Depuis la mise sous administration de Padco : 130 Bangladais abandonnés sans eau et sans nourriture

130 travailleurs bangladais ont été abandonnés à leur sort dans un endroit retiré près de Vale, après que leur compagnie a été mise sous administration judiciaire. Sans eau, sans électricité, sans nourriture, ils essaient de survivre comme ils peuvent… Cela alors que le ministère du Travail est parfaitement au courant de leur calvaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce sont des employés de la compagnie Phil Alain Didier Co. Ltd (PADCO), qui avaient été licenciés après que la compagnie avait été mise sous administration judiciaire le 7 juillet 2020. D’ailleurs, depuis leur expulsion, la compagnie PAD CO leur doit encore leur salaire. «Personne ne répond au téléphone quand on appelle. Au début, on répondait aux appels mais là plus personne ne répond », nous indique un Bangladais.

Or depuis, personne ne se soucie de leur situation, les laissant livrés à eux-mêmes. Mais comme on nous le fait comprendre, les autorités mauriciennes sont parfaitement au courant de leur existence.

À notre arrivée sur les lieux, on est pris par le désarroi de ces Bangladais, qui se retrouvent sans eau, sans électricité, et quasiment sans nourriture. Leur désespoir et leur anxiété sont palpables.

Nous constatons qu’aucune goutte d’eau ne coule des robinets. Cela fait des jours que cela dure, nous explique-t-on. L’électricité aussi a été coupée depuis plusieurs jours, ce qui fait que les Bangladais doivent dormir dans l’obscurité la plus absolue à la nuit tombée. C’est la peur, comme une chape de plomb, qui descend sur les lieux la nuit tombée.  « On peut à peine dormir le soir, avec les piqûres des moustiques », explique un Bangladais.

La cuisine  a aussi été fermée. On n’arrive pas à comprendre comment survivent ces personnes sans pouvoir préparer un repas convenable.

Le dortoir qui leur a été fourni est dans un état déplorable.  On n’a pas de mots exacts pour décrire ce qu’on a témoigné sur place. Une odeur nauséabonde, voire insupportable, imprégnait les lieux. Des amoncellements de dechets, des vêtements sales, des lits sans matelas, des ustensiles vides… Le regard peut difficilement s’echapper de ce caphaurnaum.

Les toilettes sont dans un état dégoutant, ce qui est rendu pire par l’absence d’eau courante. « On doit faire nos besoins dans les champs de cannes ou dans les broussailles », explique- Zulhash.

Ali Hussein est à Maurice depuis environ 8 ans déjà. Il ne cache pas son inquiétude. « Depuis quelques jours, on n’a ni électricité, ni eau courante, ni quelque chose à manger. Comment va-t-on survivre comme ça ? », s’interroge-t-il, en ajoutant qu’il ne peut même pas parler avec sa famille au Bangladesh, comme son portable est à plat, n’ayant pu le recharger, étant donné qu’il n’y a pas d’électricité.

Hafizur est lui à Maurice depuis 5 ans. Il se plaint de n’avoir pas d’eau pour pouvoir prendre un bain. Il demande qu’il puisse avoir au moins un billet d’avion pour pouvoir retourner dans son pays. « Si nous sortons de là, les autorités diront qu’on s’est sauvé. On est obligé de rester là malgré tout », déplore-t-il.

Alors qu’on était sur place, un véhicule du Central Electricity Board (CEB) se pointe. Un regain d’espoir parmi les Bangladais, mais il sera de courte durée. Les agents sont venus seulement pour vérifier le compteur et non pas pour rétablir le courant électrique.

 « Personne ne vient nous voir. Nous avons été abandonnés ici, comme si personne ne connaît notre existence », dénoncent les Bangladais, tout en réclamant qu’on leur donne au moins la possibilité de rentrer dans leur pays.

Le ministère du Travail semble s’être lavé les mains

Les Bangladais ont pris contact avec la Haute-Commission du Bangladesh, qui à son tour s’est tournée vers le ministère du Travail, mais à l’heure où nous mettions sous presse, il n’y a eu aucune réaction de ce dernier.

« Nous avons informé le ministère du Travail de notre situation, mais rien n’a été fait. On nous dit seulement de venir plus tard », dénoncent ces Bangladais

D’ailleurs, il y a quelques mois de cela, soit après la période de confinement, deux officiers du service sanitaire sont venus constater de visu leur situation. « Ils sont seulement venus pour inspecter et ont écrit dans leur dossier, mais à ce jour, rien n’a été fait pour remédier à notre situation », expliquent les Bangladais.

Est-ce que les autorités concernées s’en fichent comme d’une guigne que 130 personnes sont abandonnées à leur sort ? Est-ce que l’État est insensible face au sort de ces étrangers ? Est-ce parce que ce sont des personnes qui n’ont aucun recours ? Autant de questions qui restent posées.