Acquisition d’un milliard de roupies d’équipements pour la Santé : Le budget de la STC plombé

  • L’organisme contraint de chercher Rs 500 M additionnelles en toute urgence auprès des Finances suite à ces achats

 

La décision du gouvernement de passer par la ‘State Trading Corporation’ (STC) pour l’acquisition de certains équipements médicaux a, semble-t-il, été une manne pour le directeur de cet organisme. Alors que cette entité s’est retrouvée, à un moment donné, dans une impasse financière pour honorer cet engagement au vu de ses propres obligations et responsabilités, il est de plus en plus évident que Jonathan Ramasamy a quand même su en tirer profit pour se remplir les poches…

Nous avons en notre possession des copies exclusives de certains courriels échangés entre des cadres du ministère des Finances et ceux du Commerce en avril dernier. C’est à la lumière de ces courriels qu’on arrive à comprendre les dessous de ces acquisitions faites par la STC pour le ministère de la Santé. Il s’avère ainsi que c’est sous les instructions de la ‘High Level Task Force on Covid-19’, présidée par le Premier ministre, que la STC a été sommée de faire ces achats qui ont coûté plus d’un milliard de roupies. Ce qui a même poussé la STC à chercher des fonds additionnels, soit un demi milliard de roupies, auprès du ministère des Finances pour d’autres acquisitions au cas où le besoin se ferait sentir.

En effet, une correspondance en date du 17 avril 2020, un directeur au ministère des  Finances fait ressortir que « in a nutshell, the STC is informing the M/Health and MoFEPD that it can no longer continue to procure medical equipment from its own funds. More than Rs 1 billion worth of medical equipemnt has been procured up to now by STC for M/ Health through emergency procurement. STC has other commitments like payment of petroleum products consignments (note : revenues from local oil companies are slow since usage of mogas and gasoil in the country are dropping) ». L’expéditeur de ce mail exige d’ailleurs que le courriel soit traité en urgence pour arriver à un consensus.

Dans la même foulée, un autre courriel émanant du ministère du Commerce fait état d’une conversation entre le ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden, et son collègue aux Finances, Renganaden Padayachy, à ce même sujet. Le courriel soutient que « up to now, the STC, on the instructions of the High Level Task Force on COVID-19 chaired by the Prime Minister has already procured for more than Rs 1 bn medicines and medical equipment. In view of the international commitments of STC and the fact that some of its reserves are invested in long term securities, it would be appreciated if a transfer of Rs 500 M could be made to STC for further procurement if same arises ». Un troisième courriel, daté du 20 avril, se base sur la précédente requête faite par le ministère du Commerce, pour réitérer l’urgence de la situation, et réclamer une prompte intervention du ministère des Finances. Une requête à laquelle ce dernier semble avoir accepté au vu de la note écrite à la main qui y figure, mentionnant que « there is no objection…»

Son DG trouve, lui, les moyens d’en tirer des bénéfices

Selon ces courriels, il ressort clairement que la STC a été contrainte de faire ces acquisitions, mettant ses propres finances en péril. Or, au lieu que le General Manager de cet organisme ne prenne pleine mesure de son budget plombé par les dépenses imprévues pour le compte du ministère de la Santé, Jonathan Ramasamy semble avoir été plus préoccupé à trouver des combines pour en profiter. Tandis que tout le monde s’interrogeait sur la compagnie Bo Digital Co Ltd, qui a bénéficié de six contrats d’une valeur de Rs 309 millions pour la fourniture des équipements médicaux, le voile s’est finalement levé en fin de semaine sur les liens incestueux entre cette société spécialisée dans la publicité et le directeur de la STC.

Il ressort que Jonathan Ramasamy se serait réfugié derrière des sociétés écrans appartenant à ses proches, dont son beau-frère Appanah Vinay, pour obtenir le jackpot. Car au final, c’est la STC, qu’il dirige, qui a payé pour les équipements fournis par Bo Digital Co Ltd dont les connexions remontent à lui-même. Outre Bo Digital Co Ltd, une autre société dirigée par Appanah Vinay, AV Techno-World Co Ltd a également obtenu deux contrats totalisant Rs 77 millions pour la fourniture de masques et de test kits. Il s’agit d’un cas flagrant de conflit d’intérêts que personne au gouvernement, encore moins le Premier ministre, n’ait taclé jusqu’ici. Une enquête aurait pu pourtant démasquer les coupables dans cette affaire qui implique des centaines de millions de roupies aux dépens des contribuables.