Deux rapports soumis en juin et septembre prochain ?

Commission d’enquête sur la drogue

Toujours pas de précisions sur la fin des travaux de la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ex-juge Paul Lam Shang Leen et ses deux assesseurs, Sam Lauthan et le Dr Ravin Dhomun. Selon des sources proches de la commission, il n’est pas à écarter que deux rapports seront soumis.

La commission d’enquête sur la drogue a débuté ses auditions en 2015 et cette année, cela fera trois ans que Paul Lam Shang Leen et ses deux assesseurs Sam Lauthan et le Dr Ravin Dhomun ont auditionné pas moins d’une centaine de personnes.

Blanchiment d’argent, trafic de drogue, l’argent provenant de la drogue utilisé pour le financement de la campagne électorale, la commission a écouté plusieurs témoignages édifiants.

Pour ce début 2018, c’est le suspect Shahebzada Azaree, plus connu sous le nom de Dad, qui a été entendu par la commission sur différents appels internationaux. Mais les priorités pour cette année demeurent les témoignages du trafiquant présumé Navind Kistnah, du constable Basana Reddi, celui qui a dénoncé Dad Azaree, et de celui du témoin mystérieux, qui a déposé huit kilos de ciment à la commission d’enquête le 18 décembre dernier. Autre témoin très attendu devant la commission d’enquête, le Premier ministre lui-même, Pravind Jugnauth, qui a exprimé son souhait de venir déposer devant Paul Lam Shang Leen et ses assesseurs.

Pour l’heure, les enquêteurs de la commission d’enquête sur la drogue, l’équipe de l’assistant surintendant de police (ASP) Hector Tuyau et une équipe de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU), enquêtent sur le témoin mystérieux, surtout après que ses huit kilos d’héroïne se sont transformés en ciment. Pour l’heure, la commission d’enquête, ainsi que les enquêteurs, n’écartent aucune possibilité. Ce témoin a-t-il été piégé ou est-ce un acte délibéré pour qu’il se décrédibilise devant la commission ?

Selon nos sources, les enquêteurs ont consigné la version du témoin choc, par rapport à certaines révélations faites devant la commission. Mais à ce jour, il n’y a eu aucun développement, explique-t-on du côté de l’ADSU. Le même jour, plusieurs équipes de la brigade antidrogue ont été déployées dans diverses régions de l’île, mais en vain.

Toujours du côté de l’ADSU, on refuse de communiquer officiellement sur les huit kilos de ciment que le témoin choc a déposés. Des officiers présents le jour de son audition affirment qu’ils savaient le même jour que ce colis ne contenait pas de l’héroïne. « C’était quelque chose de si simple, nous sommes des officiers de la brigade antidrogue, avec beaucoup expérience, de loin, on peut facilement reconnaitre l’odeur de l’héroïne, mais quand le témoin mystérieux a déposé cela devant la commission, nous avons immédiatement su que ce n’était pas de la drogue », nous a confié un haut gradé présent ce jour-là. Mais les policiers enclenchent les procédures habituelles quand il y a saisie de drogue.

À la suite de ses dénonciations du 18 décembre dernier, les officiers de l’ADSU ont monté plusieurs opérations. D’une source proche de l’enquête, on nous affirme que cette affaire n’est pas encore close. Jusqu’ici, les détails sur les opérations en cour, et la suite que les policiers comptent donner à cette affaire sont tenus secrets. Mais une chose est sûre, les révélations ont été infructueuses jusqu’ici.

« On ne prend rien à la légère, c’est vrai, il nous a confié certaines choses, on travaille sur ces informations, c’est tout », nous confie-t-on du côté de l’ADSU. Une autre source que nous avons contactée, elle, ne mâche pas ses mots envers le témoin choc. « Ayo, plitot pas cozer, ki revelation ki finne ena, credible meme sa, depi zordi panne arrive nanien », nous a confié cette source.

Comme mentionné plus haut, l’une des priorités de 2018 demeure les dénonciations du témoin choc. Il se retrouvera prochainement devant la commission d’enquête pour d’autres séances quand les analyses du Forensic Science Laboratory (FSL) lui seront présentées.

Deux rapports soumis

Avec toutes ces personnes à être entendues par la commission, le rapport sera très compliqué lors de sa rédaction. Seul le volet sur la plus grosse saisie, celle  de 157 kilos d’héroïne en mars 2013, occupera une partie importante dans ce rapport. D’où la décision de le rédiger en deux volets.

Selon toute probabilité, un premier rapport sera soumis en juin prochain et le second en septembre ou avant la fin de 2018. Mais tout cela dépendra de différentes auditions qui s’enchaîneront dans les semaines à venir.

Le retour du témoin choc

Son retour ne se fera pas attendre devant la commission d’enquête. À ce stade, ses dires sont pris avec beaucoup de sérieux par la commission. Dans les milieux, on affirme qu’il est possible que ce témoin aurait été piégé par des barons de la drogue après qu’il a fait plusieurs dénonciations lors d’une première séance à huit clos devant Paul Lam Shang Leen et ses deux assesseurs. D’où la raison pour laquelle sera de nouveau auditionné par la commission. Il a dénoncé plusieurs barons de la drogue, très connus et qui ont eu maille dans le passé avec les autorités.

En attendant, les auditions se poursuivront, alors que la plus attendue de cette année sera celle du Premier ministre, Pravind Jugnauth.