Le Traité de Hudaybiyyah : une victoire éclatante

Louanges à Allah et Salutations au Prophète Muhammad (SAW).

 « … Il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise… » – (Sourah al Baqarah : verset 216)

La signature du Traité de Hudaybiyyah entre les Musulmans et les Quraysh, six ans après le Hijrah, mérite que l’on s’y attarde afin de mieux comprendre la stratégie du Prophète Muhammad (SAW) lors de cet évènement qui avait suscité tant de controverses chez les Compagnons, et non des moindres.

Pendant ces six ans, les Musulmans de Madinah avaient un désir ardent de se rendre à Makkah et d’y accomplir le Hajj et la Umrah. Un matin, lors de la congrégation, le Prophète (SAW) leur annonça qu’il avait eu une vision de leur prochaine visite à Makkah, en toute sécurité, sans armes et le crâne rasé.

C’est ainsi que quelques jours plus tard, soit le 1er Zul Qadah, Muhammad (SAW) marchait vers Makkah à la tête d’une cohorte d’environ 1400 hommes. Ils emmenaient aussi 70 chameaux et du bétail pour le sacrifice.

Ayant appris la démarche des Musulmans, les Quraysh décidèrent de les stopper pour leur interdire l’accès. Apres de longs pourparlers, les Musulmans et les Quraysh arrivèrent  à un accord qui prit la forme du Traité de Hudaybiyyah.

Le traité ne fit toutefois pas l’unanimité chez les Musulmans. Les compagnons furent pour le moins choqués par la position adoptée par le bien-aimé Prophète (SAW) : un sentiment de confusion et d’humiliation prévalait parmi les musulmans, lorsque le Prophète (SAW) donna son accord aux points suivants :

1. Les Musulmans ne pourront pas accomplir le petit pèlerinage (Umrah), mais devront venir l’année suivante sans armes, et seront autorisés à ne séjourner que 3 jours à la Mecque;

2. Tout Médinois (partisan du Prophète) souhaitant retourner à la Mecque est autorisé à le faire, tandis que tout Mecquois (partisan de Quraysh) souhaitant rejoindre le Prophète (PSSL) devra obtenir l’accord de son tuteur;

3. Il y aura une trêve de 10 ans ;

4. Toute tribu sera libre de rejoindre l’un ou l’autre parti (soit Quraysh, soit les musulmans).

Inquiets, voire en colère, les Compagnons estimaient que le Prophète (SAW) faisait trop de concessions, alors que les Musulmans détenaient la vérité absolue ! Dans le camp des Quraysh, c’était la célébration !

Mais une analyse rationnelle du traité démontrera de nombreux avantages et enseignements incontestables, toujours très pertinente aujourd’hui. Et les événements qui suivront donneront raison au Prophète (SAW).

L’histoire retiendra que ce traité fut le produit d’une sagesse politique profonde et d’une clairvoyance. Il entrainait des avantages considérables pour l’Islam et l’Arabie. Pour la première fois, les Quraysh reconnaissaient en Muhammad (SAW) un chef d’État plutôt qu’un renégat. Pour la première fois Makkah reconnaissait l’émergence de l’État islamique en Arabie. Le fait d’accepter que les Musulmans reviennent l’année prochaine était une reconnaissance de l’Islam comme une  religion à part entière. De plus, la période de dix ans de trêve permit la propagation de l’Islam dans d’autres parties de l’Arabie.     

Les musulmans ont parcouru une longue distance dans des conditions éprouvantes depuis Médine, à pied et avec quelques chameaux, dans le désert (pas dans des autocars climatisés), avec une bonne intention (pèlerinage et pas de combat), et pourtant le résultat a été “décevant” pour eux à première vue, d’où l’importance de la persévérance.

Pour pouvoir jouir de cette stabilité qui a permis à l’islam de se développer, le Prophète (SAW) a dû “accepter” les clauses (1) & (2) susmentionnées, qui faisaient croire aux adversaires qu’ils avaient le dessus, alors que les véritables vainqueurs étaient les Musulmans ! L’intelligence et les qualités de stratège  du Prophète (SAW) sont plus qu’évidentes.

Le Prophète (SAW) avait raison et était véridique, mais il a accepté diverses “concessions” ; parfois, la maturité et l’intelligence exigent que vous acceptiez une “défaite immédiate” en échange d’une victoire durable et à long terme, et que vous préfériez le long terme au court terme. Quelle sagesse, en effet !

 « En vérité, Nous t’avons accordé (Ô Muhammad) une victoire éclatante » –  Sourah Al Fath (48), verset 1.