[Affaire Kistnen] L’enquête relancée avec le soutien d’experts internationaux

Quatre ans après le décès de Soopramanien Kistnen, l’affaire continue de hanter le paysage judiciaire mauricien, révélant les failles profondes d’un système qui n’a pas su faire émerger la transparence sous l’ancien régime de Pravind Jugnauth. Initialement classé comme un suicide, cette mort brutale a rapidement révélé des incohérences troublantes. L’implication présumée de figures politiques, notamment l’ancien ministre du Commerce Yogida Sawmynaden, a ajouté une dimension complexe à cette affaire qui dépasse le simple fait divers.

Des révélations accablantes

Lors de sa déclaration à l’Assemblée nationale ce mardi 4 mars, le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, n’a pas mâché ses mots. « Depuis 4 ans maintenant, il est clair qu’il n’y avait aucune volonté du gouvernement précédent d’élucider ce crime atroce. Au contraire, ils ont fait un cover-up et ont dit que c’était un suicide », a-t-il déclaré, démontrant sa détermination à faire toute la lumière sur cette affaire.

Le rapport judiciaire de novembre 2021 a été un séisme dans l’appareil policier et médical. Les investigations ont révélé des détails glaçants : sur les 98 personnes auditionnées, plusieurs témoignages ont mis en lumière des dysfonctionnements majeurs. La magistrate instructrice a été particulièrement cinglante, dénonçant un « nouveau niveau d’incompétence » et pointant du doigt un rapport post-mortem manifestement manipulé.

Le médecin légiste, Dr Ananda Sunassee, a été directement mis en cause pour avoir orchestré un examen post-mortem fallacieux. La magistrate a évoqué qu’il concluait frauduleusement à un suicide, alors que tous les indices semblaient pointer vers un homicide.

Une nouvelle dynamique judiciaire

Le Premier ministre a été catégorique : « Je ne suis pas du tout satisfait de la manière dont les investigations ont été menées dans ce dossier ». Cette détermination se traduit par des actions concrètes : constitution d’une équipe spéciale au CCID, nomination d’un expert en investigations criminelles et ouverture à une collaboration internationale.

« J’ai déjà pris des actions pour faire appel à des organismes d’investigation étrangers afin d’aider la Police dans ses investigations », a souligné le Premier ministre. Un ancien officier de police spécialisé dans les affaires criminelles a été nommé conseiller auprès du CCID, avec pour mission de reprendre l’enquête et de lever tous les non-dits.

Pour les proches de Soopramanien Kistnen, chaque jour qui passe est un nouveau combat. Leur quête de vérité dépasse le cadre familial : elle est devenue le miroir des aspirations démocratiques d’une nation. L’affaire Kistnen continuera d’être suivie avec attention. Son dénouement sera peut-être plus qu’une simple résolution judiciaire : un signal envoyé à toute une société sur sa capacité à reconnaître ses propres dysfonctionnements.