L’affaire opposant la Mauritius Investment Corporation Ltd (MIC) à Menlo Park Ltd révèle une fraude massive contre les deniers publics, dissimulée derrière un volumineux affidavit. Le schéma frauduleux est d’une simplicité cynique. Menlo Park Ltd, société en faillite technique, sans trésorerie pour payer ses créanciers ou même les salaires de ses dirigeants, s’est présentée comme une entreprise innovante de « prédictions électorales basées sur l’intelligence artificielle ». La réalité ? Une coquille vide qui a monnayé des sondages truqués prédisant la victoire du MSM, en échange de 45 millions de roupies de fonds publics.
Le détournement fut immédiat et méthodique. Dès le versement des fonds : 11 millions de roupies ont été transférées pour verser un million de roupies de « rappels de salaire » à chacun des deux Adams, régler des créanciers personnels, alimenter des cartes de crédit, financer des séjours luxueux à Dubaï, effectuer des achats chez Louis Vuitton. Plus révélateur encore : un dépôt a été effectué pour l’achat d’un terrain destiné à une maîtresse. La chronologie est accablante : la publication du faux sondage favorable au MSM coïncide précisément avec le versement des 45 millions de roupies.
Face à ce pillage organisé, l’intervention du Gouverneur était impérative pour protéger les 34,5 millions de roupies restants. La propriété intégrale de la MIC par la Banque de Maurice crée une responsabilité fiduciaire directe. La jurisprudence Regina v. Graydon est claire : les régulateurs ont le devoir d’intervenir face à un risque imminent.
L’argument de menace par message WhatsApp est une diversion cynique. Les critiques politiques légitimes contre les faux sondages n’ont aucun lien avec la transaction frauduleuse entre la MIC et Menlo Park.
Le Gouverneur n’avait pas le luxe de l’attentisme procédural. Chaque heure d’inaction augmentait le risque de voir les fonds publics disparaître à l’étranger. Son intervention, validée par les jurisprudences Federal Deposit Insurance Corp. v. Wheat et BCE Inc. v. 1976 Debentureholders, n’était pas une violation de la gouvernance – c’était son expression la plus haute.
La vraie question n’est pas « pourquoi le Gouverneur est-il intervenu si vite ? », mais « comment aurait-il pu justifier son inaction face à un pillage aussi manifeste ? »
Un ancien membre du barreau