Metro Express et abattage d’arbres à Quatre-Bornes

 

« Aucune intention d’écouter les propositions des habitants et des écologistes »

Ce n’est certes pas la première fois que pour faire place au développement et à la modernisation que des arbres, parfois centenaires, sont abattus et que des espaces verts sont détruits. Mais avec l’arrivée du Metro Express à Maurice, ce phénomène a pris une autre dimension. L’abattage des arbres peut sembler inévitable, mais ce qui pose problème, c’est que le gouvernement ignore sciemment les propositions des habitants et des ONG pour sauver ces arbres sans freiner le Metro Express.

Les arbres de la promenade Roland Armand à Beau-Bassin avaient ainsi été abattus malgré les vives protestations des habitants et des écologistes. Le même scenario s’est répété pour la construction du Metro Express à Curepipe, soit plus précisément à la rue Sivananda, où les arbres ont connu le même sort.

Mais l’abattage des arbres est loin d’être fini. Durant la semaine dernière, des arbres datant de plusieurs années ont été abattus devant la municipalité de Quatre-Bornes, ce qui a suscité un sentiment de colère et de tristesse des habitants de la Ville des fleurs.

Adi Teelock, militante au sein de la plateforme ‘270 Lavwa’ a été présente sur de nombreux fronts quand il s’agit d’écologie et de la préservation de l’environnement. Elle fait le point et dénonce l’arrogance du gouvernement quand il s’agit d’écouter les propositions des écologistes.

Une fois de plus, elle s’est exprimée de vive voix en ce qui concerne l’abattage des arbres à Quatre-Bornes. « La destruction d’un espace vert public dans une ville qui n’a presque aucun espace vert est bien préoccupant », estime-t-elle. Elle a encore en tête la destruction de la promenade Roland Armand et du Jardin Bijoux, qui était les espaces verts par excellence des villes sœurs.

Elle vient maintenant à Quatre-Bornes pour essayer de sauver la promenade Gérard Bruneau, qui relie Belle-Rose à la gare de Quatre-Bornes. Auparavant, nous explique-t-elle, pour la construction du bureau de poste de Quatre-Bornes, un petit jardin avait été détruit. Maintenant, c’est au tour des grands jacarandas et des tecomas de la promenade Gérard Bruneau. « Tout cela pour que le Metro Express puisse passer. Maintenant le centre-ville de Quatre-Bornes va étouffer avec du béton », se désole Adi Teelock.

Mais là où le bât blesse, c’est que, selon elle, jamais le gouvernement n’a pris en considération les propositions faites par les habitants ou par des collectifs écologistes qui se battent pour sauver les espaces verts.

Elle nous explique que depuis décembre 2017, lettre sur lettre avait été envoyée aux municipalités et aux ministères concernés de même qu’aux députés mais seuls ceux de l’Opposition ont daigné répondre.

Il y a eu un bref regain d’espoir en février 2018 : les habitants et les ONG avaient pu avoir une rencontre avec les responsables du Metro Express pour présenter leurs propositions mais ils ont dû déchanter assez rapidement. On les a empêchés de faire leur présentation, ce qui n’augurait rien de bon… Effectivement un mois plus tard, en mars, ce sont les tronçonneuses qui ont fait entendre leur vrombissement.

« Ce qu’il faut comprendre de tout ceci, c’est que la décision avait été déjà prise pour faire passer le Metro Express, à n’importe quel prix, et cela le plus rapidement possible, pour que ce dernier soit prêt pour les élections de décembre 2019. Ce qui veut dire qu’il n’y avait jamais aucune intention de prendre en considération les objections des habitants et autres amoureux de la nature », fait comprendre Adi Teelock, sans cacher sa colère

Cette battante pour l’écologie dénonce aussi l’absence de stratégie cohérente : « Disons un moment que le tram est une bonne option. Mais comment a-t-on décidé de son tracé ?  Est-ce qu’il n’aurait pas dû passer par la Cybercité à Ebène, où travaillent plus de 10 000 personnes ? Au lieu de cela, que voit-on là-bas ? On a construit deux grandes aires de stationnement pour les voitures. L’une, tout en hauteur, sera tellement chère que la plupart des employés de la Cybercité voudront réserver un parking pour leur voiture. Quant à l’autre, on a une fois encore détruit de grands arbres pour construire son entrée. Cela démontre qu’il n’y a aucune stratégie cohérente pour le transport des passagers, ou encore un plan intégré pour l’aménagement des espaces verts parallèlement avec le transport des passagers. »

 

Neevedita Nundowah