Dans l’édition de dimanche dernier de SUNDAY Times, Neevedita Nundowah lançait ce grand cri d’alarme : La liberté de la Presse plus que jamais menacée a Maurice.
Au fait c’est toute la liberté d’expression et le droit de savoir des Mauriciens, des Rodriguais, des Agaléens et des Chagossiens qui sont menacés. Mettons l’accent sur le fait qu’en l’absence d’une Freedom of Information Act, l’accès même à l’information à Maurice n’est pas un droit reconnu, aucune clause de la Constitution de le mentionnant spécifiquement. Fondement de la démocratie et outil de justice sociale, décrit par l’UNESCO comme condition essentielle du respect de la démocratie, l’accès à l’information est pourtant un droit fondamental. Et sans liberté d’information, il ne peut y avoir de liberté d’expression.
Prévu dans le manifeste électoral du MSM et inscrit à l’agenda parlementaire depuis 2006, La Freedom of Information Act devrait traduire l’idée que le gouvernement est au service de la population qui doit pouvoir accéder aux informations précises et régulières détenues par les pouvoirs publics sur l’état de l’économie, la santé et le système social en général, l’orientation de notre diplomatie, l’utilisation des fonds publics , le fonctionnement de nos institutions dites indépendantes etc. C’est l’accès à son droit de savoir qui permettrait au citoyen mauricien , au Rodriguais, a l’Agaléen et au Chagossien de participer à l’exercice de la vie politique, à l’évaluation des actions gouvernementales et à la perception de la corruption, du favoritisme et du népotisme.
Or à ce jour, en l’absence d’une Freedom of Information Act, ce gouvernement n’a pas arrêté de bafouer et de manipuler l’opinion publique et d’imposer des restrictions sur la liberté d’expression et à exercer une violence subtile ou carrément franche sur une certaine presse a travers sa Police Politique et ses « political spins » (chantage publicitaire, la carotte de la publicité gouvernementale, etc.) tout en nous abreuvant de rasades de mensonges. Ce gouvernement quasiment extrémiste dans son acharnement a ignoré la volonté du peuple qui l’a porté au pouvoir.
La MBC brouille les valeurs et l’image du journalisme
La liberté de pensée et d’expression est une tradition profondément ancrée à Maurice. Et parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qui est caché. La liberté, comme disait Rosa Luxembourg, « c’est la liberté pour celui qui pense différemment ». Voltaire exprimait le même principe avec sa fameuse formule : « Je déteste ce que vous dites, mais je défendrai jusqu’à ma mort votre droit de le dire » Qu’en pense les Sinatambous!
Chaque citoyen doit se rappeler qu’une presse libre et un peuple libre vont de pair. La liberté est l’affaire de chacun et le combat doit être incessant pour que la presse puisse servir la démocratie.
Le métier de journaliste consiste à identifier les problèmes, les documenter, vérifier ce qu’ils découvrent, hiérarchiser les questions, les mettre en perspective, les situer dans leur contexte et les exposer le plus clairement et le plus honnêtement possible.
Quant a la MBC, elle a depuis longtemps contribué à brouiller les valeurs et l’image du journalisme
L’Inquiétante autocensure et l’influence des Idiots Utiles
Ce qu’il y a de plus malveillant et inquiétant dans la censure, c’est que malheureusement, elle est pour une bonne part volontaire, l’autocensure s’imposant par la frayeur subtile des menaces et pressions. Les idées impopulaires au gouvernement peuvent être étouffées et les faits gênants passés sous silence sans qu’il soit besoin d’une interdiction officielle (MRA, engorgement économique, pression bancaire, police politique etc.) L’efficacité de cette censure est surprenante d’autant plus que la servilité avec laquelle certains pseudo-intellectuels gobent et répètent la propagande gouvernementale est ahurissante .Et sont prêts à toutes les vilénies contre la pensée.
