[VIDÉO]Elle ramasse des ‘boutey plastic’ pour les revendre : Dalila, le courage personnifié

En marge de la Journée internationale de la Femme, qui sera observée le 8 mars, nous vous invitons à découvrir une femme différente à bien des égards des autres femmes. Cette mère persévérante travaille dur tous les jours pour pouvoir nourrir sa famille, sans tenir compte des critiques.

Il est indéniable que la femme mauricienne a connu une évolution sociale majeure durant ces dernières années. Toutefois, force est de constater que souvent, surtout sur le plan économique, elles sont plus vulnérables que les hommes. Beaucoup de femmes élèvent ainsi seules leurs enfants et peinent à pouvoir joindre les deux bouts.

Dalila Milazar, âgée de 53 ans, habite Roche-Bois. Elle est la mère de huit enfants, dont trois qui sont mariés et qui sont partis faire leur vie ailleurs. Les cinq autres vivent avec elle. Parmi, deux sont encore à l’école primaire, tandis que l’aînée va au collège. Elle les élève seule, sans aucun homme à ses côtés, son mari étant décédé. Elle est le seul gagne-pain de la famille et elle se casse les reins pour pouvoir joindre les deux bouts chaque jour.

Comment Dalila gagne-t-elle sa vie ? Depuis 20 ans, elle ramasse les bouteilles en plastique jetées ici et là pour aller les revendre dans les usines pour avoir un peu de sous. « Mo ramass bouteille gramatin pou mo kapav manzer tanto ek pou ki ban zenfant kapav gagne ene ti kass pou ale lekol », nous expliqueDalila. C’est un poids écrasant pour une femme qui a déjà atteint la cinquantaine. « C’est éreintant de travailler sous un soleil de plomb », nous avoue cette mère qui essaie de faire face à la vie. Chaque jour, Dalila brave les obstacles que l’existence met en travers de son chemin, pour pouvoir remplir l’estomac de ses enfants.

La plupart des femmes veulent évoluer dans la vie mais dans le cas de Dalila, elle ne peut pas laisser tomber le ramassage de bouteilles. Avant qu’elle ne devienne ‘ramasseuse de bouteilles’, elle travaillait dans une usine non loin de chez elle. Elle nous explique toutefois que lorsqu’on travaille au sein d’une entreprise, il faut attendre la fin du mois pour recevoir son salaire. Par contre, lorsqu’elle effectue le ramassage de bouteilles, elle a de l’argent en main après les avoir vendus. Ce qui la permet d’acheter de la nourriture pour ses enfants. Avec l’argent qu’elle gagne, Dalila ne garde pas un sou pour elle mais préfère le garder pour ses enfants.

Elle n’a aucune honte à dire aux gens ce qu’elle fait car c’est son gagne-pain, qui lui permet de pouvoir joindre les deux bouts. Elle ne se laisse nullement affecter par les qu’en-dira-t-on, et nous affirme que les médisances la rendent plus forte. « Mo pa pran ban kritik a cœur ek zot fer mwa vine pli fort pou mo avancer pli divan », faitressortir la quinquagénaire.

Les conditions dans lesquelles Dalila et ses enfants vivent en ce moment sont déplorables. Elle vit dans la maison de sa grand-mère, qui date d’une cinquantaine d’années. Dalila nous explique que la maison coule de partout lorsqu’il pleut. Plusieurs fois, ses enfants ont dû passer la nuit sur un matelas trempé. « C’est difficile pour une mère d’élever cinq enfants sous un toit qui n’est pas solide et qui menace de s’écrouler à n’importe quel moment », dit-elle. Dans l’immédiat, elle veut ainsi trouver un abri pour eux.

Dalila dit qu’elle a mis des enfants sur terre, et qu’a sa part de responsabilité pour les élever, même si c’est pénible pour elle quotidiennement. Elle se dévoue entièrement pour ses enfants, et essaie de leur préparer pour qu’ils puissent affronter les épreuves de la vie une fois qu’ils auront atteint l’âge adulte. Elle veut aussi qu’ils aient une bonne éducation. « Comme les autres parents, je veux offrir la meilleure éducation possible à mes enfants pour qu’ils puissent dépendre sur eux-mêmes et gagner leur vie », dit-elle.

Elle a frappé à plusieurs portes pour demander de l’aide, mais sans trop de succès. Elle avait aussi entamé des démarches pour avoir une maison mais là aussi elle a fait chou blanc. Dalila explique que la ‘National Empowerment Foundation’ (NEF) lui est venue en aide dernièrement, en offrant du matériel scolaire.

 « Mo la vie quotidien li pas facile mais mo bizin persévérer », conclut-elle avec lassitude.