[4e rapport du PAC] Quand l’argent public part en fumée dans les ministères

Le Public Accounts Committee (PAC), composé de neuf membres dont cinq du gouvernement et quatre de l’opposition, a présenté son quatrième rapport, mettant en lumière diverses irrégularités au sein de quatre ministères mauriciens. Lors d’une conférence de presse jeudi, le président du comité, Reza Uteem, a exposé les principales conclusions de cette analyse approfondie. Les ministères de la Sécurité sociale, de l’Agro-Industrie, des Affaires étrangères et de Rodrigues ont été passés au crible cette année. Le rapport souligne des problèmes récurrents, notamment dans la gestion des fonds publics et l’exécution des projets.

Le ministère de la Sécurité sociale est particulièrement pointé du doigt pour ses versements excessifs de pensions. Entre juin 2019 et juin 2022, le montant des trop-perçus a oscillé entre 114 et 106,3 millions de roupies, avec un taux de recouvrement dérisoire. Le PAC fustige cette situation, jugeant inadmissible que des sommes colossales soient allouées à tort à des personnes non éligibles ou décédées, et déplore l’inefficacité des actions de recouvrement.

Concernant Rodrigues, le constat est alarmant : aucune amélioration significative n’a été observée depuis le précédent rapport. Des problèmes de gestion de projets, des dépassements de coûts et des retards dans l’achèvement des travaux ont été relevés. Reza Uteem a attribué ces difficultés à un manque de personnel qualifié, un facteur qui continue de freiner l’avancement des projets dans cette région.

L’Agro-industrie n’est pas en reste, épinglée pour des irrégularités dans la quarantaine du bétail importé. Un cas flagrant est souligné : en juin 2023, 200 bovins ont été commercialisés pour l’Eid-ul-Adha sans passer par la case quarantaine, soulevant un sérieux problème de santé publique. Par ailleurs, le rapport déplore que des parcelles potentiellement destinées aux planteurs n’aient pas fait l’objet d’un arpentage adéquat, ratant ainsi une opportunité de dynamiser l’agriculture locale.

Aux Affaires étrangères, un incident a particulièrement retenu l’attention du PAC. En novembre 2021, le Haut-Commissaire en poste à Kuala Lumpur a fait fi des directives ministérielles en décidant unilatéralement de relocaliser la mission diplomatique. Cette initiative non autorisée a engagé les finances de l’État mauricien, sans qu’aucune mesure disciplinaire ne soit prise. Le comité s’alarme de voir un nominé politique s’affranchir ainsi des protocoles établis en toute impunité.

Face à ces constats, Reza Uteem a lancé un appel ferme aux fonctionnaires, les exhortant à mettre en œuvre les recommandations du PAC. Il a souligné la nécessité pour ces derniers de prendre leurs responsabilités, sous peine de sanctions. Le président du comité a également plaidé pour une refonte du système, prônant une plus grande autonomie dans la gestion des fonds publics. Il a en outre suggéré que le rapport fasse l’objet d’un débat parlementaire, dans un souci de transparence accrue. Enfin, il a proposé d’étendre le champ d’action du PAC aux organismes paraétatiques.