Passion et détermination : Le parcours unique de Fatimah Ismaël, femme motarde

Vous connaissez peut-être déjà Fatimah Ismaël, une habitante de Médine Camp de Masque. Elle a été la première femme à participer à un rallye de moto à Maurice. Âgée de 34 ans, elle nous raconte son parcours. Bien que le domaine de la course automobile ne soit traditionnellement pas associé aux femmes, Fatimah a toujours été attirée par ce sport. Son amour pour les moteurs puissants remonte à son enfance, lorsqu’elle regardait le rallye Paris-Dakar à la télévision. Elle estime que sa passion est un don de son créateur. En ce qui concerne les compétitions, elle nous explique que les motos sont préparées et adaptées aux parcours de circuits, que tout est organisé avec l’autorisation de la police, et que tout se déroule en sa présence. La sécurité y est primordiale. « Dans le monde de la compétition, hommes et femmes sont égaux, particulièrement quand ils sont sur le terrain », raconte la jeune femme.

Revenant sur son parcours, Fatimah explique qu’au cours des 17 dernières années, elle a participé à de nombreuses compétitions au niveau national, et a remporté de nombreuses médailles. Elle a brièvement envisagé de quitter le monde de la course, mais sa passion pour les moteurs puissants l’en a dissuadée, après une pause de quelques mois. « Aujourd’hui, je suis fière du chemin que j’ai parcouru dans ce sport. Mes sacrifices ont porté leurs fruits.  C’est une expérience incroyable pour moi. De plus, je suis membre du ‘Moto Club Racing Team’ depuis longtemps, et j’ai été chaleureusement accueillie par les autres membres du club », confie-t-elle.

Cependant, ce qui est regrettable selon Fatimah, c’est qu’elle soit la seule femme à pratiquer le rallye à moto, particulièrement dans les compétitions, où elle doit rivaliser avec des hommes, alors que des courses féminines seraient idéales. « Je ne me limite pas aux rallyes de moto, je pratique également des randonnées et des activités plus exigeantes. J’ai rejoint l’équipe de ‘Thomson Adventures’ pour des randonnées extrêmes. L’excitation, la vitesse, la peur et les sensations fortes ont toujours été les principaux moteurs de ma vie. Malgré les moments de découragement, je n’ai jamais laissé les critiques m’affecter, car j’ai suivi mon cœur et poursuivi mes aspirations. Mes parents ont toujours été à mes côtés, me soutenant inconditionnellement, et ils continuent de le faire », ajoute-t-elle.

 « Bien qu’il y ait de nombreuses femmes motardes sur nos routes, elles ne sont pas toujours bien équipées. En ce qui concerne les compétitions, beaucoup ont commencé à participer à Maurice, mais elles n’ont pas réussi à persévérer et ont fini par abandonner. Malheureusement, nous ne disposons pas d’un circuit qui nous permettrait de mettre en valeur nos talents », constate Fatimah. Elle explique qu’avant chaque compétition, une préparation minutieuse est nécessaire, il faut prendre soin de la moto, effectuer des réglages et des ajustements mécaniques pour optimiser les performances. En outre, sur le plan mental et physique, il faut être prêt à relever le défi, insiste-t-elle. « J’ai bénéficié du soutien de LIFAN de Belair cette année pour la compétition, ce qui m’a aidée à monter ma saison », dit-elle.

Professionnellement, elle est gérante de sa propre pâtisserie, Betty’s, située à Médine Camp de Masque. Elle prend les commandes et propose un service de livraison à domicile. S’adressant aux jeunes, Fatimah conseille à celles et ceux qui aiment ce sport de venir participer. Elle mentionne qu’il y aura un encadrement pour les guider au mieux, et souligne l’existence d’une académie pour les enfants, qu’ils peuvent rejoindre dès le plus jeune âge. Ainsi, en grandissant, ils prendront conscience des dangers routiers et éviteront les accidents. Elle adresse également un message aux jeunes impliqués dans des rallyes illégaux, les invitant à se joindre à elle pour organiser des compétitions dans des conditions plus sûres.

En ce qui concerne ses projets futurs, elle en a plusieurs, mais pour l’instant, elle préfère ne pas en parler. Toutefois, elle exprime le souhait de voir un circuit se développer à Maurice, offrant ainsi la possibilité de participer à des compétitions internationales.

Anouskha Bhugaloo