Sudhir Sesungkur : « Une ‘source of fund’ douteuse peut donner lieu à un blanchiment d’argent massif »

Sudhir Sesungkur, ancien ministre de la Bonne gouvernance et des services financiers, ne cache pas ses appréhensions par rapport à la Silver Bank Ltd. Il reconnait que cette affaire pourrait être susceptible de nuire à notre secteur financier si jamais il est avéré que la Banque centrale a échoué devant ses responsabilités et obligations quant à l’octroi de ce permis bancaire. Il déplore que les autorités compétentes n’ont tiré aucune leçon de l’affaire Ketan Somaia. « Comment la Banque centrale a-t-elle pu accepter qu’un actionnaire détient 75 % d’actions dans une banque alors que, selon la loi, le seuil ne doit pas dépasser 20 % ? », s’interroge-t-il. Cela est très grave, dit-il, car cela offre la possibilité à un tel actionnaire de « tire tou so kas li allé ».

Il insiste aussi sur le fait que la BoM a l’obligation de connaître non seulement la « source of fund », qui doit être « beyond any suspicion », d’un actionnaire, mais également sur l’identité du « Ultimate Beneficial Owner » (UBO). Il se demande ainsi, dans le cas présent, si ce n’est pas Prateek Gupta qui est l’UBO à travers son épouse Ginny Gupta. Si cela s’avère, dit Sudhir Sesungkur, il est d’importance capitale de savoir si l’argent investi dans cette banque provient d’une source propre. D’ailleurs, précise-t-il, si la « source of fund » est propre, il n’y a pas lieu de se cacher derrière une société écran ou un ‘Special Purpose Vehicle’ (SPV), comme cela semble être le cas dans cette affaire. « How do you check the fitness and properness of a SPV ? Comment la BoM peut-elle boucler son dossier dans un tel cas ? », se demande l’ancien ministre de la Bonne gouvernance.

« La BoM n’a jamais transgressé sur ces points dans le passé. Car une « source of fund » douteuse peut donner lieu à un blanchiment d’argent massif », explique-t-il. Sudhir Sesungkur met, dans la même foulée, le ‘Receiver Manager’ du défunt Banyan Tree Bank devant ses responsabilités. « Il avait la responsabilité d’assurer que le repreneur ait une ‘clean source of funds’ », dit-il. Mais la responsabilité finale, poursuit-il, demeure entre les mains de la Banque centrale. « Une institution aussi importante que la BoM n’a pas le droit de dévier des règlements et des grands principes qui régissent le secteur bancaire. Il faut qu’une ‘extensive due diligence’ soit faite, même si cela doit prendre une ou deux années. « Pas kapave prend simin coupé dans bane zafer pareil », avance-t-il.