Adieu à l’indépendance de l’IBA :Après Choomka, un autre proche du MSM nommé ‘chairman’

L’« independent Broadcasting Authority » (IBA) n’est plus indépendante. Cette autorité censée être indépendante sera, une fois de plus, dirigée par un proche du pouvoir. Après la nomination de Youshreen Choomka, membre actif du MSM jusqu’à sa démission forcée suivant une polémique concernant des investisseurs étrangers, comme présidente et éventuellement directrice de l’IBA sous le précédent gouvernement, c’est maintenant au tour de Bhooneswar Rajkumarsingh d’occuper le poste de chairman de cette instance régulatrice. Sa nomination a été avalisée par le conseil des ministres, vendredi.

Les affinités politiques de Bhooneswar Rajkumarsingh avec le MSM date de plusieurs années. Il avait été élu président du conseil de district de Flacq en décembre 2014, soit peu après les élections générales qui avaient conduit la défunte Alliance Lepep au pouvoir. Suivant le vœu du MSM, il devait être reconduit à ce poste en 2016 avant d’être battu par Vikram Hurdoyal, l’actuel ministre du Service civil. Une proximité qui n’est peut–être pas étrangère à sa nomination.

Mainmise consolidée sur les institutions

Cette nomination, est-on tenté de dire, s’insère dans la logique de « continuité » prônée par le gouvernement, soit celle visant à consolider sa mainmise sur les institutions clés de l’État. Ceux qui croyaient que le gouvernement de Pravind Jugnauth allait enfin rompre avec ses vieilles pratiques avaient donc tort, bien qu’il ait soutenu dans son discours programme que « Government is committed to enhancing transparency and accountability mechanisms within our institutions ». De belles promesses certes, mais qui ne seront, une fois de plus, pas traduites dans la réalité, comme le prouve la nomination de Bhooneswar Rajkumarsingh.

Cette nomination démontre l’entêtement du gouvernement à tout vouloir contrôler. Un proche du pouvoir à la tête de l’IBA serait synonyme d’un contrôle sur tout ce qui se dit sur les ondes des radios privées. Les opinions contraires au gouvernement seront ainsi passées à la loupe avant que le couperet ne tombe. Certaines de ces convocations ne sont ni plus ni moins qu’un harcèlement visant à intimider les responsables d’émissions et les journalistes. Cette politique d’intimidation se poursuivra sous le présent mandat, paraît-il. Tant pis pour la bonne gouvernance et le respect des institutions.