[Meeting 1er mai 2025] L’Alliance du Changement célèbre la Fête du Travail sous le signe de la reconstruction

À l’occasion de la Fête du Travail, l’Alliance du Changement a organisé, ce jeudi 1er mai, son grand meeting traditionnel à Rose-Hill. L’événement, lancé aux alentours de 9h30 sur la place Edward VII, a rassemblé plusieurs figures politiques de premier plan, dont le Premier ministre Navin Ramgoolam et son adjoint Paul Bérenger. Sous le slogan « Anou nettoye nou la ville », les partis membres de l’alliance – le Parti Travailliste, le MMM, les Nouveaux Démocrates et Rezistans ek Alternativ – ont uni leurs voix en cette journée emblématique dédiée à la défense des droits des travailleurs. Ce rendez-vous devenu incontournable dans le calendrier politique mauricien a aussi été l’occasion de galvaniser les troupes en vue des élections municipales prévues ce dimanche, tout en dressant un bilan de ces premiers mois de gouvernance.

Navin Ramgoolam : « Dans l’ADN de ce gouvernement, il y a justice sociale, solidarité et unité du peuple »

Le Premier ministre a entamé son discours en rendant hommage aux grandes figures du mouvement syndical et politique mauricien. « Hier, les dirigeants du Parti travailliste et moi-même avons déposé des gerbes au Guy Rozemont Square, puis nous nous sommes rendus au cimetière St-Jean avec le camarade Paul, le camarade Richard et les autres, pour honorer ceux qui ont marqué notre pays. » L’histoire retiendra, selon Navin Ramgoolam, un héros en particulier, Guy Rozemont, celui qui a présenté une motion au Conseil législatif. Depuis, le 1er mai est un jour férié. Elle retiendra aussi le combat du Parti Travailliste depuis 1936, en faveur du respect et de la dignité des travailleurs, poursuivi ensuite par le MMM, et renforcé aujourd’hui par les alliés de Rezistans ek Alternativ (ReA) et les Nouveaux Démocrates.

« Je suis fier aujourd’hui que nous ayons réussi à créer l’alliance PTr, MMM, ReA et ND, parce que dans l’ADN de ce gouvernement, il y a justice sociale, solidarité et unité du peuple », a poursuivi le Premier ministre. Il a remercié la population pour son choix électoral, affirmant que le verdict des urnes a été sans appel : « Heureusement que le peuple a su voter aux élections générales, voter avec rage et mettre le MSM et ses acolytes dans la poubelle de l’histoire. Ils ne s’en relèveront pas tant que nous serons là », s’est-il exclamé.

Navin Ramgoolam n’a pas mâché ses mots pour qualifier les dix années de gouvernance du régime précédent. Selon lui, « ce qu’ils ont fait est pire qu’un crime ». Il a dénoncé un climat de corruption généralisée, de népotisme, de destruction institutionnelle et d’alliances avec des réseaux mafieux. « Ce sont des mafias qui ont accaparé et confisqué notre pays. Dieu seul sait ce qui serait arrivé s’ils étaient revenus au pouvoir. » Il a affirmé que les fondations mêmes du pays ont été ébranlées, laissant derrière elles un paysage institutionnel en ruine. « Aujourd’hui tout est à refaire. C’est nous qui devons maintenant tirer le pays du précipice car nous n’allons pas le laisser couler. »

Face à une dette publique qui dépasse désormais les 90 % du PIB, le Premier ministre appelle à la responsabilité collective et annonce un budget difficile, mais nécessaire. « Chaque maman, chaque papa, chaque enfant et chaque jeune a une dette de Rs 530 000 sur la tête. C’est un budget dur qui s’annonce. Mais nous allons prendre nos responsabilités. Pour moi, ce n’est pas la popularité qui compte, mais notre pays. » Il a insisté sur le devoir moral de redresser la nation, non seulement pour l’équilibre économique, mais pour l’avenir des jeunes générations.

Le chef du gouvernement a revendiqué une approche pragmatique et structurée. Il a mis en avant la compétence de son équipe et la vision commune qui guide l’action de l’Alliance. « Heureusement, nous avons une équipe compétente et responsable qui a une vision. Nous allons mettre de l’ordre là où il y a du désordre », a-t-il promis. Il a évoqué des pratiques douteuses toujours présentes dans certains milieux, notamment dans le secteur sportif, où « les méthodes du MSM, la money politics, sont encore employées ». À ceux qui crient à la chasse aux sorcières, il a fermement répondu : « Ce n’est pas une chasse aux sorcières que nous faisons, mais une chasse aux voyous qui ont détruit le pays. »

Navin Ramgoolam a également accusé le MSM d’avoir mis en place une machine de désinformation, active jour et nuit. « Le MSM paye des gens, 24/24, dans Sun Trust, pour envoyer des faux messages sur les réseaux sociaux afin d’empoisonner les esprits. » Malgré cela, il a affirmé que l’Alliance du Changement avance à un rythme soutenu. En 169 jours, plusieurs mesures fortes ont été prises : audit des finances en 26 jours, renégociation de l’accord sur les Chagos, 14e mois pour la majorité des travailleurs modestes (qui gagnent moins de Rs 50 000), baisse du prix des carburants, indépendance de la Banque de Maurice, de la MBC et du DPP, réintroduction des trois crédits pour l’accès au Lower VI, création d’une agence pour lutter contre la drogue, fin des écoutes téléphoniques de masse, et redressement de l’image de Maurice à l’international.

