Les soins palliatifs : L’accompagnement du malade

Les soins palliatifs, mort médicalisée du point de vue islamique

Les soins palliatifs, qui consistent en une approche holistique et coordonnée et axée sur les patients visent à soulager la souffrance et à améliorer la qualité de vie des patients et des familles à tous les stades de la maladie.

D’emblée, je dirais que d’après l’Islam, chaque être humain passe par cinq étapes.

  • La première est la création de l’âme ;
  • La seconde, la vie dans le ventre de la maman ;
  • La troisième, la vie sur terre ;
  • La quatrième, notre passage à la mort ; et
  • La dernière étape est la vie éternelle dans l’au-delà.

Donc, pour le Musulman, la mort n’est qu’un passage d’une étape à une autre.

Dieu nous dit dans Le Coran :

  • Toute âme goûtera à la mort. Ensuite, c’est vers Nous que vous serez ramenés. 29 : 57
  • Ils disent, quand un malheur les atteint : « Certes nous sommes à Dieu, et c’est à Lui que nous retournerons. 2 : 156

L’Islam nous enseigne donc que la mort et la vie appartiennent à Dieu et c’est vers Lui notre retour.  La sagesse consiste donc à accepter la vie comme on accepte la mort – avec beaucoup d’acceptation et beaucoup de sérénité. L’homme ne vient pas sur terre pour y rester éternellement. Lorsque ce terme arrive, nul ne peut ni le retarder, ni l’avancer. En conséquence, le Musulman considère la mort comme une passerelle vers l’au-delà.

L’Islam nous enseigne aussi que la personne humaine et sa vie sont sacrées, et que seul Dieu qui donne la vie, est en droit de pouvoir la reprendre. L’homme doit donc agir dans toutes les circonstances pour préserver et conserver la vie.

L’Islam va plus loin en disant :  “… quiconque sauve une vie, c’est comme s’il a sauvé la vie à tous les hommes.” 5 : 32

Par conséquent, le personnel médical est dans l’obligation de sauver la vie de son patient lorsque la maladie est curable et de l’accompagner dans le processus de guérison.

Le Prophète de l’Islam (paix soit sur lui) a dit : « Ayez recours aux remèdes, car Dieu n’a pas créé de maladies sans en avoir créé le remède. » 

On est donc encouragé vers la recherche des soins qu’ils soient curatifs ou palliatifs. Il est de notre devoir également de rendre les derniers instants de la vie plus dignes.

Si la fin de la vie est marquée par la maladie, les souffrances et l’angoisse, l’Islam considère que c’est une voie pour retourner vers le Seigneur Dieu.

Comme mentionner plus haut, le patient souffre définitivement en fin de vie.  L’accompagnement ou les soins palliatifs vers la fin de la vie s’articule, notamment, sur l’apaisement de la souffrance morale par la présence humaine et spirituelle au chevet du malade et sur la lutte contre la douleur physique y compris, jusqu’à l’endormissement de la conscience.

  • A cet instant, l’écoute est un moyen d’action important. Un malade peut souhaiter ne plus vivre parce qu’il se sent délaissé par ses enfants ou ses proches.
  • Le patient musulman est appelé dans ces moments-là à chercher refuge auprès de Dieu. A l’implorer pour trouver la force de garder sa foi et sa capacité à supporter.

Parmi les invocations, que l’Islam enseigne au malade de réciter : « Dieu, fais-moi vivre tant que la vie est un bien pour moi, et fais-moi mourir si la mort est meilleure pour moi. »

Plus généralement, soulager la souffrance est un acte fondamental car cela permet au patient d’appréhender les choses autrement. Mais accompagner les soins par la patience et la confiance en Dieu, qui est Maitre de la vie, est chose recommandée en Islam.

En ce moment critique, il est recommandé par l’Islam, qu’au-delà du monde familial, les visites doivent être courtes, non bruyantes, non gênantes, et procurant au patient repos et confort.

Dans certains cas, si on se rend compte que les soins n’amènent plus rien de meilleur, l’Islam autorise de ne pas poursuivre un traitement quand il ne fait que prolonger l’état du patient sans aucun espoir de guérison ni d’amélioration.

Certes, le passage de l’étape de cette vie terrestre à l’autre passe par l’agonie de la mort, connu comme (sakrat-ul-mawt) en terme arabe, qui signifie l’état inconscient d’une personne qui est sur le point de mourir.

D’après l’Islam, à ce moment précis, les gens proches se rassemblent autour du malade, se recueillent et demandent le pardon et la bénédiction. La prière, la profession de foi et l’invocation des Noms de Dieu doivent être répétées par le mourant, jusqu’à ce qu’il rende le dernier souffle.

Le patient se remet à Dieu en disant : « Ce n’est pas moi qui vais décider de ce moment très particulier du passage à l’au-delà. C’est Dieu qui l’a décrété dans sa sagesse. Ce moment viendra dans Sa miséricorde. Et quand il viendra, je partirai satisfait. »

Ces diverses attitudes sont considérées comme des signes de foi et de se soumettre à Dieu. Elles aident à mieux vivre les moments difficiles sur un plan physique mais également psychologique et spirituel.  Dans certain cas, le malade peut donc choisir de ne pas se faire soigner, c’est compatible avec l’éthique musulmane. Mais, pas d’acharnement thérapeutique quand il n’y a plus d’espoir. Il est dit en d’autres termes, qu’il ne faut pas traiter coûte que coûte et dans l’acharnement thérapeutique sans espoir d’évolution positive de l’état du malade.

C’est à dire, on ne peut interrompre la vie avant terme, par une euthanasie active, et non plus qu’on ne puisse la prolonger artificiellement par un acharnement thérapeutique.

Nous, les Musulmans, nous croyons également à la vie après la mort. Nous considérons qu’il s’agit là de la vraie vie puisqu’elle sera auprès de Dieu l’Éternel et dans Son paradis. La vie sur terre est donc considérée comme une phase de la vie et la mort comme un simple passage, une transition ou accession dans l’au-delà.

Pour conclure, je dirais qu’il est important que les personnels soignants apprennent à comprendre les familles, leurs religions ou leurs cultures ; et les familles de leur côté doivent comprendre et respecter les personnels soignants dans l’accomplissement de leurs soins prodigués aux malades.

Ce genre de débat sur le sujet, aidera définitivement à créer une collaboration positive et utile entre les personnels soignants et les familles car au-delà des religions et des cultures, la règle universelle est celle qui consiste à soigner et à accompagner le malade au mieux, loin de la souffrance, de la douleur et de la détresse, que sont les soins palliatifs.    

Bashir Nuckchady