« Le camion faisait voler les corps sur son passage »

Shakil Dawood relate l’horreur qu’il a vécue

Après avoir renforcé la sécurité lors des différents matchs de l’Euro 2016, la France s’est fait attaquer au moment où elle s’y attendait le moins. Le 14 juillet, la fête nationale semble être le meilleur moment pour  lancer une attaque terroriste, mais cela, les Français l’ont compris bien trop tard.  Shakil Dawood, un Mauricien vivant à Nice et témoin de l’attentat, nous partage l’horreur qu’il  a vécu en ce jour si tragique.

Christelle Gourdin

 

Le 14 juillet 2016, une date de plus sur la liste d’attentats terroristes meurtriers survenus en France. Le pays est en fête et plusieurs événements sont organisés en ce jour d’été. À Nice, des concerts et un spectacle de feu d’artifice sont prévus dans la soirée sur la Promenade des Anglais. Mais, les festivités ont pris une autre tournure lorsqu’un camion de plusieurs tonnes fonce délibérément sur la foule, alors qu’ils assistaient au feu d’artifice. Cette attaque cause la mort de  84 personnes et fait 202 blessés, dont 52 en urgence absolue. Le spectacle majestueux s’est viré au cauchemar.

dawood-300x300

Shakil Dawood, vivant à Nice depuis 10 ans, était présent lors du drame et a failli être une victime de plus. Au téléphone avec une  voix tremblante, il nous raconte la scène sanglante à laquelle il a été obligé d’assister. « J’étais avec des amis à cent mètres de la place à regarder des groupes qui jouaient, lorsque j’ai entendu des cris et des pleurs. Cela m’a pris quelques secondes avant de saisir la situation. Le camion faisait voler les corps sur son passage. Des enfants hurlaient de douleurs et de terreurs. C’était horrible ! Ma copine était figée lorsqu’elle a vu cette scène. Tout de suite j’ai repris sur moi et j’ai évacué mes amis. Mon réflexe était de courir le plus vite possible jusqu’à trouver refuge, notamment dans un sous-sol d’un parking. Là-bas, en compagnie de plusieurs personnes y compris des étrangers et des touristes, on se sentait à l’abri. Après une demi-heure, je suis sorti dans la rue et là, j’ai vu des flics allongés au sol avec leurs armes. Les pompiers, les secours et les policiers s’activaient. C’était juste flippant ! Par ailleurs, il affirme que le lendemain du drame, la rue était déserte. La ville de Nice, en plein été, a cessé de vivre.

Habitant de la région depuis des années, il se dit concerné par cette attaque. « Je suis Niçois », souligne-t-il. Toutefois, il n’arrive pas à sortir ces images atroces de sa mémoire. Il affirme qu’il a besoin d’évacuer, voire d’en parler et de pleurer pour se délivrer. Cependant, Shakil Dawood est allé déposer des fleurs, hier, avec ses amis à l’endroit de l’attentat, dans la soirée. Il ajoute qu’il n’est pas prêt d’oublier ce qui s’est passé.

De ce fait, il a pu joindre et rassurer ses proches à Maurice.

1234

Le bilan pourrait s’alourdir

Dix enfants et adolescents ont été tués, ainsi que des étrangers ; deux Américains, un Ukrainien, une Arménienne, une Russe et une Suissesse.  Plusieurs blessés luttent entre la vie et la mort. Le bilan n’est malheureusement pas près de s’arrêter.

L’attentat revendiqué

L’auteur de l’attaque terroriste était un Tunisien de 31 ans, résidant à Nice. Mohamed Lahouiaej Bouhlel est un chauffeur-livreur qui était en attente de divorce. Il avait en sa possession un pistolet avec lequel il a fusillé des policiers après avoir semé la terreur à l’aide de son camion. La police a fini par l’abattre après qu’il a ôté la vie à des innocents.

Quatre personnes de son entourage ont été arrêtées, jeudi à Nice et placées en garde à vue depuis vendredi. Quant à son ex-épouse, elle était toujours en garde à vue, hier matin.

L’État Islamique de Daeche revendique l’attentat de Nice. Selon une publication d’un  journal en France, cette organisation affirme que le Tunisien était un ‘soldat’ qui a répondu favorablement à ‘l’appel du califat’.

Une minute de silence

Le président de France, François Hollande, avait l’intention de lever l’état d’urgence fin juillet. Selon Christian Estrosi, premier adjoint au maire de Nice, l’enquête antiterroriste démontrera que la sécurité prise était insuffisante. Or, François Hollande fait un appel à l’unité nationale, lors d’une réunion ministérielle, hier. Outre, la France a entamé hier matin trois jours de deuil national. Une minute de silence sera effectuée, demain 18 juillet, à midi dans toute la France.

La France menacé

On est en début de l’année 2015, une série d’attaques terroristes islamiques se sont déroulés, tous à Paris, entre le 7 et le 9 janvier, qui visaient d’abord le comité de rédaction du journal Charlie Hebdo, des policiers et des Français de confession juive fréquentant un supermarché de la capitale. Ces attaques parisiennes qui ont fait 17 victimes, ont été perpétrées par des assaillants de l’organisation djihadiste de l’État Islamique et par celle d’Al-Qaïda.

En avril, plus précisément le 10, un soldat français se fait agresser dans les toilettes de l’aéroport d’Orly, suivit de l’assassinat d’une femme par un étudiant qui a aussi planifié un attentat dans l’église de Villejuif, heureusement déjoué à temps.

Le cauchemar se poursuit après quelques mois. Le 26 juin,  un attentat survenu à Isère par l’État Islamique. Un chauffeur-livreur de 35 ans tente d’attaquer un site gazier après avoir assassiné et décapité son patron.

Après quelques mois de silence, la France est frappée par la pire attaque terroriste de son histoire. Le vendredi 13 novembre, une série de fusillades meurtrières a eu lieu dans la salle de spectacle de Bataclan et sur les terrasses de café et de restaurants, dont 130 morts et 350 blessés sont à déplorer, suivies de plusieurs attaques-suicides à Saint-Denis aux abords du Stade de France.

En 2016, contrairement à l’année précédente, les cinq premiers mois n’ont pas connu d’attaques meurtrières. Il y a eu des agressions au nom de l’État islamique, notamment deux en janvier, mais le 13 juin, un commandant de police et sa compagne se font tuer devant leur domicile à Magnanville dont l’action est revendiquée par la même organisation.