Il a rappelé l’importance des prochaines élections municipales, prévues le 4 mai, après une décennie de renvois successifs par l’ancien gouvernement. Pour lui, le vote citoyen est essentiel pour consolider la démocratie. « Aucune élection n’est gagnée d’avance. Il faut aller voter. Notre plus grand ennemi, c’est l’abstention. Faites-nous confiance. Nous allons redresser ce pays. Un pays, une nation, un destin », a-t-il conclu.

Paul Bérenger : « Plus on creuse, plus on découvre malpropretés et incompétence »

Paul Bérenger, Premier ministre adjoint et leader du MMM, a quant à lui dressé un constat sévère de la situation du pays et estimé que l’ancien régime a gravement compromis l’économie nationale : « Ils ont fini l’économie du pays, nous n’avons d’autre choix que de présenter un budget rigoureux. » Il a affirmé que le Premier ministre, Navin Ramgoolam et le gouvernement s’engagent à remplir leur mission envers la population, et notamment envers les générations futures. « Un budget difficile est en préparation. Nous devons penser aux cinq prochaines années », a-t-il insisté.

Le leader du MMM a également dénoncé la décennie de gouvernance du MSM, qu’il qualifie de désastreuse. « Plus on creuse, plus on découvre malpropretés et incompétence », a-t-il lancé, en ajoutant que le gouvernement actuel travaille sans relâche pour redresser la situation, en commençant par rétablir le bon fonctionnement des institutions, notamment le Parlement. Il a également cité la réforme du secteur énergétique et la lutte contre le fléau de la drogue comme priorités.

Concernant les élections municipales du 4 mai, Paul Bérenger a appelé les citoyens à accomplir leur devoir civique. « C’est l’occasion d’assainir les conseils municipaux et d’avancer avec des réformes dans les instances locales. Nous veillerons à ce que le scrutin se tienne dans le respect de la Constitution, et nous n’oublions pas Rodrigues, Agalega et St-Brandon », a-t-il précisé.

Par ailleurs, il a vivement critiqué Roshi Bhadain, leader du Reform Party, le qualifiant de « danger pour Maurice », en raison de son passé au sein du gouvernement MSM et de son implication présumée dans l’affaire BAI.

Richard Duval : « Reconstruire un pays dans l’état où le MSM l’a laissé n’est pas une tâche facile »

Richard Duval a pris la parole pour dénoncer l’héritage laissé par le MSM, affirmant que la restauration de la démocratie par l’Alliance du Changement est une victoire collective. Il a vivement encouragé la population à faire preuve d’unité et de confiance envers le gouvernement dirigé par Navin Ramgoolam. « Le peuple doit faire preuve de patience, car en prenant le pouvoir, nous avons constaté l’ampleur des dégâts. Pourquoi des dégâts ? Parce que nous avions affaire à un gouvernement pyromane dirigé par le MSM. Quand nous sommes arrivés au pouvoir, il ne restait que des cendres. Reconstruire un pays dans l’état où le MSM l’a laissé n’est pas une tâche facile. »

Reconnaissant les difficultés actuelles, il a rappelé qu’il est illusoire d’espérer des résultats immédiats : « Il y a beaucoup de gens qui critiquent, mais je suis rentré au ministère du Tourisme en décembre ! Vous croyez qu’en quelques mois je peux faire des miracles ? Ce n’est pas possible ! Pour faire le marketing d’un pays, vous avez besoin en amont de 9 à 12 mois. Vendre une destination à l’international, cela prend du temps. »

Richard Duval a salué les efforts déjà engagés par l’Alliance du Changement et le travail fait par le gouvernement, en citant notamment l’Attorney General, Gavin Glover, et le ministre du Travail, Reza Uteem. Il a mis en avant l’expérience ainsi que la détermination de l’équipe gouvernementale, et a rappelé : « Résultat la pe vini ». Il a terminé son intervention en appelant les citoyens à voter massivement le 4 mai, pour consolider les acquis démocratiques dans les municipalités.

Ashok Subron : « Bravo à Navin Ramgoolam »

Ashok Subron, membre de Rezistans ek Alternativ et ministre de la Sécurité sociale, a livré un discours en hommage à la classe des travailleurs mauriciens, la qualifiant de « force principale, créatrice de la richesse, et force du changement dans le pays. » Il a rappelé que les fondements de l’île moderne reposent sur les luttes des esclaves, des engagés, des dockers et des ouvriers de la zone franche, en soulignant que c’est grâce à que le pays a pu progresser. En retraçant l’histoire syndicale, il a affirmé que la classe ouvrière est « une classe de transformation », à l’origine de grandes avancées sociales et politiques comme le droit syndical, l’indépendance et les droits des travailleurs dans les années 70.

Ashok Subron a aussi salué les récentes décisions prises par le gouvernement de l’Alliance du Changement, notamment face aux pluies torrentielles de ce mercredi, où les droits des travailleurs du privé ont été alignés sur ceux du public. « Bravo à Navin Ramgoolam », a-t-il lancé, pour avoir permis à ces travailleurs de protéger leur vie. Il a dénoncé l’inaction de l’ancien régime et défendu avec force l’importance de voter pour prolonger cette dynamique : « Changement pe fer ! Changement finn vini ! Changement pu vini ! », concluant sur un appel à l’unité et à la mobilisation pour remporter les prochaines élections municipales avec un « 4-0 partout ».