Alors qu’il réclame justice…. : La ‘Police Officer Protection Act’ ne lui permet pas de poursuivre la police

En avril 2015, Chandar Boojhawon, âgé de 52 ans , retournait chez lui  à moto après une journée de travail dans son verger dans le Nord du pays. Cet habitant de Vallée-Pitot avait voulu prendre un raccourci à travers un terrain en friche. Ce faisant, il devait apercevoir un véhicule de police qui y était garé.

Deux policiers devaient l’accoster. Ils ont reclamé une explication à Chandar Boojhawon quant à sa présence à cet endroit. À un moment donné, un de ces policiers devait même gifler le quinquagénaire. Selon lui, les policiers auraient tenté de « voler » sa moto.

Chandar Boojhawon affirme que les agissements des policiers sur ce terrain en friche paraissaient suspects. « Ils avaient l’air louche », selon ses dires. Il soupçonne ces membres des forces de l’ordre d’être impliqués dans des activités illicites, et qu’il les avait dérangés, ce qui expliquerait pourquoi ces policiers ont voulu le brutaliser. Il explique qu’il a passé un sale quart d’heure entre les mains de ces policiers, qui l’ont menacé et bousculé, avant qu’ils ne l’embarquent pour le poste de police de Terre-Rouge.

Là-bas, deux accusations provisoires, notamment « Possession of offensive weapon » et « Driving under the influence of alcohol » devaient être retenues contre lui par les deux policiers.

Chandar Bhoojhawon avait effectivement un sabre en sa possession, mais avait expliqué aux enquêteurs qu’il utilisait ce sabre pour débroussailler son verger, et non pas pour agresser quelqu’un. Il devait aussi refuser de se soumettre a un alcooltest, car il savait qu’il n’était nullement sous l’influence de l’alcool.

Le procès de Chandar Bhoojhawon devait prendre 5 ans devant la cour de district de Pamplemousses. En juillet de cette année-ci, notre homme a été acquitté. Mais il n’avait aucune raison de sabrer le champagne…

Car le quinquagénaire réclame justice pour tout le préjudice qu’il a subi. Il décide de réclamer des dommages à la force policière, mais il y a un hic. En effet, la ‘Police Officer Protection Act’ lui interdit d’entrer une action en justice, car selon cette loi, toute poursuite contre la police est proscrite si une affaire date de plus de deux ans.

Là où le bât blesse : Chandar Bhoojhawon n’a pu entrer son procès au civil plus tôt car il devait obligatoirement attendre le verdict de la cour dans le procès au pénal logé contre lui.

Hors-Texte

« Une justice de deux poids, deux mesures »

Me Erickson Mooneapillay, l’avocat de Chandar Boojhawon, dénonce lui aussi le déni de justice envers son client.

Il dit qu’il y a « une justice de deux poids, deux mesures » en ce qui concerne le citoyen lambda et la police. Ainsi, la police peut poursuivre quelqu’un sans aucune restriction tandis qu’un simple citoyen a un délai de deux ans à partir de la date d’un incident pour loger sa plainte.

Il réclame l’abrogation ou l’amendement du Police Officer Protection Act : « Pendant la période de la covid-19, plusieurs lois ont été amendées à l’Assemblée nationale. Pourquoi pas la ‘Police Officer Protection Act’ ? »