[100 premiers jours du gouvernement Ramgoolam] Pouvoir d’achat, libertés, réformes : Des signes de changement notables

L’année 2024 a marqué le retour triomphal de Navin Ramgoolam à la tête du pays après une décennie d’absence. Plébiscité par les électeurs, il a pris les rênes du gouvernement avec pour mission de restaurer la démocratie, redresser une situation économique préoccupante et rétablir la confiance des Mauriciens envers leurs institutions.

Après cent jours aux commandes, l’heure est au premier bilan. Des réformes majeures ont été initiées pour garantir l’indépendance des institutions, réaffirmer les libertés et améliorer le quotidien des citoyens. Voici un état des lieux des premières mesures mises en œuvre par le gouvernement Ramgoolam III.

Indépendance des institutions

L’une des priorités du gouvernement a été de restaurer l’indépendance des grandes institutions, mises à mal par l’ingérence politique sous l’ancien régime.

Le commissaire de police, autrefois sous influence directe du PMO et de Lakwizinn, peut désormais agir sans interférence. Une avancée majeure illustrée par l’arrestation de Pravind Jugnauth, qui s’est faite sans intervention du pouvoir en place. De même, le gouvernement a modifié la FCC Act pour restituer au Directeur des Poursuites Publiques (DPP) les pouvoirs qui lui avaient été confisqués sous l’ancien régime et confiés à un nominé politique, Navin Beekarry.

Autre changement significatif : la Banque Centrale, désormais libérée de toute ingérence gouvernementale, peut mener sa politique monétaire en toute autonomie. Du côté des médias, la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) a retrouvé son indépendance éditoriale, offrant enfin une information impartiale après des années de propagande gouvernementale. Un changement salué par les téléspectateurs, qui ont désormais accès à un JT jugé plus neutre et plus fiable.

Retour à une démocratie saine

Le nouveau gouvernement a également entrepris de redonner au Parlement son rôle central, en mettant fin aux pratiques autoritaires de l’ancienne majorité.

  • Les suspensions arbitraires de députés de l’opposition par l’ancien Speaker sont révolues.
  • Les séances parlementaires sont redevenues un véritable espace de débat et le PMQT a retrouvé ses lettres de noblesse – Le Premier ministre a répondu à au moins une dizaine de questions lors d’une des premières séances parlementaires, alors que Pravind Jugnauth ne répondait qu’à une ou deux, et ce, uniquement pour mener une politique de bas étage contre ses adversaires au Parlement.
  • Les écoutes téléphoniques massives ont été stoppées, mettant fin à un système de surveillance intrusive qui avait coûté Rs 5,3 milliards à l’État.

Autre avancée démocratique majeure : l’organisation imminente des élections municipales, attendues depuis 2015 mais repoussées à plusieurs reprises. Un comité ministériel a été mis en place pour encadrer cette réforme et moderniser l’administration régionale.

La liberté d’expression restaurée

Sous l’ancien régime, les citoyens étaient sous surveillance constante, notamment sur les réseaux sociaux, où la ‘cyber patrol’ traquait les opinions dissidentes. En seulement trois mois, le gouvernement Ramgoolam a mis un terme à ces pratiques liberticides, permettant aux internautes de s’exprimer librement sans craindre de représailles.

Par ailleurs, le projet controversé de réenregistrement des cartes SIM, qui soulevait d’importantes inquiétudes en matière de protection des données personnelles et de surveillance étatique, a été gelé. Cette décision marque une volonté claire de restaurer la confiance entre l’État et les citoyens, tout en préservant les libertés fondamentales.

La valeur de la roupie stabilisée malgré une situation économique tendue

Avec une dette publique ayant explosé de Rs 214 milliards en 2014 à Rs 608 milliards en 2024, le gouvernement Ramgoolam a dû agir rapidement pour atténuer la pression économique sur les citoyens.

  • Baisse du prix du carburant : Le gouvernement a réduit le prix de Rs 5/litre, un soulagement pour les ménages et les compagnies. À titre de comparaison, l’ancien gouvernement n’avait procédé à aucune baisse depuis plusieurs années.
  • Stabilisation de la roupie : Grâce aux premières mesures économiques adoptées, la monnaie locale a pu être stabilisée face aux principales devises (USD, GBP, EUR).
  • Réduction des prix des médicaments et des produits de base : Le ministère du Commerce travaille activement sur cette problématique pour alléger le coût de la vie.

Autres réformes : Éducation, drogue et gouvernance

  • Éducation : Retour aux anciens critères d’admission en Grade 12 (HSC), exigeant trois crédits au lieu de cinq.
  • Lutte contre la drogue : Création d’une National Drug Policy, Monitoring and Coordination Agency, dirigée par Sam Lauthan, un des assesseurs de la commission d’enquête sur la drogue et travailleur social de longue date.
  • Mise en place d’un suivi gouvernemental :
    • Un High-Level Steering Committee a été instauré au PMO pour assurer la concrétisation des promesses électorales.
    • Des conseils des ministres dédiés sont tenus régulièrement pour faire le point sur les progrès réalisés.

Les grands chantiers à venir

Si les premiers mois du gouvernement ont été marqués par des avancées significatives, plusieurs défis majeurs restent à relever, notamment en matière d’eau et d’énergie. En effet, le Central Electricity Board (CEB) et la Central Water Authority (CWA) sont aujourd’hui financièrement dans le rouge. Le manque d’investissements sous l’ancien gouvernement met aujourd’hui une pression énorme sur les infrastructures.

Concernant l’accès à l’eau 24/7, aucun nouveau réservoir n’a été construit ces dix dernières années. Le fisco du projet du réservoir de Cluny, inauguré en grande pompe en 2023 mais inutilisable en raison de fissures, illustre les défaillances de la gestion passée.

De même, la transformation du paysage énergétique de Maurice constitue un défi complexe mais incontournable. La demande en électricité ne cesse d’augmenter, mais la capacité de production n’a pas été revue à la hausse ces dernières années. La transition énergétique qui s’impose exige des investissements importants dans les infrastructures, ainsi qu’une évolution des comportements individuels et collectifs.

En bref, en 100 jours, le gouvernement de Navin Ramgoolam a réussi à poser les bases d’un renouveau démocratique et institutionnel. L’indépendance des grandes instances de l’État a été restaurée, des avancées majeures ont été faites pour protéger les libertés fondamentales, et des mesures concrètes ont été prises pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens. Les défis restent nombreux, mais il reste 5 ans pour les relever !