[Umrah : Arnaque par le groupe Al Muazza] Les victimes veulent que le présumé escroc soit arrêté au plus vite

Ils n’en reviennent toujours pas du calvaire qu’ils ont vécu à cause d’un certain Nasseer Dobir, fondateur du groupe ‘Al Muazzah’. Ce dernier, âgé de 27 ans, s’enorgueillit, dit-on, d’être un ‘hafiz e quran’ et s’est présenté comme un organisateur de l’Umrah (ndlr : petit pèlerinage à La Mecque) sur les réseaux sociaux. Ce qui lui a donné une certaine visibilité. Plusieurs familles ont ainsi pris contact avec lui, allant jusqu’à faire des paiements dans l’espoir d’obtenir un bon service et de pouvoir accomplir l’Umrah en toute quiétude et sérénité. Mais le dénommé Nasseer Dobir a disparu dans la nature, après avoir arnaqué plusieurs familles. Le cas a d’ailleurs fait grand bruit sur les réseaux sociaux où des familles pénalisées n’ont pas hésité à faire part de leur mésaventure.

Ces victimes se retrouvent aujourd’hui désemparées, une d’entre elle se retrouvant même avec des dettes malgré elle après son voyage en Arabie saoudite. D’autres familles n’ont meme pas vu la couleur de leurs billets d’avion. Elles se sont toutes regroupées grâce aux réseaux sociaux et ne comptent pas baisser les bras tant qu’elles n’auront pas obtenu justice. Des dépositions ont déjà été consignées à la police. Elles attendent maintenant que le dénommé Nasseer Dobir soit arrêté. Mais elles ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Elles mettent également en garde contre la création de nouveaux groupes par les associés du représentant d’‘Al Muazza’, dont un certain Bilal, ainsi que la secrétaire Ruwaida Nunkoo, et enjoignent les autorités à agir, et surtout à réglementer l’organisation de l’Umrah pour prévenir de nouvelles victimes. Elles s’interrogent, dans la même foulée, sur le rôle de l’ambassade mauricienne en Arable saoudite.

Une rencontre avec certaines de ces victimes nous a permis de prendre connaissance de l’ampleur du problème. Les cas varient, mais les uns sont plus révoltants que les autres. Il s’avère d’abord que les pèlerins n’ont jamais été accompagnés par Nasseer Dobir, alors qu’il devait logiquement diriger les divers groupes vers l’Arabie saoudite. « Kan nou ine alle airport ki line dire nou ki li pas pe allé, mais ki pou ena lezot dimoune la-bas ki pou facilite nou », avouent les familles qui ont pu se rendre en Terre sainte, bon gré mal gré. Mais sur place, la communication avec Nasseer Dobir et ses prétendus facilitateurs a été très ardue, aggravant la complexité de la situation. L’hébergement posait aussi problème. Les pèlerins se sont retrouvés dans des hôtels de grade inférieur alors qu’ils ont mis le paquet pour obtenir des réservations dans des hôtels de leur choix. Outre l’insalubrité des hôtels en question, le nombre de chambres réservé ne correspondait pas au nombre de pèlerins, contraignant plusieurs personnes à s’entasser dans des chambres quad.

Pour corser l’addition, la plupart des ‘ziyarats’ n’ont pu être accomplis en dépit des paiements additionnels que des pèlerins ont effectué pour ce service en raison d’une mauvaise planification. Aucune application n’avait été faite pour que les visiteurs puissent aller au ‘Rawdah’ en dépit d’une promesse en ce sens. Les pèlerins ont eu droit à un visa touriste au lieu d’un visa Umrah. Ce qui sous-entend qu’ils doivent s’acquitter eux-mêmes de leurs frais médicaux en cas de maladie, comme cela a d’ailleurs été le cas pour un des pèlerins. Bref, la liste des problèmes auxquels ils ont dû faire face est longue. Mais ce qu’on retient surtout, c’est que le service a été exécrable et bien en-dessous des attentes, nous dit-on. « Line coquin nou ! », clament nos interlocuteurs d’une seule voix.

D’innombrables difficultés

A Makkah, quand nous ine arrive Jeddah qui faire nous conner qui nous pe alle Millenium pas ce qui nous ine choisir et payer. Bisin prend shuttle, puis marcher encore 2 kms et mo mama ena 80ans.La chambre ti sale et pas nettoyer, et en plus nou bizin marche ene longue distance pou alle Haram.A Madinah, nou pa ti ena lotel. Booking pa ti fer à Madinah. Noune bizin atane pendant des heures avant ki gagne ene lotel et c’était pa seki nou ti payé pou gagné. Lor la, le lendemain zot ine tire nou dans la chambre la parski ti ena lot réservation. Pa ti facile », déplore Mme. Shamtaully. Elle ajoute que le séjour n’a pas été de tout repos. « Nous avions fait des paiements additionnels pour pouvoir faire des ziyaarats. Mais au final, nous n’avons pu le faire », se désole-t-elle.

