Les pêcheurs : « Ministre et ministère sans vision »

La démission du ministre Sudheer Maudhoo réclamée

Ils en ont ras-le-bol. Les pêcheurs veulent que le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, quitte son poste. Ils dénoncent son incompétence, ainsi que l’impunité des fonctionnaires de son ministère. Le 9 août dernier, une conférence de presse avait été organisée pour mettre en lumière les problèmes causés par le ministre et son ministère. Le lendemain, un groupe de pêcheurs est descendu dans la rue pour manifester son mécontentement devant le siège du ministère de l’Économie bleue.

Judex Ramphul, porte-parole des pêcheurs, estime que le ministre Sudheer Maudhoo est incompétent. « Minis la pa konn nanye dans la pess, ki li p fer laba, Bondie koner. Bann fonctionnaire la pa konn nanier zot oci, inn nek rentre dans gouvernement par backing. Zot pa konpran nanier dan metier pesser ! », dénonce Judex Ramphul. Lors de leur conférence de presse tenue le 9 août, les hommes de mer déploraient le manque de considération du ministère à leur égard. Selon leurs dires, il n’y a pas de consultation entre les parties prenantes et les pêcheurs. Judex Ramphul trouve surréaliste le fait que le ministère ait pu fournir des équipements qui, selon les pêcheurs, sont des « jouets pour enfants ».

Une corde de deux mètres avec un petit boyau, un tournevis qui ressemble à un jouet, une petite torche semblable à celles vendues dans les foires, et une boussole digne des dessins animés, voilà ce que les pêcheurs ont reçu de la part du ministère. Ils estiment que ces équipements ne contribuent en rien à leur sécurité en mer. Les pêcheurs déplorent aussi le fait que le ministère n’ait pas distribué de gilets de sauvetage. Ils trouvent cela insultant de la part du ministre Sudheer Maudhoo, en raison de la qualité médiocre du matériel fourni pour leur sécurité.

Annonce budgétaire : Rien jusqu’à l’heure

 « Ils avaient annoncé qu’ils allaient effacer les dettes des pêcheurs, mais avez-vous entendu quelque chose à ce sujet ? », demande Judex Ramphul. Bien qu’ils aient accueilli favorablement cette annonce budgétaire, jusqu’à présent, rien n’a été entrepris, selon le porte-parole de l’Union des Pêcheurs. « Ti dir ki pu rayy tou loan ek dette bann pecheurs, ziska zordi nanier pann met officiel, ni inn appel nou, b kuma nou pu travay kumsa ? », insiste Judex Ramphul. Le porte-parole des pêcheurs déplore également le manque de transparence dans la gestion des fonds. Bien qu’une allocation de Rs 4 millions ait été annoncée dans un premier temps pour une société coopérative de pêcheurs en vue de l’acquisition d’un bateau semi-industriel, ils ignorent à qui ira cet argent.

Pour les pêcheurs, le ministre Sudheer Maudhoo et son ministère font preuve d’un manque de vision pour le secteur de la pêche à Maurice. Judex Ramphul souligne que le pays importe du poisson pour la consommation locale, alors que l’on est entouré par la mer. « Kuma nou kav import poisson kan nou entouré ek lamer ? ena enn gro problem. Ministre la ek so bann fonctionnaire pas konn nanier dans la peche, ladan nou ti pecheurs ki pe souffer. Zot pe laisse bato sinoi ek taiwanais travay, nous mauricien, kumadir nous condane pu rest lapeche ek pirogue mem nou. Kot tou sa millions ki ministère gayné la ? Tou fini ar fer zis zot em zot la paie ! Nou pas gayn nanier nou, saem nou pe dir Sudheer Maudhoo bizin démissioné ! »,  confie Judex Ramphul.

Des pêcheurs présents lors de la manifestation ont également dénoncé « une politique à deux vitesses » concernant les conditions pour bénéficier de l’allocation de mauvais temps. « Ceux qui viennent d’obtenir leur carte de pêche sont obligés de nettoyer les plages les jours où ils ne peuvent pas sortir en mer. Ce n’est pas le cas pour ceux qui ont leur carte depuis longtemps. C’est de la discrimination », affirment-ils. Un groupe de pêcheurs du Nord relève également des incohérences dans les règlements. « Cette semaine, la météo a empêché les sorties en mer l’après-midi. Quand nous sommes allés faire estampiller nos cartes, les agents des ‘Fisheries’ ont refusé. Ils ont dit qu’ils n’avaient pas reçu d’instruction pour estampiller les cartes l’après-midi, seulement le matin. Or, de nombreux pêcheurs vont pêcher l’après-midi », regrettent-ils.