[Campagne électorale] Les réseaux sociaux jouent un rôle croissant

À l’approche des élections, les réseaux sociaux comme TikTok et Facebook occupent une place centrale dans la stratégie politique. Ces plateformes offrent une opportunité sans précédent aux candidats pour atteindre les électeurs, mais sont aussi marquées par la prolifération de contenus douteux. Cette transformation numérique soulève une question majeure : jusqu’à quel point les réseaux sociaux vont-ils impacter les choix électoraux ?

Selon le Dr Avinash Ramtohul, consultant en cybersécurité et lui-même jeune politicien travailliste, les plateformes comme Facebook et TikTok captivent principalement les jeunes de 18 à 35 ans, une tranche d’âge cruciale lors des élections. Grâce à des algorithmes sophistiqués, ces réseaux savent quels contenus attirent et influencent les jeunes. Raison pour laquelle, selon lui, l’enregistrement des cartes SIM pourrait être utilisé pour collecter des informations sur ces jeunes électeurs, permettant une analyse psychographique et psychométrique. Ces analyses aident à comprendre les préférences des jeunes et à évaluer leur capacité à recevoir et traiter l’information, permettant aux partis de créer des messages ciblés.


Propagation rapide des infos
De plus, les réseaux sociaux jouent un rôle important en permettant la circulation rapide des informations. « Ces plateformes permettent à un message de se propager d’un groupe à un autre en un temps record », explique le Dr Avinash Ramtohul. Cependant, il souligne aussi que la nature de ces messages est souvent influencée par les intentions de la personne qui les publie. Si une information est déformée dès le départ ou mal interprétée, elle peut rapidement devenir fausse ou trompeuse. Bien que des organismes comme la Cybercrime IT Unit ou Mauritian Cybercrime Online Reporting System (MAUCORS) existent pour réguler ces pratiques, leur efficacité reste limitée. Le Dr Ramtohul insiste sur la nécessité de mettre en place des mesures techniques plus strictes et de former les utilisateurs aux bonnes pratiques des réseaux sociaux.

Un autre problème relevé est la différence de traitement et d’action de la part des autorités. Par exemple, lorsqu’un utilisateur critique le gouvernement sur Facebook, les plaintes sont souvent traitées rapidement. En revanche, lorsque des commentaires offensants ou des attaques sont dirigés contre l’opposition, les actions peuvent prendre plus de temps ou parfois même passer inaperçues. Pour éviter ces dérives, le Dr Ramtohul insiste sur la nécessité de mettre en place des mesures techniques plus strictes et de former les utilisateurs aux bonnes pratiques des réseaux sociaux, afin de garantir une utilisation plus responsable de ces plateformes dans le cadre d’un processus électoral équitable.

La population des jeunes électeurs âgés de 18 à 25 ans représente environ 22% de l’électorat à Maurice. Pour communiquer efficacement avec l’ensemble de la population, y compris la diaspora, les politiciens doivent adopter un modèle hybride, combinant une présence sur les réseaux sociaux et des rencontres sur le terrain.

Danger des fake news et des deepfakes

Le Dr Avinash Ramtohul met aussi en garde contre des manipulations sophistiquées, en utilisant les ‘deepfakes’ : « Les deepfakes modifient subtilement la réalité, rendant presque impossible de discerner ce qui est authentique de ce qui ne l’est pas. » Leur capacité à se répandre rapidement avant toute intervention des autorités est particulièrement inquiétante en période électorale. Notre interlocuteur est ainsi d’avis qu’il faudrait un cadre juridique, comme celui mis en place par l’Union Européenne avec l’introduction de l’IA Act, pour réguler l’usage de l’intelligence artificielle. Une législation stricte est d’ailleurs nécessaire pour assurer une utilisation éthique et responsable de l’IA dans un contexte électoral, comme c’est actuellement le cas à Maurice.