Pour une poignée de dollars

Opinion

 

Ceux de ma génération se souviennent encore de ce Western Spaghetti devenu un classique du genre d’une trilogie de Sergio Leone qui mit la carrière de Clint Eastwood sur orbite.

Pour justifier l’exemption d’une licence EIA à la firme indienne Afcons, le ministre de l’Environnement évoque, de mauvaise foi, l’intention des Mauriciens de contester la construction d’une jetée et d’un piste d’atterrissage à Agalega, et qui pourrait éventuellement déboucher sur la perte d’une enveloppe de 18 millions de dollars du gouvernement indien. Il y a donc un prix à payer.

Les Mauriciens, principalement les Agaléens, sont dans le flou, ne sachant si, de cette braderie camouflée de notre territoire, à long terme, la piste d’atterrissage ne servira exclusivement qu’à l’aviation civile ou aux avions militaires indiens. Le macadam EIA enlevé, il n’y a aucune raison désormais pour que le gouvernement, dans un souci de transparence, ne rende pas ce projet ambitieux (de l’Inde ?) public avec force détails comme le réclament les Agaléens. La ministre Jeewa-Daureeawoo, elle aussi de mauvaise foi comme son collègue, veut éviter que ses compatriotes veuillent ‘mettre des bâtons dans les roues’. Foutaises ! C’est une accusation injuste, presqu’une fuite en avant, pour que la population soit mise sur la touche, privée d’informations utiles quant au contrat liant les gouvernements indien et mauricien sur ce projet de développement.

Personne n’est contre le progrès. Mais pas à n’importe quel prix. A l’instar d’une clause de confidentialité faisant partie de cet accord qu’on ne peut pas qualifier de bilatéral, la vice-Première ministre ne sachant même pas si des militaires indiens seront impliqués dans la construction de l’«airstrip» ou pas. Ce qui confirme qu’elle ignore TOUT du projet.

D’une part Fazila Daureeawoo parle de ‘mett baton dan la rou’, de l’autre Sinatambou s’indigne des forces occultes à l’œuvre ou des campatriotes de mauvaises intentions, pouvant mettre en péril le projet. Ce qui doit embarrasser singulièrement ceux qui sont visés.

Paradoxalement, Maurice était récemment devant la cour Internationale de la Haye pour faire valoir sa souveraineté sur Diego Garcia. Dans le cas d’Agalega, opacité, motus et bouche cousue.

Pour une poignée de dollars !

Siddick Naudeer