First and foremost pour ces fidèles qui ont accompli un sans-faute durant le Ramadan, s’approchant davantage de leur Créateur. Adieu au mois béni de la charité, du partage, de la solidarité, de la fraternité, de la piété. Heureux les musulmans mauriciens qui ont été gâtés par la nature. Mosquées bondées, remplies comme l’œuf. Paysage rarissime.
Vous mentirais si je vous disais qu’au lendemain de l’Eid, l’égoïsme, l’orgueil et l’arrogance reprennent leurs droits sur notre quotidien ? On ne se voit plus, ne se parle plus, ne s’entend plus. Regards croisés, furtifs d’êtres inconnus, méconnaissables. Chacun pour soi, Dieu pour tous !
De l’autre côté de l’Atlantique, spectacle effroyable. De la bande de Gaza à l’Afghanistan en passant sur la Libye, l’Iraq, la Syrie, c’est l’angoisse qui vous donne froid au dos. Quel mois d’enfer pour ces peuples meurtris par les guerres apocalyptiques. Quel Ramadan as-tu vécu, ô petit Syrien ? Même pas une datte à mettre sous la dent, ni une gorgée d’eau à avaler. Yeux hagards effarés, desséchés perdus dans ton inconscience, traces indélébiles d’une guerre interminable.
Ton enfance volée, ton adolescence aguerrie, ton innocence morcelée. A quelques kilomètres de là, tes frères arabes, les richissimes Saoudiens, fantasment dans l’opulence. Ramadan somptueux, faste. L’égoïsme personnifié. Eid grandiose.
Ô toi petit Syrien, prie pour que tu atteignes l’âge d’adulte avant que les bombes d’Assad ou de l’El ne t’arrachent à la vie. Que la miséricorde du Seigneur t’épargne de tels holocaustes. Pour que tes Eid ne se ressemblent pas.
Siddick Naudeer