La drogue destinée à un réseau de l’est de Maurice

Saisie de 100 kilos de cannabis à la Réunion

C’est une saisie record qu’a effectué la gendarmerie réunionnaise la semaine dernière. Une vaste opération a permis à la police de mettre la main sur 100 kilos de cannabis, destiné au marché mauricien. Alors que les autorités mauriciennes avaient l’œil sur la côte ouest, c’est par l’est que ce colis allait atterrir.

Entre 18 000 et 20 000 euros. C’est le prix par kilo auquel allait être livrée cette drogue aux trafiquants mauriciens. Depuis un certain temps, les trafiquants réunionnais ciblaient le marché mauricien, car le prix est très élevé à Maurice.

Un des membres du réseau réunionnais a été pris dans les filets de la gendarmerie à sa descente d’avion à l’aéroport de Gillot, alors qu’il rentrait de Maurice. À Maurice, l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) suit cette affaire de près, malgré que l’aide de Maurice n’ait pas été sollicitée dans cette enquête jusqu’ici.

Dans les jours à venir, il se pourrait qu’une correspondance soient envoyée à l’île sœur pour avoir des détails sur cette affaire. Mais les enquêteurs craignent un nouvel épisode comme celui de la saisie de 40 kilos d’héroïne sur des Mauriciens au port de Ste Rose.

Déjà à Maurice, une enquête discrète est menée par la brigade antidrogue depuis l’éclatement de cette affaire et après que les médias ont fait état que la drogue était destinée au marché mauricien.

Un trafic maritime entre Maurice et la Réunion

Le membre du réseau réunionnais, qui était récemment à Maurice, a fait l’objet d’une enquête du service de renseignements et de la brigade antidrogue depuis vendredi. Les premiers résultats de cette enquête ont démontré la proximité de ce Réunionnais avec un réseau mauricien opérant dans l’est du pays, soit à Trou d’Eau Douce.

Cette bande n’est pas inconnue de la brigade antidrogue mauricienne. Possédant des hors-bords et de gros bateaux qui pouvaient facilement faire le déplacement entre Maurice et l’île de la Réunion, elle est soupçonnée d’avoir transporté de gros colis de drogue dans le passé pour un réseau opérant dans les hautes Plaines-Wilhelms. Un des hors-bords de cette bande a d’ailleurs été déjà saisi par l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) dans le cadre de l’enquête sur le blanchiment d’argent, sur des fonds provenant du trafic de drogue.

L’ADSU attend une communication officielle de la Réunion

La brigade des stupéfiants réunionnaise et la brigade criminelle enquêtent sur cette affaire sous la houlette d’un juge d’instruction. Elles sont parvenues à avoir des détails sensibles sur l’opération de ce réseau entre les îles sœurs. Dans un premier rapport soumis au juge d’instruction, la brigade des stupéfiants affirme que le trafic de cannabis a été grandement affecté pendant la période estivale, avec le mauvais temps qu’a connu la Réunion. Ce mauvais temps a aussi perturbé le transbordement en mer des deux réseaux. Les enquêteurs ont conclu que la livraison du cannabis se fait en haute mer. Les Mauriciens allaient à la rencontre des fournisseurs à mi-chemin entre Maurice et La Réunion. Alors que les autorités mauriciennes avaient placé la côte Ouest sous haute surveillance, la transaction se faisait à l’Est du pays, comme révélé après l’arrestation de trois Mauriciens à La Réunion, en possession de 40 kilos d’héroïne.

Pour l’heure, l’ADSU attend une communication officielle de la Réunion pour voir plus clair dans cette affaire. Cela, malgré le fait qu’aucune poursuite ne pourra être engagée contre les Mauriciens, vu que le délit a été commis sur un territoire étranger. Mais les enquêteurs souhaitent avoir des détails sur les contacts mauriciens. Au cours de l’opération, pas moins de sept Réunionnais ont été placés en garde à vue. Leurs téléphones cellulaires et autres appareils informatiques ont été saisis. Les résultats de l’examen de leurs fichiers intéressent Maurice. Mais reste à savoir si les autorités réunionnaises comptent collaborer avec Maurice.