Après l’arrestation du bijoutier et du restaurateur : Une inculpation contre le conseiller Zouberr Joomaye pas à écarter

Achat d’équipements médicaux 

  • Le dossier Hyperpharm pas encore dépoussiéré par les enquêteurs

Masques, respirateurs et combinaisons de protection avaient été commandés en toute urgence durant la période de la Covid-19. Cette affaire a dominé l’actualité cette semaine avec l’arrestation de Hari Kistna Jaganada Reddi et de Bissoon Mungroo. L’enquête initiée par l’ICAC suite aux révélations de l’Opposition sur le méga-scandale concernant l’achat de médicaments et d’équipements médicaux durant le confinement a en effet pris une tournure plus ou moins surprenante cette semaine. L’ICAC s’arrêtera-t-elle à l’arrestation de ces seconds couteaux ou ira-t-elle jusqu’au bout de son enquête ? Cette question intéresse tout le monde alors que du côté du Réduit Triangle, on insiste que d’autres arrestations sont à prévoir, dont celle d’une grosse pointure, figure incontournable durant le confinement…

 

« Kot mone foté dans sa zaffaire la ? Seki ine foté ki bizin assume so responsabilité. Si sa dimoune kine faire l’enquête la ine envi faire so guru plaizir, korek. Mo ena confiance lors judiciaire ». C’est la déclaration faite par l’homme d’affaire Bissoon Mungroo après sa libération sous caution au tribunal de Port-Louis, jeudi. Le propriétaire des compagnies Gitanjali et Bissoon and Sons Company Limited, avaient décroché deux contrats de Rs 5 millions chacun pour la fourniture de masques de protection au ministère de la Santé. Ce proche de sir Anerood Jugnauth avait été convoqué le même jour à l’ICAC pour son interrogatoire « Under Warning ». Il n’a pas fallu longtemps aux enquêteurs avant qu’il ne soit placé en état d’arrestation.

Bissoon Mungroo, qui est l’organisateur attitré des anniversaires de SAJ, répond d’une charge provisoire de blanchiment d’argent. Il détiendrait, selon les informations disponibles, de Rs 4 900 000 sur son compte bancaire. Cet argent est ainsi soupçonné de provenir d’un délit. Lequel ? On n’en sait pas plus. D’ailleurs, cette charge provisoire a créé des vagues. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la pertinence de cette charge provisoire. N’aurait-il pas dû être plutôt inculpé pour corruption ? Cette arrestation n’est-elle qu’un trompe-œil, comme le martèle Navin Ramgoolam ? Il faudra attendre la suite des événements pour le savoir.

Infraction des ‘regulations

Hari Kistna Jaganada Reddi se retrouve également dans de beaux draps. Il convient de souligner que la « Price and Supplies Control Act » ainsi que les « Consumer Protection Regulations » avaient été amendés en pleine crise de la Covid-19 afin que le gouvernement puisse exercer un contrôle sur le prix des produits médicaux, tels que les masques, le gel hydrologique et les respirateurs. Les importateurs étaient appelés, selon les règlements concernant le ‘Price Mark Up’, à soumettre obligatoirement les documents concernant le coût de leurs produits. Selon ces nouvelles régulations, ils n’étaient pas autorisés à faire des profits au-delà de 15 %. Or, ce règlement n’a pas été respecté par la compagnie ‘Red Jewels’. Or, Hari Kistna Jaganada Reddi aurait enfreint ces règlements. Raison pour laquelle il a également été arrêté pour blanchiment d’argent dans le sillage de cette affaire.

Rappelons que la compagnie ‘Red Jewels’ ne figurait pas sur la liste officielle des fournisseurs d’équipements médicaux déposée par le ministre Kailesh Jagutpal au Parlement. Pourquoi le ministre l’avait-il caché au Parlement et à la population ? Aucun élément de réponse. C’est Sunday Times, dans son édition du 12 juillet 2020, qui l’avait révélé en publiant la lettre que le directeur de ‘Red Jewels’ avait adressée au ‘Senior Chief Executive’ (SCE) de la Santé le 19 mars 2020. Sa demande pour que sa compagnie soit enregistrée comme fournisseur d’équipements médicaux devait d’ailleurs être acceptée le même jour.  Deux notes datées du 19 mars 2020, portant deux signatures différentes et inscrites à la main sur le document mentionnent respectivement « to supply 100 000 masks » et « please go ahead with purchase of 100 000 masks make KN95 under Emergency Procurement ».

Zouberr Joomaye visé

En attendant que Deepak Bonomally, directeur de la compagnie Bo Digital, soit arrêté par les enquêteurs à sa sortie de clinique, d’autres interpellations ne sont pas à écarter. Parmi, celle d’une grosse pointure du Bureau du Premier ministre, plus précisément le Dr Zouberr Joomaye. Ses négociations approuvées et abouties en l’espace de quelques heures dans l’affaire ‘Pack & Blister’ intriguent. Certains de ces équipements ne répondaient pas aux normes ou étaient carrément défectueux. Le conseiller bénévole du Premier ministre, qui a joué un rôle prépondérant durant le confinement, est ainsi le prochain sur la ‘hitlist’ de l’ICAC. Une inculpation n’est pas à écarter, explique certaines sources. Sauf que personne n’y croit vraiment…

Le dossier Hyperpharm pas encore dépoussiéré

Le dossier Hyperpharm constitue en lui-même un scandale au cœur du méga-scandale d’achats d’équipements médicaux et de médicaments durant le confinement. Hyperpharm Ltd avait fait l’actualité suivant une PNQ d’Arvin Boolell. Entre le 20 mai et le 20 juin, cette compagnie dirigée par Ashvin Bundhun, un activiste du MSM dans la circonscription de Pravind Jugnauth, a obtenu des contrats de l’ordre de Rs 93 millions pour la fourniture de médicaments, dont certains de ‘sub-standard’, au ministère de la Santé, à travers l’« Emergency Procurement ».

Or, jusqu’ici les enquêteurs de la commission anti-corruption ne semblent pas avoir dépoussiéré ce dossier. Pourtant, ce dossier est considéré comme le plus gros morceau. Qu’attendent les enquêteurs pour s’y atteler ? Une source nous avance qu’ils s’y mettront dans quelques semaines. Ils se contentent, pour l’heure, d’interpeller des directeurs des compagnies ayant décroché des contrats. Des officiers du ministère de la Santé seront également convoqués cette semaine, probablement à partir de ce mercredi.

La façon dont l’ICAC procède laisse toutefois subsister des doutes, d’autant que son indépendance est pointée du doigt. Les grosses têtes tomberont-elles également ou cette enquête n’est-elle qu’une parade pour jeter de la poudre aux yeux de la population ? Attendons voir…