[Opinion] Entre les attentes et la réalité

Par Fantômette

Deux mois déjà depuis les dernières élections générales. La liesse populaire a cédé la place au train-train quotidien. Mais la population, suite à la correction qu’elle a donnée à l’ancien gouvernement, s’attend maintenant à voir des sanctions pleuvoir contre ceux qui l’ont fait souffrir pendant une bonne décennie. Le gouvernement en est pleinement conscient. Et les autorités agissent et réagissent en conséquence. Des ministères et des organismes publics dévoilent peu à peu de nouveaux scandales commis sous l’ancien régime. Chaque jour apporte son lot de révélations, les unes plus choquantes que les autres. Chaque jour, de nouveaux visages défilent aux Casernes centrales, à la ‘Financial Crimes Commission’ (FCC) ou à l’‘Anti-Money Laundering Unit’ du CCID à la Sterling House à Port-Louis. Harvesh Seegolam, les frère et sœur Adam, Jitendra Bissessur, Aditi Boolell, Rao Ramah… Même l’ancien ministre de la Santé Kailesh Jagutpal a été entendu « under caution » pour une affaire d’agression alléguée cette semaine. Ce qui démontre clairement que les institutions investigatrices ne chôment pas.

Pourtant, la population semble rester sur sa faim. Pourquoi Harvesh Seegolam n’était-il pas menotté lors de sa comparution en cour ? Pourquoi les Adams n’ont-ils pas été envoyés pour « craz masala » à Alcatraz ? Pourquoi l’interrogatoire de Rao Ramah traine-t-il autant ? Des questions somme toutes légitimes. Mais c’est là que se situe la différence. Le régime MSM se servait de la police pour agir de façon spectaculaire pour instaurer la peur parmi la population. Le présent gouvernement met l’accent sur l’indépendance des enquêtes, en privilégiant la diligence et la sérénité. Le but de l’ancien régime visait uniquement à « punir » ses opposants, quitte à ce que les charges provisoires soient ensuite rayées. L’objectif du gouvernement actuel vise essentiellement à sanctionner ceux qui ont causé du tort à notre économie et à notre pays. En vérité, tout sépare le régime dictatorial de Pravind Jugnauth au gouvernement démocratique de Navin Ramgoolam. Le style est différent. Les résultats le seront aussi. On en est certain. On ne peut pas, en deux mois, effacer ce que le MSM a fait en dix ans. Donnons donc du temps au temps.

Cela s’applique également aux autres promesses faites par l’Alliance du Changement. On pense notamment à l’élection du Président ou de la Présidente de la République par un collège électoral et la mise sur pied d’un ‘Constitutional and other Appointments Authority’ pour les nominations, entre autres. Bien qu’il soit vrai que, forte du 60-0 qu’elle a eue haut la main, l’Alliance du Changement a une grande marge de manœuvre pour faire les réformes promises, il faut aussi se rendre à l’évidence. Les deux mois premiers mois de ses dirigeants au pouvoir ont été grandement monopolisés par deux dossiers prioritaires : l’économie et les négociations concernant les Chagos. Même le discours-programme a dû être repoussé à cette semaine. Au lieu de lui faire un procès d’intention, donnons au nouveau gouvernement le temps qu’il lui faut pour venir avec des consultations et des cadres législatifs appropriés avant de réaliser ses promesses. Il serait injuste de croire que le gouvernement peut tout concrétiser en deux mois alors qu’il a été élu pour un mandat de cinq ans.

En parlant de ces deux mois, ils n’ont pas été vains, plusieurs promesses faites avant et pendant la campagne électorale ayant déjà été réalisées, dont :

  • Paiement du quatorzième mois à 90% des salariés ;
  • Baisse de Rs 5 sur le litre d’essence et du diesel, ce que le MSM avait refusé de faire pendant des années ;
  • Rétablissement de la démocratie parlementaire, le Premier ministre ayant même répondu à une dizaine de questions lors du PMQT le 17 décembre dernier, contrairement à Pravind Jugnauth qui ne répondait quasiment qu’à une seule ;
  • Gel du réenregistrement des cartes SIM ;
  • Réintroduction d’un minimum de 3 credits pour accéder au HSC
  • Publication des rapports du ‘Fact Finding Committee’ (FFC) et du ‘Medical Negligence Standing Committee’ (MNSC) sur la mort des 11 patients dialysés pendant la Covid-19
  • Annonce des ‘Regulations’ pour régulariser la dimension des ‘kanwars’ pour le Maha Shivratri et le Cavadee afin de prévenir des malheureux incidents et des pertes de vie, comme on en a connu dans le passé ;
  • Liberté retrouvée des internautes de s’exprimer librement sur les réseaux sociaux.

Passé les 100 jours de grâce, d’autres réalisations viendront sans doute s’ajouter à cette liste. L’optimisme est donc de mise.