Samedi 1er février, Maurice a célébré avec solennité le 190ᵉ anniversaire de l’abolition de l’esclavage à travers une série d’événements marquants. Entre cérémonies officielles, performances artistiques et hommages symboliques, cette journée a permis de raviver la mémoire de ceux qui ont souffert sous le joug de l’esclavage et de rappeler leur contribution essentielle à l’histoire du pays.
Sur la plage du Morne, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Premier ministre, accompagné de plusieurs dignitaires, a déposé des gerbes au pied du Monument de la Route internationale des esclaves. Le moment de recueillement a été suivi de prestations culturelles poignantes, dont des slams et des chants mettant en avant la lutte et l’héritage des esclaves.
Dr Navin Ramgoolam : un message de mémoire et d’unité
Lors de son discours, le Premier ministre a rappelé l’importance de connaître et de préserver l’histoire du pays : « Quand un pays ne connaît pas son histoire, c’est un bateau sans gouvernail. Quand on regarde ce site, le Morne, il est emblématique. Il est un témoin vivant qui raconte une partie de l’histoire du pays : l’esclavage. » Il a insisté sur le fait que l’esclavage concerne toute la nation mauricienne : « L’esclavage fait partie de l’histoire de notre pays, et il ne concerne pas juste une communauté. C’est une douleur que chaque Mauricien peut ressentir en imaginant ce par quoi les esclaves sont passés. »
Évoquant la symbolique du Morne, le Dr Navin Ramgoolam a salué le courage extraordinaire des esclaves marrons : « Cette montagne est un symbole de résistance, mais aussi une célébration de la liberté et du courage. Imaginez un esclave qui saute de cette montagne, préférant la mort à l’asservissement. Ils ont été pourchassés, mais ils ont choisi de mourir libres plutôt que de redevenir esclaves. » Il a ensuite fait un parallèle historique avec la lutte pour la liberté dans d’autres parties du monde : « En 1775, lors de la guerre d’indépendance des colonies américaines contre l’Angleterre, un politicien a prononcé cette phrase marquante : Give me liberty, or give me death. » Abordant la situation politique récente, il a souligné l’importance de la liberté et de l’unité nationale : « Aujourd’hui, ce n’est pas un jour pour faire de la politique, mais nous savons tous par quoi nous sommes passés entre 2015 et 2024. Notre liberté a été piétinée. Quand nous protestions contre les abus et les injustices, nous risquions d’être enfermés comme des criminels. Mais la grande majorité des Mauriciens a choisi la liberté, et je les salue. »
Le Premier ministre a également mis en avant trois valeurs fondamentales qui doivent guider le pays : « Trois choses sont essentielles dans la vie : la dignité, la liberté et la solidarité. Nous devons connaître notre histoire pour corriger les injustices et avancer ensemble. » Enfin, Le Dr Navin Ramgoolam a salué l’introduction du créole mauricien en Grade 12 (HSC), soulignant l’importance de l’apprentissage dans la langue maternelle des élèves. Il a conclu sur un message d’unité et d’espoir : « ‘Nou tou zanfan bondie’. Je veux que tous les enfants mauriciens sentent qu’ils appartiennent à Maurice. Quand nous avançons ensemble, nous progressons. Je suis convaincu que nous réussirons à faire de notre île un grand pays si nous restons unis. Ene pei, ene nation, ene destin. Comme Barack Obama le disait : Yes, we can ! »
En replaçant l’abolition de l’esclavage dans son contexte historique, le Vice-Premier ministre Paul Bérenger a pour sa part évoqué l’impact de la traite négrière sur l’Afrique et la région, ainsi que les luttes menées contre l’asservissement. Il a rendu hommage aux esclaves et aux travailleurs engagés qui, à travers l’histoire, se sont révoltés pour leur liberté, faisant le lien avec la révolution haïtienne et l’abolition de l’esclavage en France.














