Ses proches envisagent des actions légales contre les autorités

Décès de l’aide-soignante Parveen Toofany

Le ‘Ministry of Health Employees Union’ a organisé, mercredi, une ‘candlelight’ en hommage à l’aide-soignante Parveen Toofany, décédée la semaine dernière à l’âge de 43 ans. Après avoir subi une hémorragie cérébrale, cette habitante de Quartier Militaire avait été admise aux soins intensifs de l’hôpital Jeetoo. Malheureusement, après plus d’une semaine d’hospitalisation, elle a rendu l’âme le 21 juin dernier.

Aabid Mungur, le neveu de Parveen Toofany, présent à l’événement, nous confie que la famille a du mal à accepter que sa tante ne soit plus parmi eux. Le jeune garçon nous raconte qu’il vivait chez elle et affirme que les membres de la famille étaient conscients du problème qui avait débuté lors de la pandémie de Covid-19 et qui affectaient les employés de l’˙hôpital de Moka.

Aabid indique que sa tante avait fait des requêtes concernant les difficultés, dont le surménage, auxquelles elle était confrontée, mais qu’elles n’ont pas été prises en considération. Il affirme qu’elle avait même demandé un transfert, mais que cela lui a été refusé. Une lettre a également été remise aux autorités, mais rien n’a été fait à ce sujet. De plus, le neveu de Parveen Toofany affirme que sa tante était victime de chantage de la part des autorités.

Pour l’instant, la famille envisage d’entamer des démarches légales, car elle veut faire la lumière sur la mort de leur proche, et que justice soit rendue. « Nous prend nou avocat nous pou ale lacour et nou pou decide de la marche à suivre », a déclaré Aabid.

Manque de personnel dans les hôpitaux

Amarjeet Seetohul, président de la ‘Ministry of Health Employees Union’, énumère, pour sa part, les nombreux problèmes liés à cette tragédie, ainsi que ceux auxquels le personnel de santé est confronté. Il souligne que le nombre de patients augmente de manière significative, tandis que le personnel pour combler les lacunes et alléger la charge de travail des aides-soignants est insuffisant. D’ailleurs, Parveen Toofany, assaillie par le ‘workload’ conséquent, lui en avait fait part et estimait qu’il fallait embaucher davantage de personnel soignant.

« Lorsqu’en tant que président, j’ai exposé ces faits à la direction, on m’a informé qu’aucun salarié supplémentaire ne serait recruté, et qu’on devra faire avec les effectifs existants. Je considère cela comme inacceptable. En fin de compte, c’est l’épuisement professionnel du personnel qui a conduit à une telle situation », déplore Amarjeet Seetohul. Le président du syndicat regrette que rien ne soit fait pour remédier à la situation.

En ce qui concerne le manque de personnel, Amarjeet Seetohul ajoute que cette question a été soulevée à maintes reprises auprès du ministre Kailesh Jagutpal, mais qu’aucune mesure n’a été prise. La situation perdure non seulement au ‘Subramania Eye Hospital’, mais également dans d’autres hôpitaux à travers l’île. Il demande qu’une solution soit trouvée d’urgence pour résoudre le problème de l’épuisement professionnel des employés, et met également l’accent sur le fait que le recrutement ne peut pas se faire de manière arbitraire. Selon lui, le ministère doit mettre en place un comité bien structuré pour déterminer le nombre de personnes supplémentaires à recruter. Il revient également sur le fait que, selon la loi du travail, l’employeur doit être à l’écoute de l’employé.

« Je demande qu’une enquête approfondie soit menée afin de déterminer la cause du décès de Parveen Toofany, et j’atteste qu’il est important et primordial de savoir qui est responsable, et comment elle est décédée », déclare-t-il.

Amarjeet Seetohul insiste également sur le fait que le harcèlement gagne du terrain dans ce secteur, et regrette que le ministère ne prenne pas cette situation en considération. Malgré des rencontres avec les personnes concernées, la soumission des cas et l’assurance que le ministre en personne a pris conscience de ce problème, rien n’a été fait. « Ne rien faire pour combattre ce problème donne l’opportunité aux harceleurs de continuer leurs méfaits. Je lance  donc un appel au ministère afin qu’il revoit ces problèmes en profondeur, et que le personnel puisse travailler sans faire face à une telle situation », conclut-il.

Radhakrishna Sadien : « Nous espérons que le ministère mènera une enquête approfondie »

Évoquant le cas de la Health Care Assistant, Radhakrishna Sadien souligne que la situation ne date pas d’aujourd’hui. Il avait déjà attiré l’attention du ministère sur le manque de personnel dans le secteur de la santé. Les employés sont actuellement sous pression et il en a déjà fait part au ministre. Il a également rappelé que lors des consultations budgétaires récentes, le GSEA (Government Services Employees Association) avait demandé une augmentation des effectifs, mais cela n’a pas été pris en considération. « Voici le résultat », affirme-t-il.

 « Nous sommes profondément touchés par ce qui s’est passé avec l’employée, et nous espérons que le ministère de la Santé mènera une enquête approfondie dans ce cas particulier afin d’éviter une telle situation à l’avenir », lance-t-il. Radhakrishna Sadien demande que des mesures correctives soient prises pour garantir un nombre suffisant de personnel dans les différents secteurs des hôpitaux, que ce soit dans la pharmacie ou le département des radiographies. Il dit avoir soulevé ce problème à plusieurs reprises, en vain. « En dehors des cliniques privées, nous avons environ 15 hôpitaux dans le pays, mais seulement 4 cabinets de recrutement. Comment est-il possible de travailler dans de telles conditions ? », interroge-t-il.

 « Comment peut-on prétendre avoir une bonne qualité de vie lorsque les employés travaillent dans des conditions inappropriées ? Il est nécessaire de revoir toute la stratégie afin de remédier à ce problème », conclut-il.