Maurice est l’un des rares pays au monde où les compatriotes de différentes confessions se côtoient en toute fraternité. Les églises, kovils, pagodes ou mosquées se retrouvent, dans bien de cas, les unes à proximité des autres sans que cela ne donne lieu à des hostilités. Nos enfants, qu’ils soient filles ou garçons, ne sont pas exposés, Dieu merci, à des risques de crimes fanatiques, comme le fut la petite Asifa Bano qui, en raison de sa confession musulmane, a été droguée, séquestrée, violée, torturée et finalement assassinée sauvagement dans une temple hindoue au Kathua dans l’état indien de Jammu et Cachemire. Ici, nous nous enorgueillons de vivre en paix, en harmonie et dans l’unité malgré nos diversités religieuses, culturelles ou linguistiques. C’est précisément cette pluriculturalité qui fait la beauté de notre île. Et c’est un atout que nous aimons vanter quand il s’agit de promouvoir notre pays comme une destination touristique hors-pair.
Il va ainsi sans dire que, dans un pays multiracial et pluriculturel tel que le nôtre, il nous faut être extrêmement vigilants afin que nous ne heurtions pas les sensibilités religieuses et culturelles de nos compatriotes. Chacun d’entre nous doit être libre de pratiquer sa religion et de respecter ses traditions et ses cultures sans qu’il ne soit sujet à des récriminations en tous genres. C’est d’ailleurs un des droits fondamentaux que nous garantit la Constitution de Maurice. Quand un établissement hôtelier, sous prétexte du respect du code vestimentaire, s’attaque à la culture d’une employée de foi hindoue en l’interdisant de porter le ‘tika‘, cela a de quoi nous alarmer. Tout comme nous aurions été scandalisées si une femme musulmane avait été interdite de porter le voile au boulot. Nous sommes tout aussi indignées quand un employé d’une ambassade mauricienne à l’étranger subisse des préjudices parce qu’il a osé dénoncer son supérieur vu que celui-ci exigeait qu’il coupe ses dreadlocks.
Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, ou qui feignent de ne pas comprendre, le ‘tika‘, le hijab ou encore les dreadlocks sont partie intégrante des différentes religions et cultures existantes à Maurice. Leur interdiction au travail ou ailleurs n’est pas uniquement synonyme de discrimination. Que nenni. Elle s’attaque aussi et surtout à la croyance religieuse de nos compatriotes. Ce qui n’est ni plus ni moins qu’une violation des droits fondamentaux de nos citoyens. Tout en laissant une plaie béante à ceux qui l’endurent. Imaginons pour un seul instant la souffrance et la révolte de cette employée qui s’est vue infligée trois avertissements parce qu’elle ne faisait que respecter sa culture en portant fièrement son ‘tika‘. Comme si cette triple sanction n’était pas suffisante, la direction de The Residence a cru bon de pondre, dans un communiqué, que le ‘tika‘ est contraire aux normes d’hygiène ! Insensé! Une ânerie qui aurait pu provoquer des tensions raciales dans le pays.
Heureusement que le ministère du Travail et des relations industrielles est intervenu à temps pour désamorcer la situation. Cette intervention ferme du ministère de Soodesh Callichurn doit servir d’exemple à ces employeurs qui se croient encore permis de jouer avec la religion et la culture. L’unité dans la diversité ne doit pas être une vaine expression. Elle doit être mise en pratique en respectant surtout les croyances de nos compatriotes. Et elle doit être appliquée partout, fut-il dans un établissement hôtelier ou dans une ambassade. Ce n’est qu’alors que nous pourrons être vraiment fiers de notre nation arc-en-ciel.