Secteur de la construction : Des couacs à l’horizon

Le secteur de la construction pourra-t-il vraiment relancer l’économie, comme semble croire le gouvernement ? Apparemment pas, puisqu’il ne crée que très peu d’emplois, et vu son ‘import content’ élevé, il ne favorise pas non plus la croissance, qui est ainsi restée très faible ces dernières années malgré plusieurs projets infrastructurels d’envergure. Au milieu de tout cela, il semble qu’une pénurie de ciment se profile à l’horizon, et que les prix des matériaux de constriction accusent actuellement une hausse.

Taiz Chady, le propriétaire de la quincaillerie T. K. Chady, à Stanley, Rose Hill, nous explique que deux compagnies, notamment Lafarge Mauritius et Kolos Cement, lui fournissent du ciment.

Or, Lafarge Mauritius lui a fait savoir qu’elle souffrait elle-même d’une pénurie. Du coup, la quincaillerie a reçu un quota de six palettes de ciment, qui ont été écoulés en deux jours seulement. « C’est la première fois qu’une compagnie souffre d’une pénurie de ciment, et cela à cause du covid-19 », ajoute-t-il.

Selon lui, ces compagnies auraient dû avertir tous leurs petits clients, comme les quincailleries, de la situation. « J’ai demandé aux compagnies d’informer le public en général qu’il y a une pénurie de ciment », souligne Taiz Chady.

De son côté, la compagnie Kolos Cement lui a confirmé que son stock de ciment ne suffira même pas pour ses propres clients, alors que Taiz Chady est un client occasionnel.

En toile de fond : l’augmentation du prix du ciment depuis le premier juillet, alors que le prochain cargo est prévu pour le 26. Taiz Chady nous confirme d’ailleurs que Lafarge Mauritius Ltd n’a plus de stock de ciment à fournir ses clients.

Une stratégie erronée du gouvernement

Dans le Budget 2020/2021, présenté par le ministre des Finances Renganaden Padayachy, ce dernier avait indiqué que le secteur de construction est un des piliers de relance de l’économie mauricienne.

Il faut dire que le gouvernement mise gros sur la construction et l’infrastructure en général, avec des projets se chiffrant souvent à des milliards. Il convient toutefois d’examiner d’un œil critique si le secteur de la construction crée des emplois et s’il pourra relancer l’économie.

Dans un récent entretien accordé à Sunday Times, l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen nous avait déclaré ceci : «  Mais il (NdlR : Le gouvernement) préfère se concentrer sur la construction, qui ne pourra pas relancer l’économie. […] L’autre problème avec la construction, c’est que les Mauriciens n’y trouvent pas beaucoup d’emplois. De plus, sa valeur ajoutée est très minime. Ce qui explique que bien qu’il y ait beaucoup d’investissement dans la construction durant ces trois derniers ans, la croissance n’a été que très faible. Il a un ‘import content’ très élevé. La capacité d’implémentation est aussi mise en cause. […] En Europe, on peut miser sur la construction pour relancer l’économie. Mais pas chez nous. Au lieu de mettre tous ses œufs dans un seul panier, il aurait dû la diversifier en misant sur le tourisme, la zone franche, les nouveaux secteurs. »

En outre, alors que l’emploi dans le secteur de la construction aurait normalement dû être réservé aux Mauriciens, de nombreux observateurs ont aussi noté qu’on peut aussi voir qu’il y a une forte main-d’œuvre étrangère sur les chantiers. En guise de conclusion, on ne pourra dire que le secteur de la construction est vraiment créateur d’emplois.