C’est une affaire qui continue de polariser l’attention. Après avoir juré un affidavit explosif la semaine dernière, Vishal Shibchurn est venu de l’avant, cette semaine, avec une version amendée pour corriger des erreurs de frappe contenues dans la version initiale. Dans ce document de 12 pages, déjà envoyées au Premier ministre, au Commissaire de police et au Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Vishal Shibchurn réclame que des actions soient prises pour relancer l’enquête sur la mort de l’ex-activiste du MSM, Soopramanien Kistnen. Il y allègue, rappelons-le, que ce meurtre avait été supervisé par Manan Fakoo. Il estime d’ailleurs que l’assassinat de ce dernier serait motivé par des raisons politiques.
Ce qui soulève une autre question. Le meurtre de Manan Fakoo est-il lié au meurtre de Kistnen ? Jusqu’ici, la police considère avoir élucidé le meurtre de Fakoo avec l’arrestation de plusieurs habitants de Vallée-Pitot environ un mois après le meurtre. Selon les enquêteurs, son assassinat serait lié à l’internaute Fardeen Okeeb, qui avait été sauvagement tabassé par la bande de Manan Fakoo à Morcellement Raffray, dans le nord du pays. Mais à la lumière des nouveaux éléments contenus dans l’affidavit de Vishal Shibchurn, la question qui se pose désormais : l’affaire Okeeb était-elle le réel motif de ce meurtre ?
Dans la nuit du 20 janvier 2021, Manan Fakoo avait été grièvement blessé à la suite de trois coups de feu à la rue Swami Dayanand à Beau-Bassin. Les éléments préliminaires révèlent qu’une moto, avec à son bord deux individus, était passée à hauteur de la voiture de la victime. Le passager a alors ouvert le feu sur Manan Fakoo. Blessé, ce dernier avait, dans un premier temps, sollicité l’aide d’un ami, avant de se rendre au poste de police de Beau-Bassin. Mais des policiers sur place lui ont expliqué qu’aucun véhicule n’était disponible.
Malgré ses blessures, Manan Fakoo avait donc été contraint de se rendre seul à l’hôpital Victoria pour des soins. Environ un mois plus tard, la MCIT avait mis la main sur au moins quatre individus, tous des habitants de Vallée-Pitot, Vallée-des-Prêtres et Camp Yoloff. Ceux qui étaient passés aux aveux avaient présenté l’affaire Okeeb comme le motif principal de cette affaire. Est-ce le cas ? C’est ce qu’on se demande aujourd’hui. « Il faut certainement que cette enquête soit rouverte, car des zones d’ombres persistent toujours », explique un ancien enquêteur. Ce dernier dit ne pas être convaincu que l’agression de Fardeen Okeeb soit le réel motif de ce meurtre. « Qui est ce Fardeen Okeeb ? Pourquoi un groupe d’individus irait jusqu’à tuer Manan Fakoo car il avait agressé Okeeb ? », s’interroge cet ancien enquêteur.
Deux des suspects dans le meurtre de Manan Fakoo sont déjà poursuivis aux assises. Ils attendent leur prochaine comparution dans les semaines à venir pour faire savoir s’ils comptent plaider coupable ou non-coupable dans cette affaire. Quant aux autres, ils sont en attente d’une décision du DPP pour connaître la suite dans l’affaire.
La mystérieuse déclaration d’un haut gradé le jour de la fusillade
Un surintendant de police, qui se trouvait à l’hôpital Victoria le jour de la fusillade à Beau-Bassin, avait fait une déclaration à la presse ce jour-là. Il avait affirmé que l’état de santé de Manan Fakoo était jugé stable et qu’il n’était pas en danger de mort. Et ce qui avait encore choqué, ce surintendant de police, qui occupe actuellement le poste d’Assistant Commissaire de Police (ACP), avait affirmé que ce type d’incident est courant et arrive quotidiennement à Maurice. Sauf que deux jours plus tard, Manan Fakoo a rendu l’âme. Nul n’arrive à expliquer comment l’état de santé de Manan Fakoo s’est détérioré en deux jours…