Le Dr Gujadhur, épidémiologiste : « Il faudrait revoir d’urgence le protocole de la quarantaine »

La nouvelle avait provoqué la stupeur la semaine écoulée : un cas de covid-19 parmi la population locale a été recensé le jeudi 13 novembre. La question sur toutes les lèvres : le protocole sanitaire dans les centres de quarantaine est-il fiable ? Nous faisons le tour de la question avec le Dr. Vasant Rao Gujadhur, épidémiologiste.

Depuis le 26 avril dernier, le pays n’a enregistré aucun cas local de covid-19. Mais 6 mois après et avec l’ouverture des frontières, un cas local a été recensé ce jeudi 13 novembre. Il s’agirait d’un jeune homme de 29 ans, qui travaille dans une banque. Ce dernier a été infecté par son père, âgé de 61 ans.

Selon les informations communiquées par les membres du ‘National Communication Committee’, le sexagénaire est revenu d’Australie le 24 octobre dernier. Ayant été testé positif, il avait été placé en isolation. Mais après avoir subi les deux tests PCR comme exigé par le protocole, il avait été testé négatif, et avait été autorisé à rentrer chez lui. Il a ainsi passé un total de 10 jours en isolation.

Neuf jours après avoir regagné son domicile, il ne se sentait pas bien et s’était rendu dans une clinique. C’est à ce moment qu’il a été testé positif au covid-19. Son fils a également été testé positif. Un exercice de ‘contact tracing’ a débuté le même jour, et un restaurant situé à Grand-Baie a dû fermer ses portes jusqu’à nouvel ordre et tous les employés du supermarché ‘Super U’ de Grand-Baie ont été soumis à des tests.

Le danger des ‘faux négatifs’

Comment se fait-il que le patient de 61 ans a été testé négatif, à deux reprises mais qu’il a pu tomber de nouveau malade après avoir été autorisé à rentrer chez lui ? Le point de départ pour répondre à ce genre de question demeure sur ce que le Dr. Catherine Gaud avait dit en conférence de presse.

Selon le Dr. Gaud, le protocole qui prévaut actuellement est comme suit : une personne provenant d’un pays étranger doit subir le test. Si le test se révèle négatif, elle doit quand même rester en quarantaine pendant 14 jours.

Ceux qui été ont testés positifs sont transférés dans des centres d’isolement. Ces derniers doivent ensuite subir deux tests : si après les deux tests, ils sont négatifs, ils sont autorisés à s’isoler chez eux. Est-ce une bonne pratique ?

Il convient de revenir sur le problème des ‘faux négatifs’, qui est mis en exergue par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cet organisme met en garde sur son site web que la fiabilité des tests PCR utilisés pour la covid-19 variera, selon le type de prélèvement sur la personne qui est testée, et selon la phase évolutive de la maladie durant laquelle le test a été  effectué.

Il se pourrait ainsi que d’authentiques cas de covid-19 présentent un test PCR négatif. On parle alors de ‘faux négatifs’.

Ce qu’il convient alors de faire : il faudrait des tests basés sur des prélèvements multiples.

Le Dr. Gujadhur, épidémiologiste, propose pour sa part que même si une personne a été testée négativement deux fois de suite, elle doit rester isolée dans un centre de quarantaine, en complétant le nombre de jours requis, au lieu d’être autorisée à s’isoler chez elle.

 

Les gestes barrières qu’il faudrait une nouvelle fois adopter

Les gestes barrières qu’il faut observer sont déjà connus par cœur par la population, mais il convient toutefois de faire un rappel. Le Dr. Gujadhur explique que la population, mais aussi le gouvernement, ont chacun leur rôle à jouer pour les gestes barrières.

En ce qui concerne l’État, elle avait bien mis en place une loi pour que le port du masque soit obligatoire. Ainsi, ceux qui enfreignent la loi devront payer une amende de Rs 50 000. Le Dr. Gujadhur pense que les pénalités devraient même être plus sévères. Et de l’autre côté, les Mauriciens doivent être plus responsables et porter leur masque, non seulement pour les protéger eux-mêmes, mais ce qui est plus important, pour protéger les autres.

Malgré le fait que les gens doivent se rendre au travail, ou doivent sortir pour d’autres raisons, il faut continuer de pratiquer la distanciation sociale.

Il ne faut pas, après avoir touché toutes sortes de surfaces, toucher nos bouches avec nos mains. En outre, il ne faut pas encourager les embrassades et les accolades. Il faudrait même éviter de se serrer les mains, le mieux serait de se santer d’un signe de tête amical.

Pour les ‘social gatherings’, il serait bien que du gel hydroalcoolique soit mis à la disposition des gens. Il est même conseillable que les gens emportent du gel hydroalcoolique avec eux.

 

Neevedita Nundowah