, l’accès à de l’information de qualité est très restreint sur la MBC, la qualité laisse vraiment à désirer », confie la jeune femme.

Clifford, 56 ans et habitant de Mahébourg, juge qu’il y a trop de programmation en hindoustani. Il déplore le fait qu’à chaque fois qu’il zappe, il tombe sur des séries bollywoodiennes. « Kumadir MBC la pren kont enn sel kalité dimounn dans sa pays la. Nous pa comprend hindi nou, kifer nek ena program hindi lor television la, pa ena zis dimounn ki konpran hindi dans sa pei la. Lot zour la dan information, li donn plis ki 15 minutes lor Modi, nou pa dan l’inde ici », martèle-t-il.