[Infrastructures routières] Quand fissures, nids-de-poule et trous béants font grincer des dents

Nids-de-poule, routes qui s’effondrent après de grosses pluies, rues usées, voilà ce que l’on observe actuellement sur une grande partie de l’île. Le réseau routier n’a cessé de se dégrader ces dernières années. Des fissures apparaissent, toujours au mauvais moment, entravent la circulation et portent préjudice à l’économie du pays. Ce sont là les résultats des projets d’infrastructures d’envergure entrepris par les gouvernements successifs.

Ce que l’on sait, c’est que le ministère des Infrastructures publiques est à la recherche d’un consultant pour réaliser un audit complet des routes principales et secondaires. À noter que dans le dernier budget présenté par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, une enveloppe de Rs 3,4 milliards a été allouée à la construction de nouvelles routes et 600 millions pour leur réhabilitation, leur entretien et leur modernisation.

L’ancien ministre des Infrastructures publiques, Anil Baichoo, est d’avis qu’auparavant, nous n’avions pas ce genre de problèmes. Il avance qu’un manque de planification de la part du gouvernement a conduit à une telle situation, et qu’il n’y a pas assez d’études réalisées par la ‘Road Development Unit’ (RDA) et la ‘National Development Unit’ (NDU) pour remédier aux problèmes. Selon lui, auparavant, lorsque les autorités utilisaient du bitume chaud, il y avait des soucis de fissures et de nids-de-poule sur les routes, mais à présent, il n’y a aucune raison de rencontrer ce genre de problèmes car la façon dont les autorités procèdent à la réparation est plus avancée. Il trouve aberrant que les problèmes deviennent récurrents malgré les avertissements répétés. « Je suis surpris de constater que les routes s’effondrent après l’asphaltage et lorsqu’il y a des inondations », soutient Anil Baichoo.

 « Il faudra mener une étude approfondie pour identifier la source du problème. Y a-t-il un manque de supervision de leur part pour que le travail ne soit pas effectué comme il se doit ? La qualité des travaux ne semble pas efficace, ce qui a conduit à ce genre de problème », dit-il. Qu’en est-il du recyclage de l’asphalte que le gouvernement avait envisagé à Maurice ? Le projet est toujours en suspens. Selon Anil Baichoo, certaines routes sont dans un état pitoyable et nécessitent une restructuration complète pour résister aux inondations, mais ce n’est pas ce qui se fait actuellement. Nous continuons d’asphalter des rues sans réviser leur fondation.

Pourquoi les routes se dégradent ? D’abord, parce qu’elles sont soumises à un trafic routier de plus en plus dense et de plus en plus lourd. Elles subissent également des contraintes liées aux variations thermiques qui font travailler les sols (canicule, gel). Enfin, l’humidité stagnante en surface, due à une mauvaise évacuation des eaux de pluie, participe à l’accélération de l’usure de la couche de roulement de vos chaussées.

Les routes fragilisées par les intempéries et la mauvaise qualité de l’asphalte supportent mal le poids des camions parfois surchargés. Mais alors, quelle est la solution ? L’ingénieur Nawaaz Joomun explique qu’il y a toute une préparation à faire avant d’entamer la procédure d’asphaltage d’une route. « C’est un travail qui demande beaucoup de précision et d’attention. Si les différentes couches de la chaussée routière ne sont pas réalisées comme il se doit, la structure de la surface, c’est-à-dire la couche, ne tient pas. Les collectivités locales ne réalisent pas les travaux comme il se doit, c’est pourquoi les routes se trouvent dans un état pareil », explique l’ingénieur, alertant les autorités sur la situation pour que des mesures correctives soient prises avant qu’il ne soit trop tard. « Un faible coût se traduit inévitablement par une qualité médiocre et un travail de qualité inférieure. Il n’y a pratiquement pas de supervision compétente exercée sur les travaux en marge de la construction. A priori, c’est la base, qui consiste en une couche de 20 cm de gravier, qui est très importante et non pas le bitume », ajoute Nawaaz Joomun. Il est d’avis que les routes des collectivités locales n’ont pas de drains, ce qui fait que des fissures apparaissent sur l’asphalte.

« Prévenir vaut souvent mieux que guérir ! Un entretien régulier et adapté des couches de roulement permet de traiter rapidement l’apparition d’arrachements sur chaussée, de rives dégradées, de nids de poule… Cela permet de remettre en sécurité la chaussée et de prolonger sa durée de vie », conclut-il.