Même son de cloche du côté de la famille Najoo. « Nous avions opté pour rester à l’hôtel Hilton ou Swissotel qui ND ine dire nous. La proximité avec Haram et le confort étaient importants pour nous, surtout en raison de ma santé et du traitement que je  suis. Mon époux avait  d’ailleurs insisté là-dessus auprès de l’organisateur. Mais c’est finalement à l’hôtel Anjum que nous nous sommes retrouvés après des heures d’attente. Cet hôtel se trouvait à proximité d’un site de construction. Pas ti évident Anjum ti trouve lor ene la montée, » dit Mme. N. Najoo. Ellea été contrainte de parcourir cette montée à raison de cinq fois par jour pour se rendre à Haram. Un mal qu’elle a pris en patience, mais non sans heurt. Ce n’était guère différent à Madinah. « Ene représentant de Nasseer Dobir fine zoine nou la-bas nou et ine donne nou ene carte. Line dire nou passe par la porte derrière rentré », ajoute-t-elle. La chambre était sale, les lits non-faits et il y avait des restes de nourriture.  Sans compter les frais additionnels que sa famille a dû encourir pour le petit déjeuner, étant incapable de consommer ce qui leur était servi dans l’hôtel où ils étaient accommodés contre leur gré.

Un autre cas qui interpelle concerne celui d’une famille de 23 personnes. Bien qu’ayant effectué un paiement totalisant Rs 1, 2 millions, excluant les billets d’avion, les membres de cette famille se sont retrouvés sans visas à l’aéroport de Maurice alors qu’ils devaient prendre leur vol. « C’était une situation inédite. Afin de ne pas tout perdre, nous avons dû prendre le risque d’effectuer le voyage, en espérant pouvoir obtenir des visas pour touristes à notre arrivée en Arabie saoudite », confie Bhai Azim. « C’est à l’aéroport ki Nasseer Dobir fine dire nu ki nou pane gagne visas. Lerla mone demane li kuma nou pou fer pou paye visas touristes quand nou arrive Jeddah parski nou ti déjà fini paye pou visas dans package. C’est à ce moment qu’il m’a donné une carte pour faire le paiement, mais d’autres surprises nous attendaient », explique-t-il. En effet, au moment du 17ème paiement (ndlr : il fallait payer individuellement pour les 23 voyageurs), il n’y avait plus de crédit sur la carte. « J’ai dû payer de ma poche pour que les six autres personnes puissent obtenir de visas », confie-t-il.

Mais il n’était pas au bout de ses peines. En sus des innombrables difficultés auxquelles sa famille a dû faire face, Bhai Azim a également été contraint d’encourir bien d’autres frais par la suite. Et ce, en dépit de la somme de Rs 1, 2 million remise à Nasseer Dobir avant leur voyage. « À un moment donné, j’ai dû emprunter de l’argent pour pouvoir acquitter des frais additionnels parce qu’on m’a fait de nouveau payer pour des ziyaarats pour lesquels nous avions déjà payés. La mo encore ena pou rembourse sa dette la. Selon mes calculs, Nasseer Dobir me doit au moins Rs 600 000 », martèle-t-il.

Règlementation

Certaines de ces victimes affirment avoir pu rencontrer Nasseer Dobir après leur retour à Maurice. Mais ce dernier aurait rejeté toutes les accusations portées contre lui, en faisant porter le chapeau à un de ses assistants. Mais depuis, il est introuvable. Les victimes espèrent ainsi que la police procède à son arrestation le plus vite possible.

« Je déplore l’indifférence des autorités. Ni les représentants de Jummah Mosque, ni de l’ICC, ni du ministère des Arts et de la culture et encore moins de l’ambassade mauricienne en Arabie saoudite n’ont pris contact avec nous pour prendre connaissance du calvaire que nous avons vécu. Eski zot pa rekonet souffrance ki nou fine subir ? L’ambassade ki so rôle ? Eski c’est pas so devoir pou koné ki bane difficultés ki Mauriciens fine subir la-bàs et essaye aide nou pou facilite nou ? », se demande Mme N Najoo. Des questions qui, bien sûr, restent sans réponses pour l’heure. Mais ce qu’elle souhaite surtout, tout comme les autres victimes, c’est que des mesures soient prises pour règlementer l’Umrah afin que d’autres éventuels pèlerins ne soient pénalisés ou arnaqués.

Ils ont payé mais n’ont pu accomplir l’Umrah

Il y a eu pire. Plusieurs familles qui ont fait confiance à Nasseer Dobir n’ont même pas pu se rendre en Arabie saoudite en février, en dépit des paiements qu’elles avaient déjà effectués. « Ziska dernier l’heure noune reste atan mem. Nou pane gagne ni billets, ni visa. À ene moment donné, line aret prend nou l’appel », témoignent-elles. « Mo ti fini fer ene downpayment de Rs 100 000 pou mo mama et papa. Zot ti supposé allé le 14 février. Fini asté tou kitsoz. Mais après line coupe contact net. Pane retrouve li. Le 20 janvier line fer moi déranger line zoine li Pailles pou ene réunion mais quand mone arrivé, li pa ti la. Line roule nou. Noune perdi nou kas et mo parents pane ressi alle fer zot Umrah », confie une victime.

Cas similaire pour les Hossen qui devait également faire le déplacement de Maurice le 14 février. Quatre membres de cette famille avaient prévu d’accomplir le petit pèlerinage. Une partie du paiement avait déjà été faite. « Je lui ai dit que ma mère souffre de problèmes cardiaques et qu’elle devait se déplacer en chaise roulante. Il m’a rassuré que le nécessaire sera fait. Line mem dire moi si mo mama malade li pou amen li clinique lor so propre frais à 300 riyals », ajoute Mme. Hossen. Mais après le 17 janvier, elle n’a plus eu de contact avec l’organisateur. Ce dernier s’est volatilisé, après avoir non seulement dépouillé ces familles de leurs économies, mais aussi de leur rêve de pouvoir visiter le Kaabah.