Menaces et intimidation contre une équipe de Sunday Times: Les mensonges du ministre Jagutpal

Une scène choquante s’est déroulée le jeudi 9 février à l’hôpital Jeetoo, à Port-Louis. Lors de cet incident, une équipe du Sunday Times, composée d’une journaliste et d’un photographe, a été menacée par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, et sa garde rapprochée, alors qu’elle était sur les lieux après avoir été informée d’un manque de médecins.

Après avoir recueilli des informations sur la situation et alors qu’elle se trouvait sur le parking de l’hôpital, la journaliste a aperçu le ministre Jagutpal et ses officiers, présents dans le cadre d’une série d’inspections des services de santé.  Elle l’a sollicité pour une déclaration. C’est alors que le ministre l’aurait pointée du doigt en criant : « Ki la presse ou été ? Mo psychiatre mwa, mo kapav consulter ou ! ». Cette réaction agressive a été accompagnée de menaces du garde du corps envers l’équipe : « Zot konn la loi ? Koner ki zot pe fer ! ».

Ces événements ont été exacerbés par l’attaché-de-presse du ministre, qui a non seulement soutenu les menaces proférées, mais a également filmé la scène, affirmant que l’accès à l’hôpital nécessitait sa permission préalable, malgré le caractère public de l’établissement hospitalier, sans compter qu’ils se trouvaient au moment des faits à l’extérieur du bâtiment. Face à ces intimidations et craignant pour sa sécurité, la journaliste a pris la décision de consigner une ‘Precautionary Measure’ au Central Criminal Investigation Department (CCID), signalant ainsi l’incident contre de futures répercussions potentielles.

Anoushka, 30 ans, s’est sentie humiliée par les propos et les gestes du ministre et de son garde-du-corps, et considère que ce qui est arrivé est intolérable. Selon elle, un ministre est censé donner l’exemple. Elle ajoute que c’est la première fois qu’elle est victime de ce genre de comportement depuis le début de sa carrière, soit 5 ans. « J’ai uniquement répondu à l’appel d’un patient qui voulait faire part de son exaspération du fait qu’il n’y ait aucun médecin alors que de nombreuses personnes attendaient depuis 8h le matin. Je ne savais même pas que le ministre était présent. Le ministère de la Santé a publié un communiqué arguant que nous avons été surpris en train de faire des enregistrements audio/vidéo et que nous prenions des photos. Ce qui est complètement faux ! D’ailleurs, si tel était le cas, je les aurais transmis à la police. La seule vidéo que nous avons faite est celle d’un patient qui a voulu témoigner à visage découvert en dehors de l’hôpital », dit-elle, encore sous le choc.

Cet incident soulève de sérieuses préoccupations quant à la liberté de la presse et à la transparence dans le secteur de la santé à Maurice. Les journalistes ont le devoir d’informer le public sur les questions de santé publique, et leur capacité à le faire sans crainte d’intimidation ou de représailles est cruciale pour le bon fonctionnement de la démocratie. Le ministre Jagutpal, en tant que représentant du gouvernement et responsable de la santé publique, devrait être disposé à répondre aux préoccupations légitimes des médias et du public concernant les services de santé. L’utilisation de la menace et de l’intimidation contre des journalistes est inacceptable et constitue une atteinte à la liberté d’expression et à la démocratie.

Les autorités compétentes sont appelées à garantir la sécurité des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions. La liberté de la presse est un pilier fondamental de toute société démocratique, et elle doit être protégée et respectée en toutes circonstances.