Zubeir Woozeer, classé 4e dans la filière classique : « Que les jeunes défendent les valeurs de l’humanisme »

Cette semaine-ci, nous avons fait le portrait de Zubeir Woozeer, classé 4e  après les Lauréats. Dans l’euphorie de la proclamation des lauréats, les classés sont souvent relégués au second rang. Or, d’un point de vue académique, ils sont souvent du même niveau que les lauréats et ont fourni un effort comparable. Zubeir Woozeer explique aux jeunes l’importance de la filière classique, et plaide pour que « les jeunes défendent les valeurs de l’humanisme ».

« Pour être tout à fait honnête avec vous, je n’ai jamais vraiment attaché d’importance à devenir lauréat », nous dit Zubeir Woozeer d’emblée. Enfant unique, il vit avec ses parents à Beau-Bassin, où son père gère une boutique tandis que sa mère est une femme au foyer. Classé quatrième dans la filière classique, cet étudiant, qui va fêter ses 19 ans le 20 juin, fait quand même la fierté du collège John Kennedy privé de lauréats cette année.

S’attendait-il à devenir lauréat ? Il répond que tous ceux qui se sont inscrits pour les examens du HSC gardent quand même un petit espoir à entendre leur nom. Il était quelque part déçu quand son nom n’a pas été annoncé, croyant qu’il avait mal travaillé. Cependant être classé juste après les lauréats a été un choc pour lui. « Après deux années de dur labeur, il est merveilleux de pouvoir enfin respirer à nouveau. J’avais l’impression de retenir mon souffle depuis si longtemps. Je ne possède pas vraiment les mots exacts pour décrire ce que j’ai ressenti en voyant l’expression de joie et de bonheur sur le visage de mes parents. Ils étaient en effet sur un petit nuage en voyant mon nom sur la liste des élèves classés », exprime-t-il.

Les enseignants de Zubeir, qui croyaient beaucoup en lui, ont été absolument ravis lorsqu’ils ont appris la nouvelle. Le jeune homme ouvre ici une parenthèse pour exprimer sa reconnaissance envers ses enseignants, car sans eux, il n’aurait pu atteindre ce jalon. Il a aussi toujours bénéficié du soutien indéfectible de ses amis, qui ont toujours été à ses cotes et qui ont toujours cru en lui.

Zubeir nous décrit son parcours scolaire. Pendant les cinq premières années de ses études secondaires, le jeune homme n’a jamais vraiment pensé à concourir pour une bourse. Arrivé au niveau du School Certificate (SC), il ne s’attendait pas à grand’ chose pour ces examens, parce qu’il prenait part a des matières qu’il n’aimait pas vraiment dont la chimie, la physique, les mathématiques et la comptabilité.

Mais au cours de ces deux dernières années, c’est-à-dire en Lower et Upper six, les enseignants de Zubeir ont vu qu’il avait le potentiel pour devenir lauréat et ont commencé à l’encadrer. Le jeune s’est alors mis en tète d’essayer de concourir pour une bourse.

« Les sciences et les mathématiques n’étaient pas vraiment ma tasse de thé. Au même moment, j’ai eu un engouement pour les langues et des sujets qui avaient un contenu plus textuel. Je me suis donc orienté vers la littérature anglaise, la littérature française et la sociologie, car je trouvais que j’avais une affinité pour ces sujets, qui m’aidaient à voir le monde à travers différentes optiques. »

Pour le niveau subsidiaire, il avait opté pour les mathématiques, mais finalement il devait faire une croix dessus, vers la fin de Lower VI, car cela ne correspondait pas à ses aspirations. Il a par la suite choisi les études islamiques en tant que matière subsidiaire.

« Pour le HSC, c’était une histoire totalement différente. J’étais enfin à l’aise, avec des sujets que j’aimais déjà et la préparation pour les examens, de longue haleine, s’est merveilleusement bien déroulée. Mais comme je ne manque jamais de m’amoindrir ou d’amoindrir mes réalisations, je sentais toujours comme s’il manquait quelque chose et que je n’avais pas suffisamment étudié la veille d’un examen. Je passais donc des nuits blanches en révisant jusqu’aux petites heures du matin. » Des efforts qui ont finalement porté leurs fruits…

Et sur le plan moral ? « J’ai dû trouver un équilibre entre la révision et la détente, car à un moment donné, cela commençait vraiment à perturber votre santé, à la fois physique et mentale », explique Zubeir. Et avec les leçons particulières sur le marché, ce n’était pas évident.

Il compte se tourner vers la géopolitique et les relations internationales

« Au cours de ces deux dernières années, j’ai rencontré beaucoup de gens qui ont essayé de prétendre que le côté ‘Arts’ est ‘trop facile’, ou que nous ne sommes pas aussi intelligents que les élèves des autres filières. Je ne suis pas d’accord. La filière dite ‘classique’ est l’un des domaines les plus complexes. Pour la plupart des questions posées, il n’y a pas de réponse spécifique ou de formule spécifique pour obtenir la bonne réponse. Tout cela est très subjectif, et c’est ce qui rend ces sujets complexes. »

Le jeune Zubeir a l’ambition d’étudier les relations internationales au niveau tertiaire car il est profondément passionné par la géopolitique et les affaires internationales. Il a envoyé sa demande d’inscription à plusieurs universités au Royaume-Uni, au Canada et en France et il attend un peu avant de prendre une décision. « J’ai choisi ces pays car l’essentiel de ce que je vais étudier est d’aspect international. Je dois être au centre, au cœur de tout cela et je ne pense pas que Maurice est un pays approprié pour pouvoir apprendre cette matière convenablement. »

La raison pour laquelle il a choisi de poursuivre ses études dans ce domaine est parce qu’il veut apporter un changement. « Je veux aider les gens. Je veux contribuer à l’activisme. Je veux pouvoir représenter l’Humanité là où l’humanité est la plus absente. »

Pour finir, Zubeir a tenu à remercier son Créateur car rien de tout cela n’aurait été possible sans Lui.  Il dédie son succès au collège John Kennedy.

Hors-texte

« Que les jeunes ne se laissent pas influencer indument »

Zubeir Woozeer tient à lancer un message aux jeunes : « Il faut toujours croire en soi et dans les choix que vous faites. Ne laissez pas les opinions des autres influer vos décisions, votre cheminement et surtout vous-même. N’abandonnez jamais, cela portera ses fruits au final. »

« J’ai également appris que l’empathie est la vertu la plus précieuse que tout être humain puisse posséder. C’est une valeur que les jeunes doivent avoir, et qu’ils doivent promouvoir. », affirme-t-il.

Neevedita Nundowah

ÉDITION:23.02.2020/423