Notre sécurité, se trouve-t-elle dans l’ombre ?

La Sécurité est devenue l’alpha et l’oméga de la politique: La politique fonde aujourd’hui sa légitimité sur une offre sécuritaire. La sécurité, c’est ce qui est promis politiquement lorsque d’autres idéaux plus traditionnels, notamment en matière de justice, finissent par être négligés ou abandonnés.

Au fond, apparaît comme un idéal non questionné, comme quelque chose qui dans son évidence même est promis aux citoyens. Sur Le fond, je ne dirais pas que le sécuritaire est une mauvaise réponse à un faux problème. C’est plutôt une mauvaise réponse à un véritable problème qui tient à la nature des formes de la violence contemporaine.

Nous vivons dans une société sécuritaire où, à bien des égards, les libertés formelles n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui. Dès lors, la liberté économique est garantie, on se soucie beaucoup moins des libertés juridiques qui sont le fondement même de la démocratie. Elles sont remises en cause parce que la confiance dans les autorités politiques, dans l’état, comme garant de la sécurité atteint actuellement un degré de scepticisme invraisemblable. La dose de peur, alimentée par des événements déplorables, ressentie par certains de nos compatriotes, suscite une demande de sécurité plus forte à laquelle l’état tâtonne à apporter des solutions adéquates.

Cette nouvelle accoutumance à la peur se retrouve aussi sur les lieux de travail, provoquée par un management spécifique. Cela produit une catégorie d’individus contrainte à accepter des mesures qu’autrefois on aurait qualifiées de liberticides. Il faut postuler à des lois à la demande de sécurité légitime en elle même en s’orientant sur des questions de sécurité publique. Nous sommes à la fois une société de défiance et d’une grande candeur à l’égard des pouvoirs .On dit souvent que la sécurité est la première des libertés mais dans Les Déclarations des droits de l’Homme, la priorité est donnée à la notion de sûreté. C’est d’abord la garantie des droits de l’individu à l’encontre des tentations de l’Etat de s’immiscer dans la vie privée. Mais l’insécurité est polymorphe, on peut représenter un danger matériel, en revanche, tout ce qui demande un effort d’abstraction comme la couche d’ozone, le réchauffement climatique sans même parler d’une fin de monde liée à un conflit nucléaire nous semble éloigné.

La sécurité souhaitable est celle dont on se rend plus compte. C’est la condition sine qua non pour pouvoir discuter de justice. Contenons la peur, mauvaise conseillère qui brouille la conscience de nos propres aspirations. Il faut rester vigilant et ne pas tomber non plus dans la sinistrose. Le sentiment de sécurité doit régner naturellement barrant la route aux fantasmes et autres obscurantismes. Peut être que la sécurité n’est pas l’alpha et l’oméga de la politique mais elle est assurément la clé de voûte de toute société civilisée.

Fawzi Allymun