Dans sa préface de la Ferme des Animaux, brillante analyse de la censure et de l’autocensure (préface censurée par les autorités anglaises et restée inédite pendant 50 ans et pas publiée dans la plupart des éditions du livre), George Orwell met l’accent sur la lâcheté intellectuelle, « le pire ennemi qu’ait à affronter un journaliste » et exprime son désarroi de l’autocensure, provoquée par intimidation ( A Maurice, Police Politique, MRA, groupes de pression communautaristes ou économiques et chantage politique et économique). Les idées gênantes peuvent être étouffées et les faits gênants passés sous silence sans qu’il soit besoin pour cela d’une interdiction officielle. Cette censure voilée, volontaire est encore plus évidente à la MBC et chez certaines radios ou presse en ligne.
Le souhait du « jeune leader », qui rend le Petit Caporal gaga : Que la presse mauricienne, cette presse qu’il considère antagoniste, devienne une sorte de pantin à clochettes qu’il ferait tournoyer pour sa distraction personnelle au bout de son pied. Toutes sortes d’idiots utiles du système sont à l’œuvre au Temple du Soleil. Issus d’une puissante lignée de la bourgeoisie communautaro-intellectuelle, par référence à leur vaste influence, ils sont les souverains- nés du milieu politico-médiatico-politique. Ils sont au centre du grand jeu communautaro-politique.Ils proposent des reportages à la MBC, ces « promenades » au milieu des symboles consensuels de la nation mauricienne avec leur subtilité propagandiste.
Ces pseudos- intellectuels occupent des positions éminentes dans les coulisses de la vie des idées dans la capitale. Ainsi, ils sont quelques-uns à exercer un empire total sur l’esprit de nos décisionnaires. On leur signale les suspects radicaux à mettre à l’index, les privilégiés à protéger. Cherchez dans tout cela la culture qui nous rassemble (quelques ségas ??)
Ce petit monde de faiseurs d’opinions. Ce carrousel d’influence – triangle des Bermudes de la pensée. Il ne faut pas laisser cette verrue s’installer !
ON NOUS MENT
Comment décoder les news et les Fake News de la propagande ! Alors que c’est la culture du secret qui est le mot d’ordre de l’État.
On nous ment.Quotidiennement. Sur la dette, sur l‘économie (les usines ferment, le secteur textile en crise, vague de licenciements, insécurité des travailleurs, crédits soumis à des normes plus restrictives, délocalisations, l’accélération de mise sous administrations judiciaires, les liquidations et insolvabilité d’entreprises.
On nous ment sur la situation des retraités et des handicapés qui entre autres problèmes n’ont pas accès aux crédits après 70 ans),
On nous ment sur la misère, sur l’accès aux logements sociaux, sur l’inégalité sociale. Et ce n’est pas par l‘intox de deux remises de clés par trois ministres et douze fonctionnaires, qu’on nous fera croire que l’éradication de la misère et un toit sur la tête de chaque famille mauricienne aux très bas revenus sont choses proches. Il suffit d’écouter les émissions quotidiennes de ces radios qui donnent la parole aux citoyens pour comprendre la souffrance de ces Mauriciens qui vivent dans des conditions épouvantables.
On nous ment sur la corruption, le népotisme, le favoritisme. On nous ment sur la situation réelle de la toxicomanie et des parrains de la drogue. Alors que les défis sont énormes et hors du commun. On nous ment.
On nous ment sur la régression des valeurs.
Empoisonnés, gangrenés par une propagande infecte qui essaie de faire croire à travers une vision caricaturale d’une île Maurice nageant dans le bonheur et du prisme déformant d’un PM aux multiples « visions », qui rabâche sa grande victoire sur les Anglais, nous offrant son visage de poupon rayonnant avec la sucette Metro, que notre pays se dirige vers un avenir neuf. Et tout cela à travers un marketing à la manière des Pop Stars qui se battent pour des places au hit parade mais avec des tubes rabâchés.
Sulaiman Patel