Par Alain Malherbe
La catastrophe écologique qui frappe l’île Plate met en lumière une réalité préoccupante concernant la surveillance maritime à Maurice, et la gestion de son vaste territoire océanique. Avec ses 1,3 million de kilomètres carrés de zone économique exclusive, l’île Maurice dispose de ressources maritimes considérables, mais celles-ci restent malheureusement sous-surveillées et mal gérées par les autorités compétentes, notamment la ‘National Coast Guard’.
Il est déplorable de constater que le bateau de pêche ayant fait naufrage à l’ile Plate a dérivé pendant une période prolongée dans notre zone économique, sans que la NCG ne s’en aperçoive. Cette absence de surveillance adéquate a permis à cette catastrophe de se produire et met en évidence les lacunes du système de surveillance maritime.
Les questions qui demeurent sans réponse à ce stade sont les suivantes :
- Où se trouvent les membres de l’équipage ?
- Quelles sont leurs nationalités ?
- Quel est le nom du navire ?
- Quelle est la nationalité du navire ?
- Où le navire a-t-il chaviré ?
- Combien de temps a-t-il dérivé dans notre Zone Économique Exclusive, représentant un grave danger pour la navigation ?
- S’agit-il d’un trafic de drogue qui aurait mal tourné ?
Il est alarmant de constater que la NCG n’était même pas au courant du naufrage avant que je ne le signale sur ma page Facebook. Cette défaillance dans la communication et la réactivité des autorités souligne l’urgence d’améliorer les systèmes de surveillance maritime et de renforcer les capacités de réponse aux situations d’urgence en mer.
Cependant :
- En février 2021, un accord de subvention fut signé entre le gouvernement mauricien et le gouvernement japonais pour un montant de 600 millions JPY (Rs 178 millions approximativement) afin de financer un projet de système radar de surveillance côtière. Une subvention supplémentaire de 600 millions JPY s’avérait nécessaire pour couvrir le coût total du projet.
- En août 2021, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, et l’Ambassadeur du Japon, Kawaguchi Shuichiro, signèrent un protocole portant sur l’octroi d’une subvention de Rs 226 millions dans le cadre d’un programme visant à renforcer la sûreté et la sécurité maritimes du pays. Padayachy a souligné que ce soutien financier permettrait de mettre en place un système de surveillance radar moderne, essentiel pour aider la Garde côtière à surveiller les mouvements des navires dans les eaux mauriciennes.
- En avril 2024, l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) a remis des équipements de lutte contre les marées noires au ministère de l’Environnement, dans le cadre d’une assistance technique pour renforcer les capacités institutionnelles en matière de gestion des marées noires. Le ministre a souligné la nécessité pour Maurice de disposer d’un équipement adéquat face à l’intensification du commerce maritime et aux risques associés.
Il est à noter que la ‘NCG Act’ stipule clairement, dans sa section 6, que la ‘National Coast Guard’ est responsable de :
(a) L’application des lois relatives à la sécurité de l’État (b) L’application des lois concernant la protection de la zone maritime (c) La détection, la prévention et la répression de toute activité illégale.
Dans la section 12, les pouvoirs de la NCG incluent :
(12.f) La surveillance et le contrôle de toutes les activités maritimes dans la zone maritime (12.g) La prévention de toute forme de pollution maritime ou de toute activité susceptible de causer une pollution (12.n) Le maintien de patrouilles maritimes, terrestres et aériennes nécessaires.
Il est évident que ces dispositions ont été gravement négligées.
Le début de pollution qui menace déjà les côtes de l’île Plate est le triste résultat de cette inaction des autorités responsables de la protection de l’environnement marin. Les conséquences de cette catastrophe écologique mettent en péril la biodiversité locale et soulignent l’urgence d’agir pour préserver les précieux écosystèmes marins de Maurice et de ses îles avoisinantes. Aucune mesure préventive n’a été prise a ce jour par la NCG et encore moins par le ministère de l’Environnement. Aucune bouée anti-pollution n’était visible autour du navire échoué.
Il est impératif que les autorités mauriciennes prennent des mesures immédiates pour renforcer la surveillance maritime, améliorer la coordination entre les différentes agences de sécurité et de protection de l’environnement, et établir des protocoles d’intervention efficaces face aux crises comme celle qui frappe actuellement l’île Plate. La protection de l’environnement marin et la préservation de la biodiversité doivent être des priorités absolues pour garantir un avenir durable.
À l’approche de la commémoration du triste anniversaire du naufrage du Wakashio sur les récifs de Pointe Desny le 25 juillet 2020, il est clair que ni la NCG, ni la Police ni le gouvernement dans son ensemble n’ont tiré de leçon de cette tragédie. Les mêmes erreurs se répètent avec la même négligence persistante et une banalisation des faits.
Enfin, le projet de loi sur le nouvel Environnement (No. I of 2024) vise à abroger l’’Environmental Protection Act’ pour établir un cadre législatif moderne garantissant une meilleure protection, gestion et conservation de l’environnement.
Devant toutes ces lacunes répétitives, il y a de quoi s’interroger.