Gestion des déchets : L’approfondissement de Mare Chicose est-elle une solution viable ?

  • Non, répondent les écologistes

Avec une population de 1.3 million de personnes, le site d’enfouissement de Mare Chicose doit absorber environ 1 500 tonnes de déchets par jour, étant la seule décharge de l’île. Or, cette décharge, qui existe depuis 1997, atteindra bientôt (vers juin 2020) son niveau de saturation. Une situation inquiétante en ce qui concerne l’environnement du pays.

Nous avons pris contact avec un responsable du ministère de l’Environnement, de la gestion des déchets solides et du changement climatique pour faire le point sur la situation. Ce dernier nous indique que pour faire face à la saturation de Mare Chicose, des espaces additionnels seront aménagés au site d’enfouissement lui-même pour garantir l’empilement des déchets solides, et cela pour le court terme.

Toutefois, le gouvernement envisage la « vertical extension » de Mare Chicose pour le long terme afin d’augmenter sa capacité. Un exercice d’appel d’offres est actuellement en cours pour dénicher un entrepreneur de travaux pour effectuer cette « vertical extension ».

En outre, le gouvernement compte appliquer sa ‘Solid Waste Management Strategy’, suite aux ‘Assises de l’Environnement’, qui se sont tenues le 18 décembre dernier. Le gouvernement travaille ainsi actuellement sur une nouvelle stratégie de gestion des déchets solides en mettant l’accent sur le recyclage, le compostage et la récupération des déchets. Ces alternatives réduiront d’un côté la pression sur Mare Chicose et de l’autre côté, favoriseront l’économie dite circulaire. En ce sens, les opérateurs économiques seront encouragés à venir avec des projets concrets sur le recyclage et la récupération des déchets.

« Il faut exclure Mare Chicose »

Pour sa part, l’écologiste Vassen Kaupaymuthoo ne mâche pas ses mots : « On peut en 2020 continuer de parler sur l’environnement mais Maurice reste toujours un pays bien sale et pollué. Les déchets plastiques sont légion dans la nature. »

Selon lui, Mare Chicose est arrivé au terme de sa capacité et selon lui, la « vertical extension » du site d’enfouissement, n’est pas une idée viable. « Il est impératif que le ministère et les autorités concernées trouvent d’autres solutions », nous dit-il. Il explique qu’il faut réfléchir sur un projet à long terme, mais qu’il faudrait exclure Mare Chicose.

Primordialement, il suggère que les déchets doivent être réduits à la source, c’est-à-dire depuis les maisons elles-mêmes. « Il faut réduire les 1 500 tonnes de déchets qui sont jetés tous les jours à Mare Chicose, afin de diminuer la pression sur la décharge », explique-t-il.

Pour cela, il faudrait que le ministère mette en place un système de tri sélectif, et cela à partir des maisons elles-mêmes. C’est-à-dire, il faudrait différentes poubelles dans des maisons, pour accueillir différents types de déchets (les déchets verts, les déchets compostables, les déchets recyclables et les autres déchets). C’est le système que des pays comme Australie utilisent pour mieux gérer leurs déchets.

En tant qu’écologiste, il propose que les Mauriciens adoptent les « trois R », soit « Reduce, Reuse, Recycle ». Il explique qu’il faut encourager tout le monde, ou plutôt les foyers, de réduire leur déchets, de réutiliser ceux qui peuvent être réutilisés, et pour finir, de recycler certains des produits que nous utilisons.

Vassen Kaypaymuthoo affirme que 60 à 70 % des déchets sont des déchets compostables, tels que les légumes et les pelures. Les 30 à 35 % restants peuvent être recyclés, tout en séparant les déchets dangereux,  comme  les déchets hospitaliers, qui pourraient alors être incinérés.

Pour ceux qui ne respectent pas l’environnement, il propose de mettre en place des lois plus sévères, avec de fortes amendes pour les personnes qui jettent leurs déchets dans la nature.

Autre proposition de l’écologiste, c’est de mettre en place un système pour mieux gérer le « E-Waste », c’est-a-dire les appareils électriques ou électroménagers dont les gens essaient de se débarrasser, comme les anciens ordinateurs, les téléviseurs, les ventilateurs, les fours, et autres réfrigérateurs. Les composantes électroniques pourraient alors être récupérés dans des usines spécialisées et réutilisées et recyclées au niveau industriel. Ce système sera non seulement un moyen pour réduire une grande partie des déchets solides mais pourra créer plusieurs emplois, entre 6 000 et 20 000 emplois, selon l’écologiste.

Hors-texte

La gestion des déchets nécessite des sommes colossales

Le gouvernement dépense environ Rs 1,5 milliard par an pour la gestion des déchets. Cette somme englobe la collecte des déchets, l’exploitation et l’entretien des stations de transfert et le transport des déchets vers le site d’enfouissement, ainsi que l’exploitation et l’entretien du site d’enfouissement lui-même. Les autorités locales dépensent, elles, au total environ Rs 990 millions par an pour les services de collecte des déchets.

 

Neevedita Nundowah