À quelques semaines des élections municipales prévues dans cinq grandes villes de l’île, la campagne bat son plein. Après une décennie sans scrutin local, l’annonce officielle du vote fixé au 4 mai a ravivé l’intérêt des citadins, entre espoir, scepticisme et soif de renouveau. Un total de 407 candidats se sont enregistrés dans les cinq villes concernées, et les différents blocs politiques intensifient leurs actions de terrain.
À Port-Louis, Beau-Bassin/Rose-Hill, Quatre Bornes, Curepipe et Vacoas, les membres de l’Alliance du Changement ont lancé une campagne de proximité, misant sur le contact direct avec les habitants pour faire passer leur message. Les préoccupations sont nombreuses : insalubrité croissante, infrastructures vieillissantes, espaces publics à l’abandon, insécurité, ou encore manque de loisirs pour la jeunesse. Dans certains quartiers, les habitants dénoncent des promesses non tenues depuis plusieurs années, notamment autour de la création d’un dispensaire ou de centres de loisirs pour les jeunes. Le besoin de services publics de base, comme des toilettes publiques ou la réouverture des centres sociaux, revient avec insistance dans les discussions.
Face à ce constat, les candidats de l’Alliance du Changement affirment vouloir rompre avec l’inaction du passé. Ils placent le citoyen au cœur de leur engagement et promettent une gestion municipale plus proche du terrain, plus réactive et mieux ancrée dans les réalités locales. Dans les quartiers de la capitale, comme les Ward 2 et 5, ils arpentent ruelles et impasses, engageant le dialogue avec des habitants souvent désillusionnés mais encore porteurs d’espoir. Nous sommes allés à leur rencontre.
Ward 5 – Port-Louis : Une ville abandonnée, des candidats mobilisés
Dans les rues animées de Vallée Pitot (Ward 5, Port-Louis), les candidats de l’Alliance du Changement multiplient les visites de proximité.

Pour Shafaraz Ur Rahman Rughony, le porte-à-porte est un exercice essentiel : « Il nous permet d’être en contact direct avec les habitants et les électeurs. Notre premier message, c’est d’encourager les gens à aller voter. En parallèle, on dresse un constat alarmant de la situation actuelle. À Vallée Pitot, par exemple, le tableau est accablant. On se demande sérieusement ce que les anciens conseillers municipaux et le maire ont accompli durant ces dix dernières années. Port-Louis est aujourd’hui à genoux. »
Ahmez Javed Parthay dresse lui aussi un état des lieux préoccupant : « L’accueil est chaleureux, mais les doléances sont nombreuses. Il y a un manque d’accès à l’eau potable dans certains foyers, des drains et des canaux obstrués… Une série de problèmes qui témoignent d’un quartier laissé pour compte. Avec toute mon équipe, nous comptons très bientôt apporter des améliorations concrètes aux citadins. »
Shakinah Zainab (Souma) Ramjane insiste, elle, sur l’écoute et l’esprit d’équipe : « Partout où nous passons, nous recevons un accueil chaleureux. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est de pouvoir compter sur une petite équipe formidable. Nous recueillons de nombreuses suggestions des habitants. Une fois en poste à la municipalité, nous ferons tout notre possible pour répondre à leurs attentes. »
Aslam Adam Hossenally, enfin, évoque les enjeux sanitaires et environnementaux : « Sous ce pont, on retrouve des tas de détritus, c’est dramatique. Le risque sanitaire, notamment avec le chikungunya, est bien réel. On est en droit de se demander ce que l’administration municipale précédente a fait pendant tout ce temps. L’état des routes est déplorable. Mais je vois aussi un boulevard de travail devant nous. Avec de la volonté, on peut changer les choses. J’appelle les citadins à nous faire confiance — ils n’auront pas à le regretter. »
Ward 2 – Port-Louis : Redonner vie au quartier, recréer du lien
Dans le Ward 2, les candidats de l’Alliance du Changement poursuivent leur campagne de proximité avec détermination.

Pour Rukshaar Bibi Madarbocus, le porte-à-porte se déroule dans de bonnes conditions : « Nous avons déjà couvert plusieurs zones du ward, qui en compte une quarantaine. Partout où nous passons, nous sommes bien accueillis. Les habitants n’hésitent pas à nous faire part de leurs doléances. »
Elodie Sarah Jean Louis, engagée auprès de la jeunesse, constate un réel manque d’investissement au cours des dix dernières années : « Les gens sont très réceptifs et ouverts. Avec mes trois colistiers, nous avons reçu un accueil chaleureux. Mais ce qui ressort surtout, c’est l’abandon des jeunes : aucune infrastructure, aucune activité, aucun projet. En tant que jeune moi-même, je considère qu’il est de mon devoir de recréer une ambiance propice à leur épanouissement — avec du sport et des loisirs. »
Muhammad Eshan Ally Kawrro déplore lui aussi la disparition de la vie communautaire : « Avant, il y avait une dynamique sociale autour des infrastructures municipales. Aujourd’hui, même le terrain de football synthétique près du collège SSS est laissé à l’abandon. Cela fait dix ans qu’on ne voit plus d’initiatives sportives ou culturelles, et les habitants ne se souviennent même plus du passage des conseillers municipaux. C’est révélateur du désintérêt de l’ancienne administration. »
Aboobakar Utteenun, enfin, met en avant les besoins simples mais essentiels des résidents : « Les citadins ne demandent pas beaucoup. Ils veulent juste que les lampadaires fonctionnent, avoir des poubelles, que les ordures soient ramassées régulièrement, que les terrains de jeux pour enfants et de football soient entretenus. Ce sont des demandes de base. J’espère sincèrement que les habitants nous accorderont leur confiance pour que nous puissions leur offrir le soutien qu’ils attendent. »